Chapitre XXVI* (petit 🍋)

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Les quelques minutes qui suivirent cet entretient téléphonique rendirent Aurélien encore plus fébrile qu'il ne l'était déjà. Les shots à foison, les bières, les clopes sur clopes qu'il avait enchaîné, rien de tout ça ne pouvait égaler la sensation de nausée qui creusait son coeur à cet instant. La pièce tournait autour de lui, une douleur lancinante vint se loger au niveau de ses tempes et il se sentit tout d'un coup prit de vertiges. Il avait chaud, beaucoup trop chaud pour un soir d'hiver mais la sensation de toute puissance provoquée par l'alcool s'estompait peu à peu et Aurélien redescendait doucement sur terre, chutant néanmoins brutalement grâce à Guillaume et son gentil stop.

Le coeur en miette, le jeune homme décida qu'il lui fallait de l'air alors le pas hasardeux, les idées pas claires et la peau transpirante, il s'en alla dehors en prenant soin de récupérer son paquet de cigarette dans sa veste. Il se faufila avec brio parmi les invités, évitant les questions que Claude lui aurait poser s'il avait croiser sa route et fila à l'anglaise.

Le trajet qui le mena de son appartement plein de vie à la rue déserte lui avait un peu fait penser à autre chose. Un pas après l'autre, en veillant bien à ne pas se casser la gueule dans les marches, il était finalement arrivé a destination. Dehors, il s'installa sur les marches de l'immeuble et alluma une cigarette qu'il jugea bien méritée. La fumée abrasive de la première tafe lui redonna un sursaut de vie et il se rendit compte qu'il aurait bien plus de mal à arrêter Guillaume que la clope.

Au loin, il entendait la cohue festive, tous ces gens heureux qui célèbrent la fin d'un cycle, d'une année, pour le commencement d'une autre. Bienheureux les ignorants, se dit Aurélien qui faisait toujours un peu dans le mélo. Assis en tee-shirt dans la rue en ressassant inlassablement sa conversation avec Guillaume, il ne pouvait s'empêcher d'égaler toute la misère du monde à la sienne tel un poète maudit qui crache toute sa peine en noyant son chagrin dans l'eau trouble de la fée verte.

Il resta là une bonne petite heure, enchaînant clope sur clope jusqu'à finir son paquet qu'il se leva pour jeter dans une poubelle voisine. Et puis entre temps, il s'était laissé aller à quelques larmes, parce que franchement, il avait mal. Il sentait poindre la fin de sa relation avec Guillaume, il la voyait arriver de manière inévitable et il se demandait comment il allait pouvoir gérer le fait de ne plus l'avoir dans sa vie. En quelques mois, cet homme était devenu toute sa vie, son seul sourire suffisait à Aurélien pour sourire à son tour. Bien que saoul, il ne regrettait en rien les mots qu'il avait prononcé plus tôt au téléphone, ils étaient ceux d'un jeune homme sincèrement amoureux.

Alors qu'il jugea qu'il était peut-être temps de monter car il commençait sincèrement à avoir froid, il vit une voiture s'arrêter à sa hauteur. Intrigué, Aurélien releva ses jolis yeux noirs bordés de larmes vers la vitre qui se baissa lentement.

- Orel ? Qu'est-ce que tu fais dehors ? Tu pleures ?

Guillaume.

Orel ne répondit rien. Il sécha ses larmes rapidement, honteux d'avoir été pris sur le fait en flagrant délit d'émotivité. Mais Guillaume ne voulait pas en rester là, Aurélien l'entendit soupirer.

- Orel, monte.

- Pourquoi faire ?

- Monte, je te dis. Et fais pas de bruit, Matthias dort derrière.

Orel considéra Guillaume quelques instants, il n'avait pas l'air en colère. Néanmoins, il paraissait plutôt... préoccupé. Ses sourcils étaient légèrement froncés et ses mains ne semblaient pas vouloir rester immobile, il tenait nerveusement le volant. Sans dire un mot, le plus jeune se leva, contourna la voiture et vint s'installer à côté de lui côté passager. Un coup d'oeil dans le rétro intérieur l'attendrit, le petit garçon dormait à poings fermés dans son siège. Guillaume l'avait habillé d'un petit smoking à sa taille en plus de lui avoir mis un petit noeud pap'. Il était vraiment craquant.

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