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Agathe marche à toute vitesse dans la rue sombre, folle de rage. Awa a été tellement injuste ! C'est la meilleure amie d'Agathe, mais elle a pourtant pris sans hésiter la défense de Camille. Une fille censée être l'amie d'Agathe se moque ouvertement d'elle, et celle-ci doit se laisser marcher sur les pieds ? Agathe n'a jamais été une victime et ça n'est certainement pas pour Camille qu'elle le serait devenue.

Elle ne sait même pas où elle va dormir, ce soir. Hors de question de rentrer chez elle, elle créerait trop de problèmes entre ses parents, Awa, les parents d'Awa et elle-même. Peut-être chez Rachel ? Elle est probablement encore à la soirée, et la montre d'Agathe indique 20h52. Connaissant Rachel, elle n'est certainement pas prête de rentrer chez elle.

Les pensées d'Agathe s'entrechoquant avec fracas dans son esprit, elle laisse une fois de plus le contrôle de ses pas à son instinct, et une fois de plus, elle se retrouve dans l'impasse, face au trou dans le mur.

Elle reste quelques secondes à observer le trou, presque hypnotisée par celui-ci. Et c'est à ce moment-là qu'elle réalise à quel point elle a été brusque avec Léonard. Elle ne voulait pas lui révéler tout immédiatement et casser le mystère dès leur rencontre. Mais c'est trop tard. Et tout ça à cause de Camille, encore une fois. Agathe n'aurait pas dû s'emporter comme elle l'a fait. Malgré son impulsivité naturelle, elle aurait dû se contrôler.

" Quelle conne, murmure-t-elle à elle-même en pénétrant dans le chantier."

Elle pousse la porte de la cabane moisie qui s'ouvre dans un timide grincement, et reconnaît la guitare de Léonard à l'intérieur.

Sans réfléchir, elle la saisit et sent immédiatement une douce chaleur l'envahir, presque euphorique. C'est avec cette guitare que Léonard a joué et chanté les plus belles mélodies qu'Agathe a eu l'occasion d'entendre dans sa vie.

Elle sort de la cabane, s'installe sur la balançoire, dos au mur, et commence à chanter la première chanson qui lui passe par la tête et qu'elle sait jouer à la guitare.

All around me are familiar faces
Worn out places - worn out faces
Bright and early for their daily races
Going nowhere - going nowhere
Their tears are filling up their glasses
No expression - no expression
Hide my head I want to drown my sorrow
No tomorrow - no tomorrow

La légèreté mélancolique dont cette chanson est emplie apaise Agathe et lui fait du bien. Elle en oublie sa dispute avec Awa et Camille, la gaffe avec Léonard et même qu'elle n'a pour l'instant nulle part où dormir ce soir.

Tout le long de la chanson, elle est transportée dans une bulle increvable, dans une bulle où elle se sent pousser des ailes. Dans sa bulle.

When people run in circles it's a very very
Mad world, mad world
Enlarge your world
Mad world


Agathe achève les dernières notes à la guitare, quand elle entend derrière elle :

" Whaou. Et après c'est moi qui chante vachement bien."

Bien qu'elle sache déjà qui se tient derrière elle, elle se retourne.

Léonard.

Le chantierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant