Trilogie Styles [Tome 1]

Chapitre 18

Chapitre 18  :

Après avoir confié nos affaires à Richard – je n'emporte que le Leica –, nous sortons par derrière et empruntons un sentier qui nous mène jusqu'à la piscine de l'hôtel. Nous traversons un restaurant à ciel ouvert, puis longeons des courts de tennis. Deux couples hilares disputent une partie. À force de se lancer des vannes, ils ratent la plupart de leurs coups.

  

– Un terrain de tennis à l'hôtel ? Étonnant ! C'est votre idée ?

  

– Pas du tout. Les courts étaient déjà là quand j'ai acheté l'hôtel.

  

Je me fais des films ou bien il marche plus vite, tout à coup ? Moi, je ralentis l'allure et m'appuie contre un banc pour observer les joueurs. Je les regarde, mais c'est Harry que je vois. Jambes musclées et bronzées, larges épaules, bras puissants... Ses dents serrées, sa détermination...

Je l'entends revenir derrière moi.

  

– Allons-y, me dit-il. Je tiens à vous montrer la jetée, mais je dois être de retour à trois heures au bureau.

  

– Oui, bien sûr ! J'avais oublié.

  

Je lui prends la main et nous continuons notre balade. Après avoir quitté le terrain de l'hôtel, nous flânons devant de charmantes maisons en stuc.

  

– Et ça vous manque ? Le tennis...

  

Nous tournons à droite dans un petit parc verdoyant. Devant nous, il y a la plage et l'océan

Pacifique dont les eaux bleu vert étincellent sous le soleil de la mi-journée.

  

– Pas du tout, réplique Harry d'un ton neutre. Il m'a répondu du tac au tac. Pourtant, je ne sais pourquoi, je ne le crois pas. Je n'insiste pas, convaincue qu'il va se confier. Je ne me suis pas trompée. Au début, j'adorais ça, reprend-il. Mais le temps a passé et le tennis a cessé de m'amuser. J'en avais ras le bol.

  

– C'est la compétition qui vous a écœuré ? Mais ça ne vous concerne plus, maintenant. Jouer pour le plaisir, ça ne vous dit rien ? Je ne devrais pas vous l'avouer, mais je rêve de taper dans la balle avec vous un de ces jours.

  

– Je ne joue plus au tennis, m'assène-t-il d'un ton ferme qui contraste avec ma suggestion inoffensive.

  

– Oh ! désolée...

  

Je hausse les épaules, un peu perplexe. J'ai touché un point sensible, c'est évident. Où est passé le charmant compagnon de promenade qui plaisantait et me draguait il y a encore quelques minutes ?

  

Il me jette un regard en coin, puis lâche un profond soupir, visiblement gêné :

 – Mais non... C'est moi qui suis désolé. Dès qu'il me sourit, la glace commence à fondre, me dévoilant les jolies choses qu'elle cachait jusqu'alors. J'en ai terminé avec le tennis, voilà tout. Comme vous avec les concours de beauté. Vous n'y participez plus, si ?