Salle vide

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440 mots

La salle est vide.
Certes il y a une table et des chaises. Certes il y a deux soldats. Mais n'importe qui regardant dans cette salle affirmerait qu'elle est vide. De discussion. De vie.
Assis l'un en face de l'autre, ces deux morts-vivants ne disent pas un mot. Comme s'ils étaient oppressés par ce manque de vie.
Ils sont entourés de chaises vides. En fixent une. Celle en bout de table. La place du chef.
Ils la regardent, espérant peut être que quelqu'un y apparaîtra et les dirigera.
Mais il n'y a personne. Il n'y aura personne.
C'est à eux de reprendre cette place.
Mais ils ne le font pas. Ils restent sur à leur place sans bouger.
L'un par habitude, parce qu'il n'était qu'un soldat. Pas un dirigeant.
L'autre par peur, parce qu'il ne sent pas à la hauteur. Pas à sa place.

Pourtant ils doivent l'accepter. Et prendre leur nouvelle place.
Dirigeant et son bras droit.
Ils doivent se relever. Guider les autres soldats.
Major et Caporal-chef.
Ils doivent vivre. Se battre et gagner.
Hanji et Livai.

Mais accepter, se relever, continuer à vivre, n'est-ce pas tourner la page ? oublier ? passer à autre chose ?
Et ça ils ne peuvent pas. Ils ne peuvent pas oublier.
Comment le pourraient-ils ? Comment alors qu'être dans cette salle suffit à raviver ces douloureux souvenirs ?

Ils se rappellent encore. Ils se rappelleront toujours.
Toutes les scènes qui se sont déroulées ici resurgissent dans leur mémoire.
Erwin expliquant le but de la prochaine expédition, la place de chacun dans la formation.
Mike, taciturne, écoutant et gratifiant le plan d'un bref hochement de tête.
Et tous ceux qui passaient pour amener un dossier, poser une question, prévenir de l'arrivée des brigades spéciales ou quelque autre haut dirigeant ayant trouvé matière à se plaindre de leurs agissements...
Nanaba, Auruo, Nifa, Gelgar, Petra, Moblit...
Tous étaient là. À leurs côtés.
Maintenant il n'y a plus personne. Ils ne sont plus que deux dans cette salle désormais trop grande.

Leurs regards se croisent. Se séparent et retournent vers le bout de la table.
Regret.
L'un d'eux se lève, sans faire attention regard surpris de l'autre.
Doute.
Et l'autre le regarde ranger sa chaise, se déplacer. Au bout de la table. Non plus en face, mais à côté de lui.
Perplexité.
Ils se regardent. L'un faisant le salut du bataillon, l'autre passant à son cou le pendentif dû à son rang.
Acceptation.
Ils se regardent. Ils savent quelle est leur place, leur rôle. Dans leurs yeux, il n'y a plus qu'une chose.
Conviction.

– Allons-y Livai. Il est temps d'achever ce qu'Erwin a commencé.

Recueil d'os snkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant