À la machine à café du bâtiment B de l'université, Gringe insérait une pièce de cinquante centimes dans la fente. Il ne cessait de repenser à la façon dont s'était déroulé son entretient avec Aurélien quelques jours auparavant. Il avait réagi comme un vrai connard et Aurélien avait du croire qu'il n'était pas à l'aise avec son homosexualité alors que pas du tout. Il n'était tout simplement pas attiré par les garçons et l'audace de jeune homme le troublait plus qu'il ne l'aurait pensé.
- Guillaume !
Il sentit une main se poser sur son épaule et se retourna pour faire face à Matthieu, son ami et collègue.
- Eh salut, je t'attendais. Tu veux un truc ? Il me reste une pièce.
- Nan, t'inquiète, c'est bon. Alors vous êtes bien installés ?
- Ouais, très bien. Faudra que tu passes un de ces quatre.
Matthieu et Guillaume allèrent s'installer à une petite table. Ils avaient fait leurs études ensemble, à Caen et c'était Matthieu qui avait obtenu une place à son ami à la fac. Il avait été à ses côtés quand son ex compagne était partie, l'hébergeant le temps qu'il trouve un endroit où vivre qui ne lui rappelait pas Émilie.
- Ca se passe bien la reprise des cours ?
- Ca va... dit-il en portant le gobelet à ses lèvres. Je pensais pas que ça m'aurait autant manqué d'enseigner.
- T'as eu raison de prendre du temps pour te remettre de toute cette histoire.
Matthieu posa une main sur son avant-bras, un geste par lequel transparu toute l'amitié qu'il avait pour lui. Guillaume avait vraiment souffert à cause de cette femme, il était heureux de voir qu'il semblait retrouver une petite vie paisible. Ils continuèrent à discuter de tout et de rien, Matthieu apprenant à son ami que leur pote de fac Ablaye allait passer un week-end dans le coin un de ces quatre et qu'ils étaient obligés d'organiser quelque chose ensemble. Guillaume s'en trouva fort ravi, heureux de retrouver des bribes d'insouciance estudiantine.
- J'vais me chercher un autre café, t'en veux un ?
- Ouais, merci.
Le brun se leva de sa chaise et se dirigea vers la machine où il tomba nez à nez avec Aurélien. Ne sachant pas vraiment quoi faire ou dire dans de telles circonstances, il se contenta de faire couler le premier café. Son étudiant ne daignait même pas le considérer. Ne supportant pas cette indifférence, Guillaume se senti obliger de prendre la parole et d'une voix hésitante déclara :
- Aurélien, écoutez, pour ce que je vous ai dit l'autre jour...
Pas de réponse, pas même un regard.
- Je suis désolé, vraiment. Si j'ai pu vous faire croire que... enfin. Ca me dérange pas. Enfin... C'est pas ça qui me gêne.
- Ca quoi, Monsieur Tranchant ?
Aurélien le regarda, plantant son regard dans le sien. Guillaume sentit une sensation étrange se loger dans son bas-ventre, l'assurance et l'aplomb du jeune homme le rendant tout chose.
- Vous savez... Je veux dire que le fait que vous soyez un garçon... C'est pas ça qui me gêne. C'est juste que... Je ne suis pas intéressé et vos avances me mettent mal à l'aise... Parvint-il à articuler.
- D'accord.
Aurélien lui sourit et tourna les talons, laissant son professeur dans l'incompréhension la plus totale. Ce dernier l'observa s'en aller en direction de son ami Claude, sortir une cigarette de son paquet et rejoindre l'extérieur. Il se trouva bête, un seul regard un peu insistant et voilà qu'il était à deux doigts de vaciller. La beauté si masculine d'Aurélien le laissait interdit.
* * *Aurélien était assis sur un banc à côté de Claude, devant l'entrée principale. Il faisait froid ce jour-là, mais le plaisir d'une cigarette après trois heures de grammaire, c'était priceless.
- J'ai vu que tu parlais au prof de phono. Alors ?
- Il s'est excusé.
- Ah ouais, carrément ma poule ! J'en connais un qui va se faire séçu dans les chiottes bientôt !
- Ah, dégueu. J'aime que les trucs sales dans des endroits propres moi. J'veux faire les choses bien avec lui.
- T'aurais peut-être dû rentrer dans le sujet de manière moins abrupte, peut-être que ça aurait mieux marché...
- J'sais pas. Le mec, j'ai juste à le fixer dans les yeux, je le désarme direct... donc, j'pense que y a grave moyen.
- Enfin, qui ne serait pas confus avec ton attitude, le gars sait simplement pas comment réagir. Tu ferais mieux de lâcher l'affaire, ma biche. Regarde moi tous ces petits pds qui grouillent sur le campus, ils n'attendent que toi !
Aurélien lui donna un coup dans le bras pour lui signifier poliment de fermer sa gueule, en riant.
- Je sais pas pourquoi, il m'obsède. Et plus il va me repousser, plus je vais avoir envie de lui.
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University
FanfictionAurélien est étudiant en dernière année de licence à la fac. Histoire en réécriture ❤️