Le chantier

28

Le soleil du mois de mars caresse le visage d'Agathe avec douceur tandis qu'elle se dirige vers le chantier. Ses pas effleurent le sol avec la légèreté d'une plume.

Elle espère de tout cœur que Léonard sera là. Elle n'a pas englouti si vite ses cookies pour finalement trouver un chantier vide et silencieux, quand même !

Il lui reste encore quelques minutes de marche quand elle aperçoit Martin en train de parler à une fille, sur le trottoir d'en face.

" Hé ! crie-t-elle en secouant les bras."

Agathe se fige brusquement dans son mouvement quand la fille se retourne. 

" Salut Agathe ! hurle Camille en traversant la rue."

Sa main est entrelacée dans celle de Martin. Oups, ça n'annonce rien de bon.

" Je vois qu'on a un nouveau couple ! s'exclame Agathe du ton le plus naturel possible."

Peut-être sont-ils juste amis, non ? Entre amis, on peut se tenir la main parfois ? Enfin, rarement, mais...

" Bien joué, Sherlock ! s'exclame Martin avant d'embrasser Camille.

- Bon, je vais pas tenir la chandelle plus longtemps, les gars. Salut !"

Pauvre Awa... Rien que le fait de savoir que Camille ne l'aimera jamais comme elle l'aime l'anéantit, alors la voir en couple... Agathe s'éloigne de quelques pas avant d'entendre dans son dos :

" Tu me dis quelque chose..."

C'est Martin. Agathe se retourne.

" Non, vraiment ? On est dans le même lycée !

- Oui, mais même ta voix !

- Attends, tu m'as toujours pas reconnue ?

- Ben... Non. J'essaye, hein, mais non.

- Je suis Maléfique !"

Il paraît réfléchir un instant avant de s'exclamer, un éclair de génie illuminant son visage :

" Ah oui ! PQ girl ! Camille m'a raconté que vous vous êtes réconciliées après votre petit clash."

Camille éclate de rire en entendant "PQ girl" pendant qu'Agathe lève les yeux au ciel en déclarant :

" T'es long à la détente, dis-donc ! Bref, cette fois, je vous laisse, les deux tourtereaux."

Elle se remet en marche et se retourne une nouvelle fois pour ajouter :

" En plus, c'était du Sopalin, pas du PQ."

Camille et Martin éclatent de rire et Agathe s'efforce de faire pareil, même si, au fond d'elle, une bulle de compassion a éclaté quand elle a pensé au tsunami de tristesse qui va envahir Awa quand elle apprendra la nouvelle.