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Il soupira délicatement alors qu'il relevait enfin ses orbes sombres rougies par les écrans du fichier affiché sur son ordinateur. Il se frotta un temps les tempes, prodiguant un massage bienfaisant pour la céphalée qui pointait lentement le bout de son nez. Il ne savait plus réellement depuis combien de temps il était là, assis à sa chaise de bureau à avoir étudié une grande partie des différentes ressources qu'il avait trouvé sur son roman, avant de finalement attraper son mac pour y écrire une bonne trentaine de pages. Sans aucun doute cela se comptait en de longues heures et de longues nuits, si bien que lorsqu'il prit le temps de regarder à travers la grande baie-vitrée de son salon, il ne pu constater qu'avec effarement que le jour commençait tout juste à se lever, donnant au ciel une couleur rosée aussi pure que douce, alors qu'il pouvait discerner très faiblement la maigre rosée qui s'était posée sur le monde extérieur.

Le froid arrivait doucement dans les rues de Séoul et septembre touchait à sa fin pour accueillir dans les meilleures conditions possibles le mois d'octobre. On ne pouvait plus sortir dans les rues en t-shirt et bientôt les arbres se revêtiraient de leur manteau rougeâtre et orangé tandis que cheminées et chauffages seraient allumés dans les foyers. Le brun non plus n'échapperait pas aux saisons et, bien conscient de ce détail, il faisait de son mieux pour les observer, les regarder et en apprendre toujours plus d'elles. Petit à petit, alors que le temps se modifiait et que les habitudes suivaient ces changements, il regardait et se laissait imprégner de toutes les choses nouvelles qui s'en dégageaient. Il étudiait avec passion les différentes saisons et essayait d'en extraire l'essence, le sentiment et les émotions de chacune d'entre elle.

C'était autant utile pour son imagination que pour sa santé mentale.

Jungkook releva distraitement ses lunettes sur l'arrête de son nez, encore profondément perdu dans ses pensées. Il était heureux de l'avancement de son roman et ne pouvait que constater avec satisfaction l'engouement de la maison d'édition après l'envoie de ses premiers chapitres de son troisième tome. Souvent, il s'entretenait avec Taehyung dans de longs appels professionnels, qui semblaient n'avoir jamais connu aucune crise, ce dernier étant toujours de merveilleux conseils dès qu'il sentait sa détermination fuir ou sa tristesse reprendre le dessus. Son éditeur le canalisait dans le domaine du travail, parfois le guidait dans les démarches et les étapes et ce simple détail l'aidait grandement à faire du tri dans ses pensées envahissantes. Il avait presque l'impression que la vie suivait son cours sans qu'il n'ait plus entendu parler d'un certain blond ou d'une dépendance maladive et malsaine à un souvenir et à un symbole.

Oui, sans doute se sentait-il un peu plus apaisé ces derniers jours, ne pouvant constater que sa facilité à écrire et sa détermination dans son travail et sa passion, il maniait les mots avec plus de justesse mais peut-être moins de poésie, celle-ci ayant son heure de gloire quand son mal-être était le roi du monde. L'écrivain sourit en pensant qu'il préférait de loin faire une croix sur une poésie exacerbée plutôt que sur sa santé mentale. Le simple fait d'avoir ce genre de pensée était un signe très encourageant qui lui signifiait que, malgré bipolarité, malgré manie et dépression à répétition, il arrivait à garder l'envie de vivre et à garder la tête hors de l'eau. Et aussi narcissique et imbu de lui-même que ça pouvait être, il était fier de lui et arrivait de plus en plus à accepter que lui aussi était en mesure de faire des progrès et de vivre avec sa maladie correctement.

Ce qui était avant sa bête noire semblait être devenue une alliée encore un peu timide et farouche qu'il apprenait à connaître et à apprivoiser tous les jours.

Il finit pourtant par se relever et quitter son poste de travail en sentant son estomac crier famine et réalisa que cela faisait longtemps depuis qu'il n'avait pas eu un repas correct. Il ouvrit alors son frigidaire et entreprit de se cuisiner quelque chose de rapide mais un minimum sain pour reprendre son travail tranquillement sans être dérangé outre mesure par des cris d'estomac et des jérémiades de famine. Il buvait tranquillement un verre d'eau alors qu'il feuilletait son carnet à idée d'un air distrait, satisfait de voir qu'il avait déjà coché un bon nombre de ressources et autres anecdotes qu'il avait eu l'occasion de noter.

ROSE COTONNEUX T.2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant