cœurs sanglants | yoonmin

𝖈𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝖘𝖊𝖎𝖟𝖊

La porte de l'appartement s'ouvre dans un silence presque inquiétant. Yoongi referme la porte et la verrouille de deux tours de clefs, avant de déposer celles-ci dans la coupelle, sur le meuble de l'entrée, essayant de ne pas faire de bruit. Il dépose sa mallette dans l'entrée avant d'ôter son manteau humide et ses chaussures de costume.

Éreinté, il déambule dans l'appartement et s'arrête devant la porte de sa fille, hésitant. De la lumière sort par dessous la porte. Silencieux, il entre dans la chambre et s'assoit au bord du lit de Dae, qui malgré elle, est toujours éveillée, un conte pour enfants sur les genoux. C'est le préféré de Jimin. 

Un sourire fleurit sur son visage lorsqu'elle qu'il s'agit de son père, et tend les bras pour qu'il la prenne contre lui, lui faisant sa petite mine de chien battu pour l'attendrir. Ce qui fonctionne, car Yoongi sourit avec tendresse et la prend dans ses bras avec plaisir, la serrant fortement contre son torse.

— Pourquoi c'est pas toi qui m'a couchée ? se plaint la petite fille en boudant un peu.

— D'habitude tu insistes pour que ça soit Jimin qui te couches, la taquine-t-il.

— Oui mais c'est différent, je sais que tu viens me dire bonne nuit après. Là, tu n'es pas venu !

— Je suis désolé, j'avais beaucoup de travail à finir.

La petite fille lâche un bâillement avant de cligner plusieurs fois des paupières et de se frotter les yeux. Yoongi caresse doucement ses cheveux, le regard tendre, et la borde quand elle s'allonge de nouveau. Il dépose un baiser sur son front, avant de poser à ses côtés sa peluche favorite et de ranger le livre dans l'étagère. Il met un point d'honneur à ce que sa chambre soit toujours parfaitement rangée et astiquée du sol au plafond. Et Dae a progressivement adopté ce trait de caractère, puisqu'elle peut passer des heures à ranger des objets déjà rangés et à nettoyer tout et n'importe quoi, comme une grande.

— Dors maintenant, petite princesse, souffle-t-il en déposant un long baiser sur son front.

— Bonne nuit papa.

— Bonne nuit ma chérie.

Le père de famille quitte la chambre de sa fille, fermant doucement la porte derrière-lui, avant d'aller dans la salle de bain mettre ses habits au sale. Il en profite pour faire une légère toilette, n'ayant pas le courage de prendre une douche à cette heure. Il n'a qu'une envie : rejoindre Jimin dans leur lit. N'ayant pas prévu de faire un crochet par la chambre de sa fille, il s'était imaginé aller dormir de suite, et désormais, il est complètement réveillé. Il espère que le jeune homme ait oublié sa déclaration, qu'il avait imaginé faire autrement. Lui avouer ses sentiments au téléphone, sérieusement ? 

Il dépose son costume de travail dans le panier à linge sale, avant d'aller directement, cette fois-ci, dans sa chambre. Il y trouve Jimin, également réveillé, qui lit difficilement un livre pour préadolescent cette fois-ci, grâce à la lumière de sa lampe de chevet. Depuis quelques jours, Dae et Yoongi lui apprennent à déchiffrer les mots, les phrases, et à calculer, et le jeune homme a fait beaucoup de progrès en peu de temps, pour leur plus grande fierté.

En le voyant arriver dans leur pièce, il dépose son petit roman à ses côtés et regarde le plus vieux s'écraser à ses côtés, laissant promener ses yeux sur sa carrure. Même après une journée éreintante, il reste quand même sexy à s'en damner.

Avec un automatisme désemparant, le plus jeune se tourne vers Yoongi et se met à lui caresser tendrement les cheveux, comme le père l'a fait plus tôt avec sa fille.

— Alors ? Qu'est-ce qui t'a retenu aussi tard à ton travail ? demanda le brun avec douceur.

Même s'il devine que Yoongi n'a pas forcément envie d'en parler, il a besoin de réponses. Ce dernier a les yeux fermés et semble ronronner grâce aux papouilles du plus jeune.

— Quand tu es venu à l'entreprise avec moi, les gens se sont posés des questions sur qui tu étais. Des rumeurs sont apparues, et se sont répandues dans tout le quartier. Donc mon père m'a convoqué dans son bureau et m'a interdit de revenir travailler tant que les rumeurs persistaient.

— C'est pour ça tu es resté aussi longtemps là-bas...

— Oui, pour essayer d'arrêter ces putains rumeurs.

Sa voix baissant en octave à mesure qu'il commence à s'endormir, mais il rouvre les yeux directement en sentant les mains du brun quitter son crâne chevelu.

— Et qu'est-ce qu'elles disent, ces rumeurs ? s'enquiert Jimin, les sourcils froncés.

— C'est dégradant sur toi, je trouve, je... bégaie Yoongi.

— Dis-moi.

— Des femmes jalouses ont commencé à dire que tu étais un... escort.

— Attend, ces connards croient vraiment que je suis ta pute ? s'emporte-t-il en serrant les poings, hors de lui.

Le plus vieux se relève du matelas avec ses coudes et entrelace ses doigts aux siens. Leurs regards se croisent et Jimin se calme instantanément. 

Les larmes aux yeux, il se cale contre Yoongi, qui se rallonge sur le flan, et pos son front contre celui de l'autre. Des centaines de question tournent dans son esprit, le faisant angoisser. Il prend une grande inspiration, posant sa tête sur le pectoral de l'aîné, après avoir déposé un léger baiser dans son cou dans un geste purement impulsif.

— Yoon', s'ils apprennent que je vis avec toi illégalement, qu'est-ce qu'ils vont faire ? Qu'est-ce qu'ils vont dire, mentir, pour m'enfoncer ? gémit le brun, les mains tremblantes. Je ne veux pas retourner chez mes parents...

Ses doigts s'enfoncent un peu dans son torse alors qu'il recommence à paniquer. Les larmes perlent au coin de ses yeux. Sa respiration accélère tandis que Yoongi le colle contre son torse nu. Désormais, c'est lui qui caresse le crâne du plus jeune, et qui le rassure du mieux qu'il le peut. À part Dae, il n'a jamais vraiment réconforté d'autres personnes. Voir Jimin dans cet état lui brise le cœur, il a l'impression que tout est de sa faute. Peut-être qu'il n'aurait rien dû lui dire ?

Non, il connaît l'adolescent, et ce dernier lui aurait fait la guerre s'il avait su qu'il avait lui menti.

— Je te promets que ça n'arrivera pas. Je te protégerais, Jimin, je te le promets, répéta-t-il, comme pour se convaincre lui-même.

Peut-être qu'il n'aurait jamais dû promettre.