Chapitre V

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- Tu viens pas alors ?

- Tu prendras les cours pour moi ?

Aurélien hocha la tête et lança un petit sourire à son meilleur ami avant de mettre un bonnet et de sortir dehors. Claude séchait souvent les cours, ce qui ne lui empêchait pas de toujours valider ses partiels, mais sa présence à la fac était légèrement sporadique. Orel lui ramenait les cours et ils révisaient ensemble le soir avant de sortir dans un bar ou bien d'improviser une petite ré-soi chez eux.

Ce matin, Aurélien sortit seul de l'appartement de la résidence étudiante. Il faisait froid dehors et il soupira en voyant qu'il faisait encore nuit. Le jeune homme n'aimait pas marcher seul car il se retrouvait inévitablement seul avec lui-même et cette seule pensée l'effrayait. Alors, pour palier la solitude qui allait l'envahir jusqu'à la fac, il sortit ses écouteurs et alluma une cigarette.

La musique résonnait dans sa tête, mais il ne l'écoutait pas vraiment. Il pensait à M. Tranchant et se surprit à sourire, bêtement lorsqu'il pensa à la jolie couleur de ses yeux, subtil mélange de vert et de noisette. Devant Claude, il frimait un peu, c'est vrai. Il faisait comme s'il avait un contrôle total de la situation et qu'en un claquement de doigts, il aurait son professeur dans son lit. Mais au fond, il aurait aimé en être si sûr. Perdu dans ses pensées, il ne remarqua pas que quelqu'un marchait maintenant à sa hauteur, un vélo à ses côtés.

- Aurélien ?

Il sentit une main sur son bras et sursauta à ce contact. Aurélien retira ses écouteurs et se tourna vers la personne qui le sortit de ses rêveries matinales.

- Monsieur... Vous m'avez fait peur... Dit-il, accompagné d'un petit rire discret.

- Désolé, c'était pas l'effet escompté.

- Problème de transport ?

- Ouais... Le pneu est crevé.

- Vous avez beaucoup de route ?

- Non, ça va. Un quart d'heure... Et vous, vous faites toujours le trajet à pied ?

- Ouais... dit-il en souriant. Des fois, je suis avec Claude, mais là, il est... il est malade. Il est resté chez nous.

- Je vois... Claude, c'est votre...

- Mon mec ? Éclata de rire Aurélien, alors là pas du tout ! C'est mon meilleur pote depuis toujours et on s'est pris un appart' pour payer moins cher, c'est tout.

- Ah... je vois...

Aurélien observa Guillaume qui paraissait gêné, il le trouva naturellement craquant et décida de sauter sur l'occasion pour en savoir un peu plus.

- Pourquoi, ça vous intéresse de savoir si j'ai quelqu'un ?

- Non, non...

Ca y est, Guillaume rougissait. Et plus ses joues se teintaient de rose, plus le sourire d'Aurélien s'agrandissait.

- Non, c'est juste que... que comme vous, m'avez fait des avances...

- Avances que vous avez refusées, Monsieur...

Aurélien prit un air triste qu'il amplifia afin d'attendrir son interlocuteur.

- Aurélien... Je... Je vous ai dit, je suis désolé si je vous ai blessé.

- C'est bon, c'est rien...

Le plus jeune le regarde dans les yeux, il est si beau. Il a envie de le plaquer contre un mur et de l'embrasser à pleine bouche.

- Et vous ? s'intéressa Aurélien, reprenant une taffe de sa cigarette.

- Et moi quoi ?

- Vous avez quelqu'un ?

- Moi, non... Aurélien écoutez... Arrêtez ce petit jeu, s'il vous plaît.

Guillaume s'arrêta de marcher et Aurélien l'imita.

- Un jeu ? C'est pas un jeu pour moi.

Bon, si, peut-être un tout petit peu, se dit-il intérieurement.

- Je comprends pas ce que vous attendez de moi, je vous ai dit que j'étais pas intéressé.

Devant l'air déçu de son étudiant, Guillaume se sentit chavirer.

- Vous êtes charmant, Aurélien... Je suis sûr que vous allez trouver un jeune homme de votre âge.

- Vous me trouvez charmant ?

- Bien sûr...

Guillaume détourna le regard, ne voulant pas que l'autre puisse lire dans ses yeux comme dans un livre ouvert. Il se remit à marcher, agrippant le vélo par le guidon. Aurélien le rattrapa, pressant le pas.

- Vous êtes... Troublant.

- Troublant.

- Oui, troublant et je suis sûr que vous le savez parce que vous en jouez constamment et ça m'agace. Je ne sais pas si ça marche sur vos autres conquêtes, mais pas sur moi.

- Ou alors peut-être que ça marche trop bien, justement ?

- Aurélien.

Guillaume s'arrêta de nouveau et le regarda droit dans les yeux. Son cœur battait très fort et malgré la froideur de l'hiver qui arrivait doucement, mais sûrement, il avait chaud.

- Aurélien, je vais être honnête. Oui, ça marche, oui vous me troublez avec votre air faussement innocent et vos cheveux jamais coiffés, toujours en bataille, c'est adorable.

Guillaume remit une mèche d'Aurélien derrière son oreille.

- Oui, je vous trouve charmant et vous le savez très bien. Mais trouvez vous quelqu'un d'autre pour vous amuser, j'ai passé l'âge. J'ai au moins dix ans de plus que vous alors, s'il vous plaît, arrêtez d'essayer de me mettre dans votre lit, ça ne m'intéresse pas.

Sur ces mots, Guillaume s'empressa de reprendre sa route jusqu'à la fac, regrettant tout ce qu'il venait de dire. Non pas parce qu'il ne le pensait pas, mais plutôt parce qu'il savait qu'Aurélien n'allait pas arrêter de le séduire, bien au contraire. Et Guillaume savait au fond de lui il n'attendait que ça.

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