cœurs sanglants | yoonmin

𝖈𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝖛𝖎𝖓𝖌𝖙-𝖖𝖚𝖆𝖙𝖗𝖊

Jimin ouvre les yeux. Son corps est engourdi par les dizaines de bleus éparpillés sur son corps ; il doit aussi avoir une côte fêlée. Il est étendu sur son lit, brisé. Il regarde le plafond d'un air neutre. Il est comme vide, comme s'il n'est plus qu'une simple coquille vide. Le lendemain, il devrait se présenter devant le juge, et témoigner en faveur de ses parents. Donc contre Yoongi.

Contre Yoongi.

Yoongi.

Il éclate en lourds sanglots, son cœur se brisant encore une fois, son courage définitivement piétiné. Cette fois-ci, il ne pourrait pas s'en sortir. S'il témoigne pour son amant, il est certain de mourir sous les coups de son géniteur, mais s'il témoigne contre lui, Yoongi irait en prison, et n'aurait plus le droit de l'approcher. Qu'est- il censé faire ? Il ne peut pas s'enfuir puisque ses parents l'ont enfermé à clef dans sa chambre, et ont enlevé l'échelle dont il se servait pour s'échapper par la fenêtre.

Le brun n'a aucune solution, aucune échappatoire.

Du côté de Yoongi, il est également allongé, mais pas sur un matelas, comme Jimin. Son corps est endolori à cause de la dureté de son lit en pierre. Il a fini par s'allonger sur le sol, qui est plus confortable que le bout de béton sur lequel il est censé dormir. Il n'a pas de couverture, pas d'oreiller, et les gardes n'ont même pas pris la peine de lui donner un plateau-repas. Ils se contentent de l'ignorer ou de lui lancer des regards remplis de dégoût.

Il finit par se relever et s'étirer. Yoongi se sent horriblement sale, et il a très faim. Il lâche un bâillement, et soupire. Son père a promis de venir le voir avec du thé, et il est déjà quatorze heures, si on en croit l'horloge murale, près du bureau du lieutenant. Il rêve d'une douche bien chaude et d'un festin. Mais son appétit se coupe rapidement lorsqu'il se rend compte que Jimin doit sûrement être retourné avec ses géniteurs.

Avec mélancolie, le jeune homme pense au visage de son amant, à ses yeux qui disparaissent lorsqu'il sourit, à ses cheveux bruns toujours emmêlés, à ses petites mains qu'il adore prendre dans les siennes, à ses câlins toujours chauds et doux...

Yoongi sent une larme rouler sur sa joue. Jimin ne sera-t-il donc jamais heureux dans sa vie ? Ne pourront-ils jamais être ensemble, sans avoir peur d'être séparés ? Il passe sa paume sur sa joue humide, et laisse son regard dériver vers la fenêtre entrecoupée par des barreaux en fer. Il continue de pleuvoir. Pendant la nuit, Yoongi a eu le plaisir de n'entendre aucune goutte de pluie tomber sur le toit, rien pour perturber le sommeil qui n'est définitivement pas venu.

Seokjin se réveille dans les bras de Minho, qui le regarde avec tendresse. Son cœur loupe un battement et il ne peut que sourire, sentant ses joues rougir. Le plus jeune dépose un long baiser sur ses lèvres avant de passer la main dans ses cheveux en bataille. Il repose tranquillement sur son torse.

À quarante-et-un ans, le PDG a un corps d'Apollon. Aucune graisse, du moins superficielle, juste du muscle, pur et dur. Ses épaules sont carrées, son dos tatoué musclé, et le plus jeune a pour plaisir de laisser ses doigts glisser sur les abdominaux en béton de son amant.

— Comment vont tes reins ? souffle le plus âgé en passant un bras possessif autour de ses hanches.

— Bien, grâce au massage d'hier, sourit le blond.

Après avoir discuté un peu, les deux hommes se lèvent et rejoignent la salle de bain. Ils se préparent avec rapidité, s'échangeant des baisers lorsqu'ils se croisent, et partent de l'appartement de Minho vers quatorze heures trente. Jin prend sa voiture pour se diriger vers l'entreprise, tandis que le père de famille se dirige vers  commissariat, posant son thermos de thé sur le siège passager.

L'employé a l'interdiction de Minho d'aller voir son ami en cellule. Il ne comprend pas pourquoi, et lorsqu'il lui a posé la question, le quarantenaire lui a répondu qu'il allait faire capoter son plan. Sur le coup, le plus jeune l'a mal prit, puis a réalisé qu'il avait raison : il aurait sûrement frappé les policiers qui se trouvent dans le bâtiment pour faire enfuir son ami d'enfance. Il ne reste jamais objectif longtemps quand ce dernier se trouve dans une situation délicate.

Yoongi voit arriver son père, dans son éternel costume, un thermos à la main. Comme la veille, il demande à ce qu'on lui ouvre la porte, et vient s'asseoir sur le banc en béton, ouvrant son thermos.

— T'en veux ? demande-t-il en lui agitant sous le nez.

— Évidemment, répond son fils.

Minho sert le thé, et ils boivent à petits gorgées pendant de longues minutes. Yoongi meurt d'envie de lui demander ce qu'il avait prévu pour sa défense, au tribunal, s'il compte engager un avocat ou il ne sait quoi d'autre. Connaissant son père, ce dernier ne lui dira rien pour lui garder la surprise. Ce qui voulait sûrement dire qu'ils gagneront le procès et qu'il serait bientôt libre. Qu'avait-il bien pu prévoir ?

Cependant, il ne sourit pas. Ses pensées restent rivées sur Jimin, qui doit s'en prendre plein la figure depuis la veille.

— Alors comme ça tu prends du plaisir pendant que toi fils croupit en taule ? ironise-t-il en pointant son cou.

— Quoi ? Oh le petit con, jure Minho en plaquant sa main sur les marques.

— Tu t'es tapé un homme en plus ? On est gay de père en fils dans la famille ou quoi ? ricane le coloré. 

Yoongi éclate de rire et tira le col pour observer le travail de Seokjin, même s'il n'est pas conscient que c'est son ami qui a littéralement dévoré le cou de son père. Il n'arrive pas à croire que ce dernier se soit envoyé en l'air alors qu'il pourrit en prison. Mais bon, cela fait longtemps qu'il ne lui a présenté personne, peut-être que ses flirts se sont concrétisés la veille ? Il ne peut pas lui en vouloir, au final.

— Ça suffit sale gosse, grogne celui-ci, gêné et les joues rouges, en le repoussant. J'ai une bonne nouvelle pour toi : Jieun a retiré sa plainte contre toi.

Le vert reste bouche bée quelques instants, le regardant avec des étoiles dans les yeux. Si la jeune femme a enlevé sa plainte, sa peine serait sûrement moins lourde.

— Grâce à toi, je suppose ? reprend-il doucement.

Pour seule réponse, il reçoit un clin d'œil complice. Yoongi le regarde se lever tout en pestant contre la saleté de la pièce, après avoir posé sa tasse à moitié pleine sur le banc en béton. Il époussette son pantalon de costume et fait craquer ses épaules. D'un point de vue objectif, Minho est un très bel homme.

— Au fait, dit celui-ci en se dirigeant vers la sortie de la cellule, c'est Seokjin.

— C'est Seokjin qui t'a persuadé de ne pas la tuer ? se moqua son fils.

— Non, c'est lui qui m'a fait toutes ces marques.