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Il ouvrit lentement ses deux orbes couleur trottoir alors qu'il sentait un vent frais venir flatter ses épaules ainsi que le haut de ses cuisses dénudées. Lentement, il émergea dans un soupir en sentant déjà un mal de tête poindre et n'avait réellement pas envie de quitter ses draps qui semblaient tellement plus attirants ce matin-ci que tous les autres matins de sa tendre existence. Silencieusement, il savait parfaitement pourquoi et il en gardait des souvenirs encore tellement frais qu'il avait l'impression de revivre la scène sans cesse, encore submergé par ces émotions, encore emprisonné dans cette ritournelle sentimentale qui le comblait plus encore que tout ce qu'il avait pensé un jour ressentir dans sa pauvre petite vie de jeune adulte. Il comprenait plus que tout en cette matinée solitaire qu'en dix longues années, ses besoins n'avaient pas changés, ses désirs et ses vices non plus. Il s'était construit des années avant et s'il s'était assaini, il comprenait maintenant que ce qu'il prenait comme des tares, comme des pêchés capitaux n'étaient rien d'autre qu'une partie fondamentale de sa personne.

Il était ses pêchés, comme il était sa maladie et sa conscience. Il était un tout, il était la vérité. Il était le désir, le besoin de l'autre, il était lui et il était cet autre. Il était à la fois simple humain, machine autonome et miracle de la nature. Il était simple être-vivant comme il pouvait s'élever en tant que Dieu à la moindre des secondes. Il était complexe, paradoxal, diablement attaché et nettement moins pur et chaste que ce qu'il avait pensé être pendant des années. Jungkook était Jungkook et en cette matinée sentimentale, il avait l'impression d'en prendre conscience plus qu'à aucun autre moment de sa vie. Il comprit qu'il n'était que lui et que jamais il ne pourrait s'empêcher d'être lui, que jamais il ne pourrait lutter contre ses désirs les plus profonds et que le meilleur moyen pour vivre avec et s'en accommoder était sans doute de les accepter en leur globalité.

Pourtant, il avait du mal à ne pas se haïr d'avoir été si faible et d'avoir fondu dans les bras de son tendre démon, finalement pas si différent de ce qu'il était dans son fort intérieur.

Il prit quelques secondes en se redressant dans son lit pour respirer longuement et prendre du temps pour lui. Il devait se calmer et savait parfaitement que se donner quelques minutes seulement pour réfléchir et trier ses pensées était l'un des meilleurs moyens pour lui de parvenir à une sérénité temporaire. Ses yeux d'obsidienne se déposèrent sur l'oreiller qui avait abrité quelques heures une tête blonde et bien trop têtue dans son malheur et se laissa une nouvelle fois submerger par toutes les sensations qu'il avait ressenti la nuit dernière. Il se repassait le film en continu, ressentait encore les mains rugueuses et abîmées sur sa peau d'albâtre, les traces brûlantes des baisers mais plus que tout, plus que le plaisir charnel, il ne pouvait s'empêcher de se repasser le plaisir sentimental qui l'avait assailli de toute part. Qui l'avait prit en embuscade et l'avait séduit de la plus violente et sauvage des manières, dans une orgie de sentiments aussi purs qu'inavoués, qui continuaient à torturer les esprits les plus fragiles et qui étaient bien décidés à rester cachés et à protéger leur nature véritable aux yeux des deux intéressés.

Il était retombé et il devait bien faire avec maintenant. Il connaissait toutes les techniques de cet être qui manquait cruellement de confiance en lui, il connaissait ses attaques et ses faiblesses commençaient doucement à se dévoiler à ses yeux sombres. Il avait à son avantage sa complète transparence, son incapacité à cacher ses émotions et donc sa sincérité sans faille. Le brun savait que la sincérité ne faisait jamais défaut et il tentait encore en cette matinée de s'en convaincre. Il avait grandit, évolué et, alors que l'autre semblait avoir perdu tout son honneur et sa confiance, Jungkook en avait retrouvé de la plus belle des manières qu'il soit. Il devait avouer que cet être piquait sa curiosité au plus haut point et, s'étant découvert une curiosité toute nouvelle grâce à ses voyages, il mourrait d'envie de comprendre cet autre blond, cet homme qui ne se découvrait pas, qui restait tel un bloque de glace infranchissable et il savait qu'il était prêt à beaucoup juste pour éclairer ce qu'il ne comprenait pas.

ROSE COTONNEUX T.2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant