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Jungkook sentit son coeur louper quelques battements en sentant le poids de l'autre propulsé sur sa maigre plastique, se sentant rapidement amené à bout de souffle en quelques secondes, l'air complètement expulsé de ses poumons aussi rapidement qu'il dû faire quelques pas en arrière pour éviter la chute. Le geste en soi était semblable à une descente de plume, aussi légère que gracieuse et presque émouvante, la signification, par contre, était bien plus brutale et frappante que le reste. C'était irréel, douloureux et en même temps tellement inespéré qu'il n'était pas sûr d'être en mesure de le supporter maintenant, alors qu'il s'était réveillé il y avait moins d'une demi-heure. Pourtant, le souffle éreinté du blond qui s'écrasait sur sa nuque, ses plaintes et demandes incessantes qui perdaient de leur sens tant elles étaient répétées et ce qu'il pensait même être des larmes venant mouiller sa peau de lait lui fit complètement oublier ses propres préoccupations. Il était là, devant lui, il était faible devant lui, vulnérable et cette simple vision était si douloureuse qu'il voulait juste embrasser la moindre ce des larmes pour les tarir, pour calmer ce coeur meurtri, l'apaiser et lui murmurer dans une voix douce que tout irait bien. Mais l'autre semblait avoir du mal à se calmer, son souffle complètement saccagé par la peur, par les pleurs, par les hoquets. Et qui était l'écrivain pour ne pas reconnaître ces quelques signes ? Qui était-il pour ne pas comprendre l'état mental dans lequel était plongé son aîné ? Il ne comprenait trop bien et il ne savait que trop bien comment réagir. Et tout ce pour quoi il s'était battu était prouvé : il savait comment aider Jimin et il allait le faire du mieux qu'il le pouvait.

Lentement, il enferma le corps du blond contre le sien et referma sa porte d'un coup de pied désintéressé, avant de remonter ses longues mains dans les mèches sèches et cassantes du plus âgé. Ses doigts jouèrent quelques secondes avec les cheveux, caressaient avec douceur le cuir chevelu et faisaient se dresser des frissons incontrôlés sur la nuque de l'autre et il lui sembla même que son souffle se calmait au fur et à mesure des secondes. Lentement, le brun déposa ses lèvres dans un doux contact sur la tempe de son invité avant de les guider dans des pas précautionneux en direction de sa chambre à couché pour installer tendrement Jimin dans ses draps encore empreints de sa chaleur et de son odeur. C'était doux, agréable et le blond ne pu s'empêcher de prendre une grande inspiration de cette fragrance enivrante pour se calmer ne serait-ce qu'un peu. Rapidement, les caresses dans ses mèches de cheveux reprirent et il fut enfin en mesure d'ouvrir ses yeux et de les fixer sur le visage marqué par l'inquiétude de son brun. C'était si doux de n'y lire aucun ressentiment mais bien au contraire une attention encore plus neuve, encore plus prenante que tout ce qu'il avait connu parmi toutes les nombreuses fois où il s'était perdu dans ces deux orbes de néant.

Le silence s'était installé à mesure que la respiration de Jimin s'était calmée, les longs doigts jouant avec tendresse dans les mèches décolorées tandis que l'autre main de l'écrivain venait effacer distraitement les quelques larmes qui roulaient encore silencieusement sur les joues creusées de son aîné. De son amant, de l'homme qui avait son cœur et qu'il possédait tout autant. Jungkook caressait avec douceur la peau douce de l'autre, assis au rebord de son lit tandis que le blond était allongé et replié sur lui-même, ses yeux fins emplis de larmes et rougis par les pleurs, faisant d'une façon certaine ressortir la lumière fragile de ses yeux et leur couleur ambrée, semblable au plus bouleversant et merveilleux océan d'or. Il avait l'impression d'être soudainement plongé dans l'El Dorado et de voir le monde en or, de ne plus voir que par ce filtre que son aîné lui imposait. Lui offrait, lui suppliait d'adopter pour qu'enfin quelqu'un puisse voir le monde comme le voyait le blond. Une sorte de bulle s'était formée entre eux, n'autorisant que des émotions à l'état brut, qui n'avaient même plus besoin d'être parlées pour être transmises. Et ça marchait et soudainement le temps semblait s'être mis en suspend, ne connaissant plus que ces deux hommes, qui perdaient leur nom, leur histoire, leurs émotions, leurs tords et leurs travers pour ne laisser place qu'à eux, juste eux. Eux à deux et rien d'autre pour camoufler ou atténuer leur Vérité. Au petit matin, alors que le ciel peinait à s'élever et éclairer le monde de sa douce aurore, ils devenaient la vérité de l'autre. Et c'était si beau qu'aucun ne sentait forcément le besoin de briser cette bulle si particulière qui semblait se mettre toujours en place quand ils se perdaient dans le regard de l'autre.

ROSE COTONNEUX T.2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant