Et me revoilà devant lui.
Dans cette affreuse chambre de maison de retraite.
Et ce matin, Nestor n'a toujours pas l'air de vouloir répondre à mes questions.
"_ Alors, gamin, comment vas-tu?
_ Bien, lui réponds-je avec un petit sourire. Et vous?
_ Bien aussi, me dit-il en faisant un clin d'œil que je perçois comme forcé."
Un silence de mort règne à nouveau dans la pièce ce qui est très étrange. Ce n'est pas le genre de Nestor. D'après ce que j'ai vu hier, il est quelqu'un de bavard et d'enjoué. Aujourd'hui, il semble renfermé et tracassé.
J'ose alors lui demander:
"_ Je peux revenir plus tard, si vous avez quelque chose de prévu..."
J'ai remarqué que depuis que je suis ici, il regarde sa montre qui est à son poignée toutes les minutes. Il me répond en soupirant:
"_ Ce n'est rien, gamin. C'est juste mon petit-fils qui doit venir me rendre visite. Il devrait arriver très bientôt..."
Un silence gênant se réinstalle dans la chambre. Pourquoi la visite de son petit-fils le stresse-t-il ?
Après plusieurs minutes où aucun de nous deux ne parle, on frappe à la porte. Je vois Nestor se crisper soudainement sur sa chaise alors que je tourne la tête pour voir la personne entrer dans la pièce puisque je suis assis dos à la porte.
Un garçon entre.
Et mon cerveau se déconnecte.
Il est très grand et légèrement musclés. Ses cheveux noirs sont en bataille et retombent négligemment sur ses grands yeux verts profonds. il est habillé simplement : une tee-shirt blanc et un jean noir. Cependant, je le trouve... magnifique?
Cet inconnu dégage quelque chose, une aura incroyable. Rien qu'en le voyant, on sait qu'il a confiance en lui.
Même si je l'avais voulu - ce qui n'est pas le cas, je n'aurai pas pu détacher mes yeux de lui.
C'est à cet instant que nos regards se croisent.
Puis, il me sourit.
Sans que je comprenne quelque chose, mon cœur rate un battement.
Sa voix me sort de mes pensées bien trop niaises :
"_ Salut, moi c'est Raph. Je suis le petit-fils de Nestor et toi, tu es..."
Il laisse sa phrase en suspens, sûrement pour que je la finisse. Mais, à cet instant précis, j'ai comme l'impression que mon cerveau ne répond plus. Alors que je beugue toujours, le raisin sec répond à ma place :
"_ C'est Orestis. Un gamin de 17 ans qui vient me faire chier pour que je réponde à des questions sur la Seconde Guerre mondiale. N'est-ce pas gamin ?"
Sans vraiment que j'en soit conscient, j'acquiesce d'un mouvement de la tête.
"_ OK, murmure Raph avant de venir s'installer sur une chaise entre moi et le vieux.
_ Qu'est-ce que tu fais ? s'offense Nestor, énervé.
_ Que tu le veuilles ou non, tu es mon papi et j'aimerais passer du temps avec toi. Ce n'est pas parce que maman et toi êtes en froid et que vous ne vous parlez plus, que je ne peux pas essayer de recoller les morceaux."
Nestor se rembrunit. Voyant le visage fermé à toute discussion de son grand-père, Raph soupire et baisse ses yeux verts sur la table.
L'ambiance de la chambre est très glaciale et tendue. Au bout d'un long - très long - moment, Raph se lève puis dit :
"_ Je ne te demande pas de lui pardonner. Juste d'arrêter de m'ignorer et de me rejeter comme tu le fais jusqu'à présent. Dans cette histoire, tu oublies que je suis aussi une victime..."
Son grand-père ne lui adresse même pas un regard alors que moi, mes yeux ne l'ont pas quitté une seconde. Raph reprend :
"_ Au revoir papi... à plus Orestis."
Il me lance un sourire triste puis quitte la pièce.
Pourquoi la seule phrase qui me vient en tête est " veux tu m'épouser " ?
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A l'amour comme à la guerre!
HumorOrestis est un jeune garçon de 17 ans. Il se croit banal et inintéressant. C'est alors que sa classe va devoir faire un exposé sur la Seconde Guerre mondial, qui pourrait bien changer sa vie... Il va devoir affronter ses peurs et angoisses face...