* Chapitre VIII

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Aurélien déambulait dans les rayons du supermarché à la recherche de quelque chose à manger ce soir. Ca faisait des semaines que lui et Claude ne mangeaient que des trucs préparés à réchauffer au micro-ondes ou bien ils commandaient chinois, macdo, pizza et autres joyeusetés caloriques. Ils auraient pu continuer comme ça toute leur sainte vie d'étudiants si Aurélien n'avait pas surpris (enfin, surpris...) une conversation entre Matthieu et Guillaume où ce dernier confiait à son ami qu'il était allé dans un restau où ils ne servaient des plats préparés qu'avec des produits locaux et bio. Le jeune Orel en avait alors déduit que si jamais il y avait ne serait-ce qu'une infime possibilité pour qu'un jour il sorte avec Guillaume, ce dernier ne supporterait certainement pas de manger des plats préparés tous les soirs. 

Alors il avait décidé d'aller faire des courses et acheter "des vrais légumes". C'était la raison pour laquelle Aurélien Cotentin manipulait avec attention courgettes et autres cucurbitacées depuis une bonne dizaine de minutes. Il avait observé les "habitués", ces gens qui savent choisir un melon ou des avocats rien qu'en les tâtant. Ca avait l'air si simple mais fallait-il que ce soir dur ? Mou ? Entre les deux ? Au final, Aurélien avait fait semblant de s'y connaître, avait prit un air très sérieux avant de tâter de la tomate et de la mettre dans son panier, l'air sûr de lui. 

Claude avait trouvé ça ridicule puis s'était allumé un joint, le laissant à ses élucubrations culinaires. Orel avait conscience que c'était très certainement ridicule mais si jamais il y avait moyen avec Guillaume, il voulait mettre toutes les chances de son côté. Il s'imaginait déjà lui préparer des petits plats healthy puis ensuite ils se poseraient sur le canapé, lovés l'un contre l'autre à regarder la dernière saison de Black Mirror. Il était évident qu'Aurélien lui ferait l'amour à un moment donné dans tout ce beau programme mais sans fruits et légumes bio, sa soirée parfaite avait peu de chance d'aboutir. 

- Votre avocat n'a pas l'air très mûr... Si vous comptez le mangez ce soir, il vaudrait mieux en prendre un plus mou. 

Aurélien se retourna, l'avocat à la main et fut surpris de voir Guillaume, un petit sourire aux lèvres. Il avait dans ses mains un petit panier en osier rempli de choses alléchantes qui ne se passaient pas au micro-ondes pour être prêtes. Le jeune homme lui rendit son sourire mais en plus expressif. 

- Vous allez bien, monsieur ? 

- Ca va, je vous remercie. Et vous ? 

- Oh, oui.... J'ai décidé de faire une ratatouille. 

- Avec des avocats. 

- Euh... Ouais, c'est une nouvelle recette, j'ai vu ça sur internet. Ca avait l'air cool. 

Aurélien passa une main dans ses cheveux pour dégager son visage de ses mèches rebelles. Il se mordit la lèvre devant le petit sourire amusé de son professeur. 

- D'accord... Bon, eh bien, je vous souhaite une bonne soirée. Ca m'a fait plaisir de vous voir, Aurélien...

Alors que Guillaume s'apprêtait à partir, Aurélien hésita quelques instants avant de lancer de but en blanc une information qu'il jugeait nécessaire de partager avec l'autre homme.

- Je cuisine super bien, vous savez. 

Son professeur se retourna vers lui, intrigué d'une telle déclaration.

- Je veux dire... J'aime bien les légumes tout ça. Enfin les trucs bios, quoi. 

- D'accord...?

Guillaume ne voyait vraiment pas où Aurélien voulait en venir.

- Non, c'est tout. Je voulais juste que vous sachiez que je sais cuisiner. 

Guillaume commence à comprendre, il essaye très subtilement de lui faire comprendre qu'il est bon à marier. 

- C'est amusant mais j'ai du mal à vous croire...

- Comment ça ?

- Je sais pas, une intuition, peut-être ?

La voix de Guillaume ainsi que ses yeux pétillants se voulaient moqueurs. Il fallait l'avouer, Aurélien était peut-être un garçon et son étudiant mais il était vraiment craquant quelques fois. Mais seulement quelques fois. C'était agréable de laisser séduire, de se laisser conter fleurette d'une manière adorablement maladroite. Il était certain que ce flirt n'allait mener à rien de concret, il n'allait certainement pas risquer sa carrière pour un gamin de vingt ans qui ne sait même pas choisir ses avocats. Mais lorsqu'il voyait Aurélien se donner du mal pour lui faire croire qu'il savait cuisiner, il ne pouvait pas s'empêcher d'être touché un peu plus qu'il ne l'aurait pensé. La dernière fois que Guillaume s'était senti désiré comme ça remontait à bien trop longtemps pour qu'il ose compter. Mais depuis qu'il laissait plus ou moins Aurélien tenter par tous les moyens de le séduire, il se sentait bien, ravi d'être beau et désirable aux yeux de quelqu'un, aussi masculin qu'il soit. Mais ça, il ne se l'avouait même pas à lui même.

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