À fleur de peau - complet

Chapitre 19

J'émerge d'un rêve où je me baladais dans un parc en compagnie de Jonah. Lorsque je suis inquiet ou triste, je rêve de belles choses. C'est étrange mais je pense que mon esprit veut me sortir de la tristesse que j'ai ressentie la journée. J'espère que Jonah va bien et qu'il est revenu sain et sauf à l'hôtel.
Quand j'ouvre les yeux, la première image que je vois est celle de Baptiste en train de me regarder.

- Tu m'as fait peur!

- Ce n'était pas le but. Tu es vraiment mignon quand tu dors. En plus, je repensais à tes jolis tétons, chuchote-t-il, les joues rouges.

- Wow... Tu es.. Comment dire hum... très honnête. Merci... J'imagine?

- Je le pense vraiment. Tu es beau, Tom.

- C'est gentil car on m'a souvent répété que j'avais un physique effrayant.

- Je pense que tes yeux sombres y sont pour beaucoup. J'ai déjà vu des hommes aux cheveux noirs avec les yeux bruns et parfois bleus ou verts mais jamais de ta couleur. L'humain considère ce qui leur est inconnu comme effrayant ou bizarre, ils te considèrent comme tel, dévoile Baptiste à voix basse.

- Je n'avais jamais vu la situation de cette façon.

- Nous allons prendre le petit déjeuner?

- A vrai dire, je n'ai pas très faim.

- Ça te dit de te balader à la place?

Je hoche la tête. Nous sortons de la chambre en prenant soin de ne pas réveiller Mélodie. À l'extérieur, le ciel est orné de couleurs orangées. Le blond admire le lever du soleil, des étoiles dans les yeux.

- Comment tu as su que tu étais amoureux de Jonah?

Je baisse machinalement la tête. Rien qu'évoquer son nom me procure un immense sentiment de tristesse. Avant, nos disputes se résumaient à des raisons futiles. Une fois, nous nous sommes même querellés à propos d'une fournée de muffins ratée. Mais les muffins, c'est fini, place aux choses sérieuses...

- Désolé mais... Je pense être amoureux mais je n'en suis pas tout à fait sûr... bredouille-t-il de sa voix adorable.

- Ne sois pas désolé. Eh bien, c'est... assez gênant. Ne prends pas à la lettre ce que je vais te dire. Avant mes quinze ans, j'avais du mal à accepter mes sentiments, à me dire que j'étais "amoureux" de mon meilleur ami. Mais un jour, on a fait du baseball par trente degrés puis on est allé aux vestiaires. Il y avait des douches communes mais chacun préférait se laver chacun son tour. Pendant qu'un se douchait, on attendait dans le vestiaire. Comme nous n'étions que sept garçons, cela ne prenait pas beaucoup de temps. Ce jour-là, je me souviens encore, j'étais épuisé, je m'étais même assoupi dans les vestiaires. Un garçon de ma classe m'a réveillé et m'a dit que tout le monde s'était douché... Hum tu es sûr que ça t'intéresse?

- Oui oui bien sûr, je veux savoir la suite.

- Le vestiaire était totalement libre alors je me suis déshabillé sans accrocher de serviette autour de ma taille. J'ai ouvert la porte des douches... Et ce jour-là, j'ai découvert la plus belle chose qui soit...

- Son pénis?

- Baptiste! Pas seulement cette partie... Son corps tout entier avec de l'eau qui coulait sur lui... C'était juste incroyable et j'ai vraiment réalisé à ce moment que je voulais plus que de l'amitié. Par contre, je te dis pas la gêne... Je ne suis pas sorti tout de suite des douches, j'ai admiré son corps puis quand il a regardé mon endroit le plus intime, je me suis rendu compte que j'étais en érection. J'ai caché mes parties intimes ensuite j'ai filé le plus rapidement possible dans les vestiaires. J'ai mis une serviette autour de moi en attendant qu'il sorte.

- Et il s'est passé quoi ensuite? s'enquérit Baptiste.

- Quand il est revenu dans les vestiaires, je suis allée dans les douches en évitant tout contact. Je me suis lavé et... tu imagines bien ce que j'ai fait d'autre dans les douches avec l'image de Jonah dans mes pensées...

- Et après, quand vous vous êtes revus après ça, c'était pas trop gênant? me questionne-t-il, visiblement intéressé.

- Comment dire qu'il m'avait attendu dans le vestiaire car on allait ensemble à une fête après et qu'il avait... tout entendu. Il m'a dit que je m'étais lavé longtemps. Puis il m'a demandé avec un sourire coquin si j'avais pensé à lui en prenant ma douche.

- Et tu as répondu quoi à cette question?

- Non, évidemment! Je n'allais pas lui dire oui, c'était tellement gênant... On peut arrêter de parler de lui?

- Encore désolé, Tom... Oh regarde là-bas, une bibliothèque! se ravit le blond.

Il me prend la main et m'entraîne de l'autre côté de la rue. Une bibliothèque à la façade moderne trône au milieu d'autres bâtiments plus petits. Nous y entrons et, sans réelle surprise, Baptiste fonce au rayon des mangas. Il prend un des livres dont le nom est "chocolate dick". Sur la couverture, on y voit deux hommes vêtus d'un tablier. L'un fait une préparation en chocolat tandis que l'autre, plus efféminé, trempe son doigt dedans. Je ne parle pas couramment anglais mais une chose est sûre, je reconnais le mot chocolat... Ça veut peut-être dire moelleux au chocolat? Ou coulis de chocolat?

- Ça veut dire quoi dick?

- C'est peut-être mieux que tu ne le saches pas.

Je feuillette quelques pages et quand je vois le dessin de deux hommes nus dans l'arrière cuisine d'un restaurant, je referme aussitôt le manga. Je sens mes joues s'empourprer. Baptiste rougit également en le prenant dans ses mains. A la caisse, pendant que le blond paie son achat, je reçois un coup de fil de la part de Mélodie. Je l'entends à travers l'appareil, à bout de souffle.

- Allo, il y a quelque chose qui ne va pas?

- Jonah n'est pas rentré hier et il est introuvable, marmonne-t-elle au bout du fil.