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La fête bat son plein dans la grande maison de Clarisse et Agathe a une canette de Fanta à la main. C'est samedi soir, il est 23:09 et elle n'a pas de nouvelle d'Awa.

Elle est venue en cours le reste de la semaine, mais est restée complètement fermée à la discussion. Agathe ne voulant pas remuer le couteau dans la plaie, elle a respecté la distance que son amie a eu l'air de vouloir garder, si bien qu'elles n'ont pas échangé un seul mot depuis lundi, excepté quelques vagues "salut".

En revanche, elle a aperçu Léonard dès le début de la soirée, mais elle n'ose pas aller le voir. Il est en pleine discussion avec ses amis, et puis comment devrait-elle le saluer ? Lui faire la bise, ou bien l'embrasser comme le ferait un vrai couple ? Agathe a préféré ne pas choisir et elle attend qu'il vienne de son plein gré, mais il n'a pas l'air de l'avoir vue.

" Tu veux pas nous chanter une petite chanson pour Léo ?"

Agathe détache ses yeux de Léonard et se retourne vers Clarisse.

" Je sais pas s'il en a vraiment envie... Il a l'air content d'être avec ses potes.

- Pff, arrête de dire n'importe quoi. Il est complètement gaga de toi et tu le sais très bien.

- T'as une idée de chanson ?

- Un truc romantique, ça serait sympa. Hmmm, j'aime bien Comme deux étoiles de Lonepsi, tu connais ?

- Ouais, vaguement. Mais je peux aller l'apprendre dans une pièce à côté ! Comme ça j'apprends les accords à la guitare aussi.

- Ouais, tu peux prendre la guitare de mon père, elle est dans sa chambre."

C'est ainsi qu'Agathe se retrouve à apprendre par cœur une chanson et sa partition à la guitare, dans la chambre des parents de Clarisse. Quand elle finit une bonne demie-heure plus tard, elle en ressort et annonce à son amie qu'elle la connaît parfaitement.

" Génial ! Vas-y !"

Agathe s'assoit sur le canapé pendant que Clarisse enlève la musique et demande le silence.

" Ma pote va vous chanter une chanson pour faire un slow ! Vous allez voir comme elle chante bi..."

Clarisse s'est crispée. Agathe se tourne vers l'endroit où le regard de son amie est fixé.

Léonard. Léonard avec une fille enlacée à son cou. Silence dans la pièce. Il lui caresse le dos, une tête sur son épaule, et n'a pas l'air de se rendre compte que tous les regards sont désormais fixés sur lui, ayant suivi le cours de celui de Clarisse.

Agathe sent ses yeux s'humidifier mais se reprend vite. Peut-être est-ce juste une amie, non ? Peut-être est-il simplement en train de la réconforter ?

Vlan. Tous ses doutes sont sauvagement balayés quand la blonde en question relève la tête et presse brusquement ses lèvres contre celles de Léonard. Dans le mouvement, les yeux du garçon de Wonderwall ont croisé ceux d'Agathe, dégoulinants de désespoir liquide. Il se dégage vivement de la fille. Mais c'est trop tard.

Le chantierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant