Chapitre 9

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Nous sommes enfin arrivés à la maison d'Emilie. Marina se gare dans la rue où sont déjà stationnées plusieurs voitures. Depuis l'intérieur de l'automobile, je détaille la façade de l'habitation. Je dois dire qu'elle est plutôt jolie: pierre blanche, grandes baies vitrées, tuiles en ardoise bleues... Et le jardin est tout aussi adorable ! Des petits buissons de rosiers sont dispersés ici et là ; un chemin de galets blancs va du portillon en fer noir jusqu'au seuil de la porte en bois marron ; sans oublier la personne qui vomit dans le coin là-bas... 

Attendez... il y a déjà des gens bourrés ?!

Nous nous détachons. Dylan est très brusque et se dépêche dans le but d'ouvrir la portière de ma sœur. Face à cet acte bien trop niais, celle-ci grimace avant d'insulter mon meilleur ami de, je cite : " petit con ".

Nous suivons le chemin de cailloux blancs (enfin, pas tout à fait, j'en ai vu des jaunes - j'espère que ce n'est pas du vomi...) pour nous retrouver sur le porche. Marina frappe et quelques secondes plus tard, Emilie nous ouvre.

Alors, c'est elle Emilie ! Bah, je savais absolument pas que c'était elle... Je croyais qu'elle s'appelait Josie... 

Donc, la soi-disante Emilie est plutôt mignonne, ma sœur avait raison. Elle a de longs cheveux blonds avec des reflets dorés qu'elle n'arrête pas d'enrouler autour de ses doigts fins. Ses yeux verts ne lâchent pas du regard mon meilleur ami. Notre hôtesse porte une robe bleue nuit évasée.

"_ Salut Dylan ! Salut Orestis !"

Ma sœur aussi existe...

D'ailleurs, je la sens se crisper à côté de moi, ce qui ne lui ressemble pas. d'ordinaire, elle lui aurait volée dans les plumes à Emilie, qu'elle aurait appelée, j'en suis sûr, "pintade".

"_ Hey ! Comment vas-tu, Emi' ?!

_ Très bien ! Je suis contente que tu aies pu venir, Dylan !"

Elle pose sa main sur l'avant-bras de mon meilleur ami. J'entends ma sœur souffler un "pintade" (j'avais raison !). Emilie sourit de plus belle et nous invite à rentrer. Dylan reste à discuter avec elle. Je reste aux côtés de ma sœur. Nous nous apprêtons à rentrer dans le salon quand un grand blond vienne à notre rencontre.

Enfin, plus à la rencontre de ma sœur...

Est-ce que quelqu'un se souvient que j'existe ?

"_ Marina ! Ca fait plaisir de te voir ! Tu es très belle !

_ Merci, toi aussi Antoine, sourit ma sœur".

Ah, donc c'est lui le co-organisateur de la soirée ?

Je laisse ma sœur bavarder avec son ami et me pénètre dans le salon. Celui-ci est vraiment grand et très chic. Entre la porte et la télévision ( qui est vraiment très très grande ) est installée une table où de la nourriture et des bouteilles d'alcool ( BINGO ! J'avais encore raison ! ) y sont entreposées. En face, il y a tout un mur où des livres et des sculptures sont disposés. Celles-ci doivent valoir très cher !  A vrai dire, je ne suis pas surpris, on voit que les parents d'Emilie et Antoine gagnent très bien leur vie.

Une trentaine de personnes est déjà présente. La plupart danse au milieu de la pièce et les autres sont sagement assis sur le canapé ou sur des chaises. Je balaye l'immense pièce du regard.

Et je le vois.

Lui.

Il est vraiment beau avec son sweat et son jean, ce soir, encore plus que la dernière fois. Il parle avec ses amis et rigole avec eux. Ses yeux verts pétillent et son rire me tord le ventre.

A ce moment, il tourne la tête et nos regards se croisent. Je m'arrête de respirer. Ma gorge s'assèche brusquement et je déglutis difficilement.

Il est là.

Soudainement, je me retourne et me rends dans la cuisine, là où je pourrais être à l'abris de son regard. Je n'arrive plus à penser, il a fait griller mon cerveau. Je respire difficilement, l'air de la pièce étant devenu si lourd et étouffant.

Je me serre un verre d'eau, après avoir légèrement - beaucoup ! - fouillé. Tant pis, j'aurai mauvaise conscience une autre fois. Je me calme et peu à peu, je retrouve mes esprits.

"_ Orestis ?"

Je sursaute et lâche mon verre. Celui-ci se brise en mille morceaux sur le sol. J'échappe un juron et me retourne. Je me fige en le voyant. Je jurerais que mon cœur s'est légèrement arrêter avant de recommencer à battre.

"_ Tu veux que je t'aide à nettoyer ? m'interroge Raph. Je connais bien la maison."

Incapable de faire sortir un mot de ma bouche, j'hoche la tête. Le petit-fils s'approche de moi, tendant un bras juste à côté de mon visage. Je le regarde faire, complètement hypnotisé. Il ouvre un placard derrière moi, et sans me toucher, il sort un balais et une pelle. Doucement, il s'accroupit et commence à rassembler les morceaux qu'il ramasse ensuite. Je suis subjugué par lui, par sa beauté, sa grâce, sa douceur... Mon corps ne répond plus à mon cerveau.

"_ Tu vas bien, Orestis ? me demande-t-il en plantant ses yeux verts dans les miens.

Vite ! Une réponse ! N'importe quoi !

"_ Ouais ! T'inquiète ! J'suis pas malade même si je suis sûr que tu serais ravi de me soigner !"

Raph me sourit. Je vois qu'il se retient d'éclater de rire. Je m'empourpre violement et m'empresse d'ajouter :

"_ J'ai juste une éval en français ou en histoire, je sais plus ! Elle est lundi ! Ou mardi ! Et j'ai pas appris ! Je sais même plus c'est sur quoi !"

Ouais, je suis très très mauvais en mensonge...

"_ Oh ! Orestis, je suis certain que tu es le genre de personne à apprendre ses cours une année en avance !"

Je ris et ses lèvres s'étire en un fin sourire. Qu'est-ce qu'il est beau !

Il se redresse et met à la poubelle le verre.

"_ J'suis pas un intello !"

Il laisse un rire s'échapper de sa gorge. Il se place devant moi et ébouriffe mes cheveux bruns. il avance sa tête et ses lèvres sont juste à côté de mon oreille. Il murmure ensuite, très doucement :

"_ Et tu as raison, Orestis, j'prendrais un énorme plaisir à te soigner si tu étais malade..."

Je déglutis et rougis. Raph s'éloigne de moi, me fait un clin d'œil puis dit :

"_ J'te laisse ! J'vais pisser !"

Et il part.

Maudite vessie !

A l'amour comme à la guerre!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant