Chapitre 4

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« - Ton portable est chargé à fond ?

- Oui.

- T'as pensé à ton couteau ?

- Oui.

- Et ton flingue ?

- Il va me servir à rien, ils vont me fouiller !

- Peut-être pas, Crow.

- Je te dis que si !

- Mets au moins ça.

- Bon sang, Toru, je ne pars pas faire le Vietnam !

- On sait jamais ! »


Je secouai la tête, exaspérée, tout en repoussant le gilet pare-balle qu'il essayait de me faire enfiler. Ça faisait dix bonnes minutes qu'il passait en revue tout son attirail et le mien, faisant l'aller-retour entre le salon et la chambre, où il gardait la plupart de ses armes. Voyant que je ne cèderais pas pour le gilet, il le laissa tomber piteusement sur le dossier du canapé en réprimant un soupir de frustration et il allait repartir vers la chambre quand je lançai :


« Je te jure que si tu vas chercher une nouvelle arme dans ce foutu placard, je t'assomme et je pars sans toi ! »


Il se stoppa net et, pivotant sur lui-même, me lança un regard noir. Je soutins son regard, bien décidée à ne pas céder.


« - Faudrait déjà que tu puisses atteindre ma tête... Se moqua-t-il, toujours renfrogné.

- Si tu veux, je peux atteindre autre chose de plus bas, mais tu risques de ne pas apprécier. Le menaçai-je.

- Tss, tu n'oserais pas lui faire de mal. Lâcha-t-il, un sourire narquois remplaçant son air boudeur. Tu l'aimes trop pour ça ! » Continua-t-il, son sourire s'agrandissant.


Levant les yeux au ciel, je ne pris même pas la peine de répondre. Au moins ne faisait-il plus la tête... Me tournant vers la pendule du salon, je regardai l'heure. 21h30. Il était temps qu'on parte. Une pointe d'appréhension apparut dans mon ventre, mais je n'y prêtais pas attention. Il fallait que je garde la tête froide. Rien n'allait m'arriver. J'allais juste discuter avec ce gars et ensuite, je reviendrais à ma petite vie tranquille. Enfin, si on pouvait qualifier de « tranquille » la vie que je menais avec la tornade blonde qui était en train de vérifier les différents chargeurs de ses armes. Je le regardai placer méthodiquement son arme de poing dans son holster d'épaule et son Uzi en bandoulière dans son dos. Il cacha ensuite le tout sous une veste militaire noire.


« - Bon, il est temps d'y aller... Soupirai-je en attrapant ma veste en cuir.

- Ouais. Juste une dernière petite chose... Murmura-t-il en s'accroupissant et en rangeant un petit objet sphérique sorti de nulle part dans son sac.

- Toru... L'interpellai-je en le fixant d'un air blasé.

- Quoi ? Demanda-t-il en relevant la tête, un air innocent peint sur le visage.

- Pas de grenade. Ordonnai-je d'une voix ferme.

- Mais Crow-

- J'ai dit : « Pas de grenade » ! » Répétai-je en haussant la voix.


Il fronça les sourcils et, soufflant bruyamment, retira la grenade de son sac. Il alla la poser sur la table de la cuisine et, récupérant son sac, marmonna un « De toute façon, je peux rien faire dans cette baraque... » rageur. Il passa devant moi tandis que j'enfilai ma veste en secouant la tête et il alla ouvrir la porte. Vérifiant une dernière fois que je n'avais rien oublié, je lui emboîtai le pas et sortis de l'appartement en éteignant la lumière derrière moi. Nous descendîmes les escaliers en silence, et nous nous rendîmes au garage de notre résidence. Toru se dirigea vers une copie conforme de son ancienne moto jaune et noire restée à San Francisco et il ouvrit la selle. Ayant retiré nos deux casques, il y rangea son sac et enfourcha la moto. Il me tendit mon casque et, l'attachant, je montai derrière lui. Je m'accrochai à sa taille et je vis dans le rétroviseur qu'il souriait.

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