Recueil d'os snk

Absence

459 mots

Déni

Les couloirs sont remplis.
Les soldats reprennent leurs activités après cette expédition.
Sauf lui.
Il n'est pas là.
Probablement encore en train de dormir.
Puisque personne ne semble décidé à lui faire comprendre qu'il faut se remettre au travail, je n'ai plus qu'à le faire moi-même.
Laissant mes camarades continuer le travail, je vais vers sa chambre afin de le secouer un bon coup.
Sa chambre est vide.
Il s'est levé ? Enfin ?
Et où est-il maintenant ?

Colère

Hein ? Il est parti où encore ?
Et pourquoi ils me regardent tous comme ça ?
Je n'ai pas le droit de chercher un ami ?
Je le connais depuis le début de nos années d'entraînement à l'armée !
Normal que je m'inquiète pour lui, non ?
C'est quand même pas de ma faute si cet imbécile n'est pas capable de suivre des directives correctement !
On est tous abattus depuis le retour de l'expédition, mais c'est pas une raison pour ne pas obéir aux ordres !
Et arrêtez... arrêtez de me dire qu'il ne reviendra pas...
Il n'est pas mort...

Marchandage

Ce n'est pas possible...
Pas lui...
Il est... juste ailleurs.
Dans une partie du bâtiment que je n'ai pas encore visité aujourd'hui.
C'est ça !
Et en plus, il se déplace, alors c'est normal que je ne puisse pas le trouver !
Non ?
Il est parti ? Vraiment ?
Ce n'est pas possible...
Ils doivent confondre avec quelqu'un d'autre...
Il ne peut pas être mort.
On s'est promis de survivre à notre première expédition...

Dépression

Alors pourquoi... Pourquoi il n'est plus là ?
Pourquoi tout le monde me dit qu'il faut que je passe à autre chose ?
Pourquoi, chaque fois que je dis ton nom, les autres me regardent avec un air désolé ?
Tu n'es pas là...
Tu es parti...
Tu n'as pas tenu notre promesse.
C'est ta faute si je pleure maintenant...
Parce que... tu es parti...
Les larmes coulent sans que je puisse les arrêter.
Qu'est-ce que je dois faire maintenant ?
Qu'est ce que je peux faire ?

Acceptation

Je me redresse.
Devant moi, le bataillon s'active.
Les soldats passent et repassent sans s'arrêter.
Je les regarde, incrédule.
Comment peuvent-ils... après toutes ces pertes...
Comment peuvent-ils ne pas souffrir.
Je les regarde. Je vois leurs yeux rougis par la fatigue et les larmes.
Et je comprends.
Ils ont tous vécu bien plus de morts que moi.
Ils ont appris à y faire face.
Non pas à s'en remettre, mais à enfouir tout ça au fond d'eux même.
Pour se préparer aux autres morts.
Et je comprends.
Je suis un soldat du bataillon.
Je dois savoir faire abstraction de mes sentiments, mes émotions.
Pour devenir plus fort.
Et empêcher d'autres morts.
J'essuie mes larmes et me remets au travail.
Je n'ai plus de temps à perdre.