Chapitre 11

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Un mois entier passa sans le moindre grabuge et je réussis à me convaincre petit à petit que l'autre salopard nous avait oubliés pour de bon. Les jours s'égrenaient paisiblement sous le soleil de moins en moins froid de Kobe et nous connûmes, pour une fois dans notre vie, une situation à peu près stable. J'allais parfois voir Hiroki et nous rattrapâmes un peu du temps que nous avions perdu. J'en appris beaucoup plus sur lui et il finit par connaître à peu près toute mon histoire. Notre relation était de plus en plus cordiale, ressemblant presque à celle que pouvaient avoir de vrais frères et sœurs ayant grandis ensemble. Il m'avait même dégotée un job de barman dans un de ses bars plus « soft », loin de son sulfureux club de striptease, et je gagnais désormais ma croûte comme une citoyenne banale. Quant à Toru, il s'était vu attribuer le rôle de videur dans ledit bar, rôle qu'il endossa sans vraiment rechigner. Il passait ses quarts du soir à fumer dehors, à dégager les mecs trop bourrés ou qui cherchaient des embrouilles, et à discuter tranquillement au bar avec moi. Nous avions donc atteint un équilibre parfaitement acceptable entre animation au boulot et repos à la maison. Nous étions même devenus amis avec Makise et Chuta, qui s'avéraient être de bons gars. Ils me rappelaient un peu Tomoya et Ryota, et les entendre se prendre la tête amicalement me réchauffait le cœur. Tout était bien dans le meilleur des mondes, donc, si on omettait le côté « yakuza ». Du moins, c'était ce que je pensais, sans me douter de tout ce qui se tramait dans notre dos.

Mais pour l'instant, j'étais allongée dans notre lit en ce début de dimanche après-midi. Je venais de me réveiller et, jetant un coup d'œil au réveil, je vis qu'il était quatorze heures tapantes. Si tôt ?... Soupirant, je reposai ma tête sur l'oreiller. Nous nous étions couchés à six heures du matin, la soirée au bar ayant été assez animée. Huit heures de sommeil, c'était pas assez pour moi... Fermant les yeux, je les rouvris aussitôt et les plissai, gênée par la lumière pourtant tamisée provenant de la fenêtre. Je n'arriverai pas à me rendormir, c'était sûr. Grognant de frustration, je me tournai sur le côté, rabattant la couverture sur ma tête. Je déclenchai par la même occasion une faible protestation provenant du blond dormant à mes côtés, qui se tourna également vers moi. Il posa son bras sur ma taille et m'attira à lui, collant son corps nu contre le mien, tout aussi dévêtu. J'attrapai sa main et enroulai mes doigts autour des siens, mêlant également mes jambes avec les siennes. Il me serra encore plus contre lui, nichant sa tête dans mon cou, et je sentis ses cheveux chatouiller ma joue. Puis il lâcha d'une voix encore endormie :


« - Arrête de piquer toute la couette, saloperie.

- Bonjour à toi aussi, chéri. Le saluai-je avec un sourire, collant ma joue contre sa tête.

- Et je suppose que tu ne vas pas te rendormir. Dit-il contre mon cou, et je frissonnai en sentant le contact de ses lèvres contre ma peau.

- Tu supposes bien. » Rigolai-je en l'entendant grogner de mécontentement.


Il ne répondit rien, se contentant de me tenir contre lui. Je me calai sur sa respiration, et appréciai la chaleur de sa peau contre la mienne. Nous restâmes ainsi quelques minutes sans rien dire, savourant chacun le contact de l'autre. Le pensant rendormi, mes pensées commencèrent à dériver sur d'autres sujets, beaucoup moins agréables que ce réveil. Je ne pouvais m'empêcher de m'inquiéter du silence radio de Si Hoo, et j'avais beau me rassurer en me disant qu'il n'avait pas pu obtenir les informations qu'il désirait, mon ventre se tordait d'appréhension en pensant qu'il préparait peut-être quelque chose. Je me mis à me mordiller la lèvre inférieure en fixant un rai de lumière qui s'immisçait sous les stores. Il avait dit que je lui serai d'une aide précieuse si je m'avérais être une Hanagami. Qu'est-ce qu'il voulait dire par là ? Il comptait s'en prendre à Hiroki, c'était certain, mais de quelle manière ? En s'en prenant à moi en premier ? Toutes ces questions tournaient dans ma tête sans interruption et ça me rendait dingue de ne pas savoir à quoi m'attendre.

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