Chapitre 10

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Raph ne vient pas me voir le reste de la soirée.

Il est avec ses potes et une fille qui le colle un peu trop à mon goût.

Non, non, je ne suis pas jaloux et je ne le surveille absolument pas !

Il est bientôt minuit trois quarts et je me sens fatigué, vidé... En réalité, constater que Raph est si près et en même temps si loin de moi, me tord le cœur, me le fend. Pourquoi est-il si inaccessible alors qu'il vibre et résonne dans tout mon être ? J'ai envi de pleurer - oui, je sais, virilité est mon deuxième prénom, mais là, je m'en fous de paraître faible et d'être qu'une gamine ! Je voudrais juste ne jamais l'avoir rencontré ! Qu'il ne soit jamais entré dans ma vie ! Je ne veux plus jamais le revoir !

J'essuie une larme qui roule sur ma joue et ravale ma peine. Je sens une main sur mon épaule et je me retourne. Un garçon plus âgé que moi me dit :

"_ Je savais pas que parler de l'écologie était si bouleversant ! Toi, tu seras un grand homme qui se donnera à fond pour la nature !"

Perplexe, j'acquiesce. Le gars a dû croire que je les écoutais parler. Absolument pas! Je me suis juste calé dans un coin où je pourrais être tranquille et observer Raph.

En parlant de celui-ci, il rit toujours avec ses amis. Pourquoi j'ai aussi mal quand il est loin ? Pourquoi lui compte pour moi et moi, je suis rien pour lui !? Pourquoi il se fiche de moi !?

Mais d'un autre côté, pourquoi à chaque fois qu'on se voit, je me sens si bien ? Et toute à l'heure, il me draguait, non ? J'en sais rien... j'ai envi d'y croire mais cela ne me semble pas pouvoir être réel... je perds espoir, je souffre, je veux abandonner, je veux renoncer...

A lui.

J'enfoui une nouvelle fois mes sanglots qui menacent d'arriver.

Soldat Orestis, me dit ma conscience, l'espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non !  Cette tempête qui est dans ta tête, ne se limite plus à cet espace ! Foudroyé ce soir par  son indifférence totale, nous pouvons vaincre dans l'avenir  par une force incroyable appelé l'amour ! Si ce Raph ne voit pas que nous sommes géniaux, c'est que c'est un sombre crétin ! Moi, ta conscience, actuellement dans ta tête, j'invite tous tes neurones - estimé au nombre de deux - à reprendre les armes, à reprendre confiance !  Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance pour gagner son amour ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas ! Nous pouvons y arriver !  NOUS SOMMES LES PLUS BEAUX, GENTILS, INTELLIGENTS  ET RICHES - ah non, pas ça... Excuse-moi, je me suis emporté...

Remonté à bloc grâce à ma conscience (d'ailleurs merci moi-même !), je reprends de l'aplomb. Alors que mon regard tombe sur Raph et sur l'autre fille, la connasse de pouffiasse trop collante rapproche son visage de lui. De MON Raph.

Mais c'est qu'elle va essayer de l'embr- ...

Je détourne la tête, horrifié. Dégoûté, je sors du salon. Dans le couloir, je crois Emilie qui me demande si je vais bien. Depuis quand elle se souvient de mon existence ? Je lui lance un bref "oui" et je la salue d'un signe de la main. Complètement nauséeux, je sors enfin de la maison. Je tremble de tout mon corps et prends de grandes inspirations pour apaiser mon envie de dégueuler. Est-ce que ça arrangerait tout si je vomissais sur la connasse ?

Enfin calmé, j'envoie des messages à Marina et Dylan pour leur dire que je veux rentrer. Je ne supporte plus de voir Raph si loin et en même temps si proche...

Au bout d'une dizaine de minutes, aucun d'eux ne m'a toujours pas répondu. Je suis inquiet pour eux, enfin, plus pour Dylan que pour Marina ! avec le caractère qu'elle, personne ne serait assez bête pour l'enlever ! Vraiment, qui serait assez fou pour l'embêter ?

Toujours dans le jardin d'Emilie que j'observe avec attention ( d'ailleurs, le vomi de l'autre est là-bas ), je commence à avoir vraiment froid...

Pourquoi n'ai-je pas pris ma veste déjà ?

"_ Tu es tout seul, Orestis ?"

Je fais un bond de dix mètres et me retourne, tombant nez-à-nez avec le grand brun. Bizarrement, en le voyant, je ressens juste une immense douleur et un affreux vide.

"_ Ouais, finis-je par dire. Je ne sais pas où sont ma sœur et Dylan.

_ Tu veux que je te ramène chez toi ?"

Surpris, je le dévisage quelques instants, en grelottant de froid. Il veut que je monte avec lui ? Dans sa voiture ? Il a une voiture ? Ca ne le dérange pas ?

Il est tellement serviable, intentionné, dévoué, bref... parfait !

"_ Je veux bien, s'il te plaît."

Et oui ! Quand je veux, je peux être poli !

Raph affiche un sourire satisfait, puis prend ma main glacée dans la sienne chaude.

STOP !!!

ATTENDEZ ! IL A PRIS MA MAIN ?!

"_ Tu as froid et tu trembles."

Félicitations Sherlock !

Non, quand je suis stressé, je ne suis absolument pas sarcastique.

C'est à cet instant que Raph enlève son sweat et me le tend. Troublé, je l'enfile tout de même sans broncher ! Je regarde Raph, qui se retrouve en tee-shirt dehors en hiver !

Il est fou, lui !

Et moi, je crois que je suis fou de lui...

A l'amour comme à la guerre!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant