University

Chapitre III

- Bon, ça va comme ça Deuklo ?

Aurélien se retourna vers Claude qui était avachi sur le canapé du salon de leur appartement. Son ami le considéra de haut en bas avant de souffler d'exaspération.

- Putain Orel, ça va t'attirer des emmerdes cette histoire.

- Vas-y me casse pas mon truc. Je mets quelles pompes ?

- Et s'il te met un stop ?

- Il va pas le faire. Il a vu ce que j'avais écrit, il était troublé la semaine dernière. J'ai bien vu.

- Tu sais que y a plein de mecs dep dans la promo, et même dans la fac toute entière ma poule.

- Ouais, mais t'as vu son sourire ? Et sa voix, putain Deuklo sa voix elle me fait bander.

- Certes. Bon mets les autres, elles sont mieux.

Aurélien lui sourit et continua de coiffer devant le miroir. Aujourd'hui, il avait rendez vous avec G. Tranchant. Comme chaque année, les étudiants devaient choisir parmi leurs enseignants un tuteur qui allait les accompagner toute l'année et les conseiller sur leur orientation. Naturellement il l'avait choisi lui et leur rendez-vous était dans une demie heure.
Claude le regardait faire en se roulant un joint. Naturellement, il l'avait choisi lui et leur rendez-vous était dans une demie heure. Il voyait bien qu'il était très attiré par lui et qu'au-delà d'un défi stupide qu'il aurait pu se lancer, Aurélien était vraiment charmé par son professeur.

* * *

Aurélien frappa trois coups à la porte du bureau de Guillaume avant de l'entendre dire d'une voix autoritaire qu'il pouvait entrer. Aurélien frissonna et se mordit la lèvre avant d'entrer à l'intérieur. Le plus vieux se trouvait à son bureau en train de noter quelque chose dans son agenda.

- Asseyez-vous, Aurélien.

Il ne daigna pas le regarder, continuant de faire ce qu'il avait entrepris avant que son étudiant ne rentre dans la salle. Aurélien s'exécuta et attendit en silence que Guillaume prenne la parole.

- Alors, comment ça se passe pour vous, ce début d'année ?

- Ca va, on à la chance d'avoir des profs formidables cette année... Sourit-il, ne le quittant pas des yeux.

Guillaume s'éclaircit la voix et détourna le regard, gêné par la concupiscence qui émanait des yeux pétillants d'Aurélien. Il retira ses lunettes.

- Donc master linguistique, si je me souviens bien ?

- C'est ça, j'adore m'amuser avec les mots. Je suis assez joueur, vous savez, Monsieur.

- Vous aviez quelles notes l'année dernière dans l'UE linguistique ?

- 16.

Le plus vieux décida qu'il était grand temps de mettre fin à l'entretient, peu importe la raison évoquée.

- Ah, oui, oui, effectivement, c'est bien, c'est bien. Bon, si tout se passe bien, je pense que vous pouvez y aller, Aurélien... Autre chose à rajouter ?

Guillaume se gifla intérieurement pour lui avoir tendu une perche pareille. Aurélien le mettait dans un état qu'il ne comprenait pas. Il avait juste à croiser son regard pour être à deux doigts de flancher. Il n'aurait su dire si son interlocuteur l'agaçait ou l'excitait, mais il n'y était certainement pas indifférent.

- Vous me plaisez. Beaucoup.

- Aurélien, arrêtez ça... S'il vous plaît. Je veux bien ne pas tenir compte de ce que vous avez écrit sur votre fiche de renseignements, mais n'allez pas trop loin quand même.

- C'est pas juste physique, vous savez. J'aimerais vraiment apprendre à vous connaître...

Aurélien posa sa main sur celle de son professeur et celui-ci la retira rapidement, un air agacé sur le visage.

- Ne refaites jamais ça, je suis pas....

Je suis pas comme ça, moi.

- Vous n'êtes pas quoi ?
- Intéressé, je suis pas intéressé.

Aurélien le fixait toujours, mais ses yeux avaient prit une lueur triste. Il n'était pas bête, il avait bien décelé la pointe de dégoût dans la voix de Guillaume.

* * *

- Alors ma poule, comment, c'était ?

Aurélien, mutin, se laissa tomber dans le canapé à côté de Claude. Il retira ses chaussures et le regarda, toujours sans rien dire. Claude lui tendit le joint qu'il était en train de fumer et Aurélien l'accepta.

- C'est un putain d'connard ce type.

- Il t'a foutu un stop, c'est ça ?

- Ca le dégoûte que ça soit un mec qui l'allume, j'aurais été une meuf il aurait pas du tout réagi pareil avec autant de... de mépris.

- Donc tu t'es fait une raison, tu veux plus te le faire ?

- Putain, au contraire Claude, dit-il en reprenant une taffe. Ca me motive encore plus...