Recueil d'os snk

Feu de joie

1082 mots
Yumihisu/Yumikuri

Des cris. Des rires.
La place résonnait d'une joyeuse cacophonie.
Les adultes discutaient en riant.
Les enfants gesticulaient près du feu situé au milieu de la place.

De son côté, Ymir observait le terrain. Pas un centimètre n'était épargné.
Elle cherchait.
Et ne pas trouver l'énervait.

Entendant soudainement un rire cristallin, elle se retourna.
Et sourit.
C'était bien le genre d'Historia que de jouer avec des enfants.
La petite blonde était poursuivie par une horde de bambins dont le but était manifestement de la mettre à terre.
But qu'ils atteignirent lorsque Historia fit semblant de trébucher, leur permettant de la rattraper et de la plaquer au sol.
Devant ce spectacle, Ymir décida qu'il était temps pour elle d'intervenir, sans quoi elle ne recupererai jamais l'objet de sa venue à cette fête.

-Eh les mioches...
Les dits enfants se tournèrent en provenance de la voix et se figèrent. La grande brune arborait un sourire qui, dans cette légère pénombre, la faisait probablement passer pour un monstre à leurs yeux puisqu'ils fuirent en hurlant.
À terre, le blonde remarqua son amie et lui adressa un sourire des plus éclatants.
"-Épouses moi Historia" songea immédiatement Ymir.
-Désolée Ymir ! Fit Historia en coupant les pensées de son interlocutrice. J'étais en route et j'ai croisé ces enfants. Et vu que je les connais, j'ai fait le chemin avec eux et ils ont soudainement décidé de jouer à m'attraper ! Et puisque je ne voulais pas qu'ils fassent à tête à cause de mon refus, j'ai accepté ! Parce que tu sais, quand ils font la tête, ça peut durer longtemps, ils sont vraiment têtus et...
-J'ai compris Historia, la coupa Ymir, tu es excusée. Même si je suis un peu vexée que préfères des gosses à ma compagnie. La divine bergère que tu es ne saura définitivement jamais se défaire de son éternelle âme d'enfant.
Se relevant, la jeune fille décida de ne pas répondre à son amie, souhaitant éviter une longue discussion dénuée d'intérêt. Elle avait d'autres projets que passer la soirée à discuter.

Désormais debout, Historia observait Ymir et celle-ci l'imitait en silence.
Les deux jeunes filles avaient choisi un style vestimentaire radicalement différent.
Tandis que la plus grande avait gardé son éternel pantalon-Tshirt, la blonde avait opté pour une robe bleu pâle qui faisait ressortir ses yeux.
-On y va ? demanda la petite en pointant la place.
-On est là pour ça il me semble...
Agrippant la main de son amie, Historia couru vers le terrain.
-Pourquoi on cours ? Le feu va brûler toute la nuit, on aura tout le temps de le voir...
-C'est pas pour le feu que je me précipite. Et franchement, ça m'étonne vraiment que tu ne sois jamais allé à la fête de la St-Jean !
-Eh ben pourtant c'est le cas. Grommella la brune.

Arrivée au niveau des stands, la blonde lâcha son amie pour se précipiter dans la foule. Préférant ne pas y aller, Ymir l'attendit là où elle était.
Quelques minutes après, Historia revient, deux lampions dans les mains.
-J'ai réussi à en avoir deux ! S'exclama-telle, triomphante
-Je vois ça. Et ça sert à quoi ?
-... À éclairer ?
-Donc tu sais pas. Mais t'en as quand même pris.
-J'ai toujours fait ça ! C'est une tradition pour moi !
-Très bien. Je respecte tes traditions, fit Ymir en prenant l'un des lampions.

Ravie, la petite blonde entraîna son amie faire le tour de la place, s'arrêtant de temps à autre pour regarder les stands.
La brune suivait, souriante.
Définitivement, le sourire d'Historia était tout ce qu'il lui fallait.

Peu après, elles sortirent de la foule et allèrent s'asseoir dans l'herbe.
Bien mal leur en pris puisqu'elles furent aussitôt assiégées par un groupe d'enfants, les mêmes que ceux qui poursuivaient Historia plus tôt.
Sans leur laisser le temps de réagir, ils prirent leur lampions et embarquèrent les deux jeunes filles vers le centre de la place. Se laissant faire, Historia souriait d'un air navré à son amie qui fusillait les enfants du regard.
Ils venaient de gâcher son premier moment de calme de la soirée et elle était décidée à ne pas laisser passer ça.
La foule hilare laissant passer avec plaisir le groupe enthousiaste d'enfants, elles se retrouvèrent rapidement au centre où les galopins les lachèrent pour se mettre à danser autour d'elles en riant.
Dans la lumière chatoyante du feu, le spectacle paraissait irréaliste.
-Je crois qu'ils veulent qu'on danse.
Ymir se retourna brusquement.
-Danser ? Impossible. Je sais pas danser. Et puis... comment dire... Ça ne va pas être bizarre que deux filles dansent ensemble ? Les gens du village risquent de pas trop apprécier. C'est la fête d'accord mais ils sont vraiment coincés et...
-Ymir. La coupa Historia.
-Quoi ?
-Ça ne me dérange pas de danser avec toi. Et si tu ne sais pas danser, on peut se contenter de tourner en rond ! Conclut-elle en souriant.

Sans plus attendre, elle saisit les bras de la brune et l'embarqua dans une danse folle, sans aucun rythme ni coordination avec les autres danseurs.
Se prenant au jeu, Ymir se fit un plaisir de faire tournoyer son amie.
Elles dansèrent ainsi un moment, illuminées par le grand brasier situé à quelques mètres d'elles.
La musique ne s'arrêtait plus, elle semblait vouloir entraîner les danseurs toute la nuit, sans relâche.
Les deux jeunes filles ne se souciaient pas de la musique. Ni des autres danseurs. Elles étaient seules dans la lumière vive des flammes.

Ymir réfléchissait. Elle voulait dire quelque chose à Historia.
Elle ne savait juste ni quand, ni comment.
Secouant la tête, elle cessa vite de tergiverser et se rapprocha de la jeune blonde de manière à se faire entendre dans le brouhaha.
Elle lui murmura quelques mots et recula.
Historia la regardait en silence.
Elles avaient cessé de danser.

Elles se fixèrent un instant.
Ymir se dit qu'elle aurait mieux fait de garder ça pour elle.
Historia se rapprocha.
Lui sourit.
Et prononça deux mots, avalés par le tintamarre de l'orchestre et les crépitements du brasier.
Mais Ymir compris.
Elle se pencha.
Les deux jeunes filles s'enlacèrent à nouveau et recommencèrent à tournoyer lentement.
Leurs visages se rapprochaient.
Chacune sentait les battements de son coeur s'accélérer.
Leurs lèvres se touchèrent. S'ouvrirent les unes aux autres.
Le temps s'arrêta.

Sur la place, à quelques mètres des flammes, au milieu des danseurs, sans se soucier ni des enfants, ni des regards ou de tout le reste, les deux jeunes filles s'embrassaient, enfin réunies par autre chose qu'une simple amitié.