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Lorsqu'il ouvrit la porte de la chambre du blond, il retint un soupir attristé en le voyant, recroquevillé sur lui-même dans une position vulnérable, ses poings farouchement serrés sur le sweater jaune qui avait encore gardé de son odeur. Une forte odeur de tabac encore neuve s'était imprégnée de tous les textiles et l'air semblait si lourd en nicotine et tristesse qu'il avait du mal à respirer. Il ne remarqua pas directement que le plus âgé avait ses yeux d'or entrouverts, le regard perdu dans le vide alors qu'ils étaient rougis, encore vitreux de larmes et comme voilés par un désespoir certain que tout le monde pouvait ressentir dès qu'on pénétrait dans la pièce. Lentement, Jae se dirigea vers la grande fenêtre en fronçant malgré lui son nez sous l'odeur difficilement respirable. Il l'ouvrit rapidement, ouvrant par la même occasion les volets pour laisser la lumière blanche des jours d'hiver entrer à son tour et donner un peu plus de vie à ce lieu. Un peu d'air frais ne fera pas de mal, pensa-t-il avant de se retourner en direction du corps encore allongé sur le matelas qui n'avait pas bougé du tout malgré les mouvements autour de lui. Malgré la vie qui régnait partout mais qui ne parvenait pas à toucher ne serait-ce qu'un peu le roc émotionnel qu'était devenu Jimin.

Le brun vint s'asseoir sur le rebord du lit avant de passer sa main affectueusement dans les mèches décolorées, essayant de le réveiller doucement de sa transe et il lui sembla que l'autre revint doucement à la vie quand il l'entendit renifler discrètement. Il se demanda s'il avait pleuré toute la nuit, mais il avait l'impression que les yeux gonflés par les yeux étaient encore empreints de sommeil. C'était difficile à dire. Si habituellement Jimin ne passait pas pour le plus costaud de tous et était relativement chétif, le brun avait aujourd'hui l'impression de se retrouver avec un petit garçon emprunt à son premier chagrin d'amour, inconsolable et persuadé que le monde allait s'abattre sur ses épaules à la minute suivante. Ce n'était peut-être pas tout à fait faux. Et sans aucun doute avait-il passé plus de la moitié de la nuit à pleurer son malheur. Il avait toujours plus ou moins su que Jimin était insomniaque, depuis toujours finalement et il ne l'avait jamais connu autrement qu'incapable de dormir, mais soudainement, voir ces cernes et ses grands yeux d'or noyés de larmes et rougis par la fatigue lui fit prendre conscience de l'état de son aîné. De l'état de son colocataire, de l'état de cette personne qui était si chère à ses yeux. Ses grands doigts fins jouaient avec les mèches blondes abîmées et il finit par passer la pulpes de ses doigts sur la joue creusée de l'autre, attirant doucement son attention.

    - J'ai fais à manger, souffla-t-il doucement, comme pour ne pas briser l'atmosphère précieuse et désespérée qui s'était installée.

Sans grande surprise, il n'eut aucune réponse. Jae retint un soupir en levant ses yeux au plafond quelques secondes pour reprendre contenance. Il savait que si c'était un autre que lui-même, alors peut-être serait-il plus patient avec Jimin, plus apte à le comprendre et à lui céder le temps dont il avait besoin. Le brun n'avait jamais réellement été ce genre de personne à se morfondre et à pleurer dans ses draps pendant des heures. Et pourtant, face au blond, il ne pouvait que l'accepter trop facilement. Car il avait ce pouvoir particulier sur les gens, qui les transformait, qui les mettait directement à l'écoute de la personne, et tous se sentaient prêts à se jeter à ses pieds pour ne serait-ce que voir un sourire fleurir sur ses lèvres pleines. Le plus jeune n'était pas une exception et pour son ami, il savait qu'il briserait tous ses principes. Car le plus grand de ceux-ci était bien de toujours être à l'écoute de ceux qu'il aimait, de ceux qui l'aimaient. Néanmoins, alors qu'il s'apprêtait à se relever et quitter la chambre, il sentit une main délicate enfermer son poignet et il baissa son regard sur la figure du blond. Il n'était pas en mesure de voir son visage, ni de discerner aisément son torse qui se soulevait au rythme de sa respiration, mais étrangement il n'eut pas réellement besoin de beaucoup plus d'indications pour savoir quoi faire.

ROSE COTONNEUX T.2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant