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Je m'asperge le visage d'eau les mains tremblantes. Me conduire comme un con envers mes amis ne calmera pas ma douleur. J'ouvre la petite armoire à pharmacie à la recherche d'un médicament contre les maux de tête. Ce que je trouve me laisse perplexe.

Ce flacon de comprimés je n'en ai pas vu depuis des années. Depuis l'année de mes 16 ans où le médecin a dit qu'il était temps que j'arrête d'en prendre. J'ai continué en cachette pendant encore quelques semaines puis j'ai difficilement stoppé. Je tourne la boîte entre mes doigts et remarque que ça appartenait à ma mère. Depuis quand prenait-elle des anti dépresseur ?

Visiblement elle souffrait bien plus que ce qu'elle voulait montrer. Mes parents n'ont jamais fait voir leurs réelles émotions. Ils faisaient semblant pour moi. Tout ça c'est ma faute... La faute d'un gamin stupide de 12 ans !

J'inspire et expire très fort. Prendre ces médocs, tout d'un coup, serait une bonne solution à mes problèmes. Je pourrais tout oublier, ne plus blesser personne et rejoindre ma famille six pieds sous terre. J'ouvre le flacon et hésite. J'ai vraiment besoin d'en finir avec toute cette merde. Jamais l'envie de mourir n'a été aussi forte qu'en cet instant.

-Qu'est-ce que tu fais ? C'est quoi ça ?

Lucy entre dans la pièce et m'arrache des mains le tube de pilules. Elle me fusille du regard et jette tout dans les toilettes en tirant la chasse.

-Pourquoi t'as fait un truc pareil ? M'exclamé-je.

-Pour t'éviter une connerie monumentale mon cher Jimmy !

-J'allais pas me suicider ! Je tente de dire pour me défendre.

-Qui t'as dit que je pensais à ça ? Mais peut-être que c'était sans doute ton idée de base...

-Écoute je...

-Laisse tomber ok ? Même en étant le pire des abrutis avec nous on ne te laissera pas ici tout seul, me prévient-elle.

Je soupire et lui demande de sortir pour que je puisse prendre une douche.

-À moins que tu ne veuilles surveiller ça aussi !

-Ce ne serait sans doute pas une mauvaise idée ! Dit-elle. Tu comptes te pendre avec le rideau de douche ?

Si je n'étais pas aussi mal j'aurais éclaté de rire. Elle fouille à son tour dans les médicaments et enlève toutes les boîtes. Elle s'apprête à sortir quand elle remarque sur quoi mon regard est arrêté.

-N'y pense même pas !

Elle se saisit des larmes de rasoir et sort en claquant la porte. Oui, quand j'ai tenté de mettre fin à ma vie j'avais 14 ans et j'ai utilisé les lames de rasoir de mon père... Elle le sait. Je n'aurais jamais dû lui confier autant de trucs sur moi. Je ne peux même pas prévoir ma mort sans l'avoir sur le dos cette enquiquineuse !

Après avoir réfléchi sous l'eau chaude je décide de redescendre à la cuisine. Robb et Lucy sont devant l'ordinateur de celui-ci en train de parler par webcam avec leur fils et sa grand-mère. Je me pose derrière eux et fais un petit signe de la main à Jamie. Il se met à sourire, la tête penchée sur le côté, puis fait un petit mouvement de la main en baragouinant je ne sais quoi. Ce gosse est vraiment trop mignon.

-Tu vois, dit Robb une fois la conversation finie, même s'il n'est pas avec nous notre fils va bien !

-Désolé.

C'est le seul mot qui sort de ma bouche et il n'aura rien d'autre de ma part pour le moment. Nous sommes tous ici assis autour de cette table comme nous l'avons fait tant de fois dans le passé. Malheureusement l'ambiance n'est pas la même. À l'époque c'était des fêtes, des vacances, des journées entières à la plage, des soirées qu'on finissait avec des filles et des garçons aussi, bref c'était la vie !

Aujourd'hui il n'y a plus rien de tout ça. De toute façon on est tous trop vieux pour ce genre de connerie. Mais ça me ferait du bien de repenser  à tout ce qu'on a vécu ensemble, de revivre juste le temps d'un instant cette insouciance. Tous ces délires, ces moments de complicité et de joie avec mes amis me manquent. Ils sont tout ce qu'il me reste, je ne peux pas les laisser.

Quand on sonne à la porte je soupire d'agacement.

-J'y vais ! Dit Harry en levant la main.

-Mec, je te préviens si c'est encore ta mère avec un truc à bouffer je te l'éclate dans le front ! Je grogne.

-J'y suis pour rien moi ! Se défend le brun.

-Fais donc ça Jim' surtout si c'est du chocolat. Je nettoyais Harry après, rétorque Alex.

-Oh Alex sérieux ! S'exclame Liam.

Et pour la première fois depuis une semaine j'éclate sincèrement de rire. Parce qu'ils ont ce pouvoir sur moi. Celui, à leur façon, de me rendre heureux l'espace de quelques minutes, de me faire oublier le noir dans lequel je menace de m'enfoncer à tout moment.

Harry est bien long à revenir. Qui vient nous faire chier ici ?

-Tu attendais une visite ? S'enquiert Robb.

-Nan, vous êtes tous déjà là. À part vous, je n'ai personne.

J'ai l'espoir fou ce que soit Andy mais que viendrait-il faire ici ? Il est parti hier avant que je n'ai pu réagir.

-Jimmy il y a quelqu'un qui voudrait te voir, annonce Harry en passant la tête dans la pièce.

-Je ne veux voir personne ! Déjà vous c'est pas mal non ?

Lucy, curieuse comme tout, se penche pour apercevoir le visiteur de sa place. Elle écarquille les yeux mais se reprend très vite.

-Quoi ? C'est qui ? Je demande perdant patience une fois de plus.

-Tu devrais aller voir par toi même, répond la blonde en souriant.

Franchement je n'ai pas envie de voir debarquer un énième voisin avec un gâteau ou même un collègue de mes parents qui me dira à quel point il est navré pour moi. Il dira comme tous les autres qu'ils étaient géniaux et qu'ils lui manqueront. Je sais déjà tout ça et j'en ai plus que marre de l'entendre depuis une semaine.

Je me fais violence pour lever les fesses de ma chaise et m'avance jusqu'a l'entrée. L'homme est de dos et ces cheveux, cette posture je la connais...

-Salut Jimmy...

Mon Dieu il est ici !

Save meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant