Le chantier

13

Le masque de Camille est tombé sur le sol. Non, pas son masque de déguisement.

Son masque d'assurance. Paf. Par terre.

Personne n'ose faire quoi que ce soit, excepté Agathe, qui mange des chips au buffet, et Camille, qui quitte le salon, probablement pour s'enfermer aux toilettes.

Awa tire Agathe par le bras et l'emmène sur le balcon.

" C'était quoi, ça ? demande-t-elle, au bord de l'hystérie.

- Ça fait des mois que je rêve de lui dire ça, et honnêtement, ça fait du bien, répond calmement Agathe.

- Tu viens de l'humilier devant pratiquement tous les secondes et ça te fait du bien ?

- Attends, j'hallucine, là ! La meuf se fout de ma gueule toute la soirée et je dois rester les bras croisés à rien faire, alors qu'elle est censée être mon amie ?

- T'es juste en train de gâcher mon anniversaire !

- Alors, de un, j'ai rien gâché du tout, commence Agathe en désignant l'intérieur du salon où la musique a déjà repris et les gens ont recommencé à danser. Et puis même, pourquoi tu viens m'engueuler alors que toi et moi savons très bien que tout est de la faute de Camille ?

- Tu connais pas sa vie, ok ? Tu peux pas l'humilier devant tout le monde comme ça !

- Ah par ce que Camille, elle a le droit, elle ! Je crois que t'as pas compris que je me suis juste défendue. Si c'était à refaire, je le referais sans hésiter !

- Casse-toi."

Les mots qu'Awa vient de prononcer sont sortis si glacials qu'Agathe en est pétrifiée de trouble pendant quelques secondes. Elle finit tout de même par rétorquer amèrement :

" Avec grand plaisir."

Elle rentre à nouveau dans l'appartement, jette son serre-tête de Maléfique sur le sol, saisit son sac à l'entrée, et sous les regards médusés des lycéens, sort de chez Awa en claquant la porte.