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Le brun le regardait avec cet air surpris et désabusé alors que ses yeux sombres se posaient de toute leur grandeur sur son corps plus chétif et sans doute légèrement plus musclé. Jimin soupira en se rendant contre de la situation complètement ridicule dans laquelle il était plongé et manqua bien de taper une crise de colère s'il oubliait que deux dealers étaient cachés dans un coin à se bouffer le nez pour des comptes pas réglés. Pour avoir souvent acheté de la drogue et en acheter encore de temps en temps aujourd'hui, le blond savait qu'ils étaient à cheval sur les comptes et n'hésitaient pas à mettre la misère à quiconque barrait leur chemin, si bien qu'il savait que le brun aurait rapidement finit en sharpie. Il se pinça l'arrête du nez avant de relever son regard d'or sur le grand brun aux cheveux longs, cette fois-ci attachés dans une demi queue de cheval maladroite et emmêlée. Il ne pu s'empêcher de noter la dégaine moins soignée qu'arborait l'écrivain, contrairement à ce qu'il l'avait habitué avant. De larges cernes lui barraient le visage et néanmoins il portait cet air insouciant qui était aussi irritant que rafraichissant.

Après un long soupir où il fit en sorte d'y montrer toute sa frustration et son ennui, il posa ses mains sur ses hanches dans un signe de supériorité et prit un air dédaigneux qu'il savait si bien faire. Pourtant, il fut presque déçu de voir que ce dernier ne prenait pas réellement sur le garçon en face de lui. Ce dernier commençait presque à le cerner trop facilement et s'il en perdait de sa superbe, il mettait un point d'honneur à ne jamais le montrer en face d'autres personnes. Ce satané grand brun d'écrivain ne serait pas l'exception à la règle.

Face au silence du brun, il sentit ses nerfs se dégrader un peu plus et reprit la parole d'un air énervé :

    - Alors, qu'est-ce que tu fous dans ma rue putain ?

En réalité, quand il l'avait vu en ce début de matinée, il n'avait pas directement comprit si son esprit lui jouait des tours ou si tout simplement il était devenu complètement fou pour croire aux miracles. Accoudé à sa fenêtre et encore aux prises d'une de ses si tendres insomnies sentimentales, à la fois tortueuses et apaisantes, il fumait sa cigarette en profitant du silence et de la vue. Les rues sales semblaient s'être effacées sous ce ciel rosé qui venait directement adoucir les mœurs et les émotions trop vives, comme mettant un voile d'anesthésiant sur le cœur et l'âme, si bien qu'il avait eu l'impression que ses poumons s'étaient purifiés à la vitesse de la lumière, que tout son monde s'était calmé et que la tempête de son cœur avait connu une accalmie. Il avait regardé ce rose et avait posé ses orbes ambrées sur les nuages cotonneux qui parsemaient le ciel dans une douceur extrême et il s'en était sentit si apaisé, sentant des souvenirs bien précis lui revenir en mémoire après des jours et des jours d'oubli forcé.

Semblables à ces nuages, il avait sentit une nouvelle fois ces lèvres aussi douces et moelleuses qui s'étaient posées brutalement sur les siennes, il avait sentit encore une fois la différence flagrante d'état d'esprit du jeune homme à ce moment là et il avait été encore une fois parcouru par tous ces frissons qui l'avaient terrassé durant cette nuit qui avait été marquée au fer rouge dans son esprit. Il s'était souvenu de la totalité des émotions qu'il avait ressenti durant cette nuit partagée avec un certain brun et avait senti une nouvelle fois son estomac faire des sauts surprenants et pourtant étrangement agréable.

Il avait été tellement perdu dans ses esprits que, lorsqu'il eut entendu du bruit dans la rue en bas et avait aperçu de longues mèches brunes, il s'était demandé si ses sentiments un peu trop capricieux pour lui n'étaient pas en train de le rendre complètement fou. Il avait passé ainsi de longues secondes à l'observer évoluer dans un univers auquel il n'appartenait pas, se gorgeant de ses réactions et de ses pensées clairement visibles sur son visage encore légèrement juvénile, alors que le blond se demandait silencieusement la raison de la venue du brun dans cette rue si mal famée. Aucun doute qu'il n'était pas venu pour ses beaux yeux d'or, mais il avait aimé s'imaginer son prince charmant tandis que lui fumait à sa fenêtre et avait honteusement mis ces pensées sur le compte de la fatigue accumulée depuis des années. Il ne cherchait pas à comprendre ce qu'il ressentait en compagnie du brun et, puisque ce n'était pas sa colère ou sa frustration si familière, il ne voulait pas prendre peur aussi facilement. Encore et toujours il ne comprenait pas ce gamin qui était devenu bel homme sans doute accompli.

ROSE COTONNEUX T.2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant