𝖈𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝖛𝖎𝖓𝖌𝖙-𝖉𝖊𝖚𝖝

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Yoongi est assis dans une petite cellule, les coudes posés sur les genoux et le visage baissé, en détention provisoire, dans le commissariat de son quartier. Silencieux, il supporte les regards dégoûtés des policiers sur lui depuis environ deux heures. Ses yeux ne quittent pas ses mains, qui ne cessent de se triturer entre elles. On lui a enlevé son téléphone, sa ceinture, ses bijoux et tous ses accessoires.

Malgré l'ennui, et le mépris dont il est victime, la chose la plus dure est l'absence de Jimin. Que peut-il faire, à cet instant précis ? Que pouvait-il-il de lui ? Viendrait-il le voir ? Non, il n'aurait sûrement pas le droit de venir le voir. C'est injuste, bon sang. Il a enduré les coups de ses parents jusqu'ici sans rien dire, et voilà qu'on lui retire le seul bonheur qu'il a eu de sa vie !

Il croise les doigts pour que son amant ne retourne pas chez ses géniteurs. Il ne faut pas qu'il retourne là-bas, il n'y survivrait pas. Pas alors qu'il a fugué pour s'enfuir de leur maison.

 Vous avez de la visite, crache l'un des hommes.

Le vert se lève brusquement et se colle aux barreaux lorsqu'il voit son père, le visage blême et froid. Il semble vraiment épuisé. Le directeur d'entreprise passe une main sur son visage et lâche un soupir à peine perceptible. 

Pourquoi tu ne m'as pas dit qu'il était mineur ? lâche-t-il en croisant les bras sur sa poitrine.

— Qu'est-ce que tu aurais pensé, si ton fils de vingt-quatre ans t'avouait qu'il était amoureux d'un mineur ? contre-attaque-t-il, sur les nerfs.

Le quarantenaire garde le silence et détaille son fils. Il interpelle l'un des gardes et lui demande de lui ouvrir la cellule, pour qu'il puisse y entrer et avoir une discussion plus intime. Le policier observe longuement le père et finit par ouvrir la cellule, sans un seul regard pour le prisonnier provisoire. Minho s'assoit sur le banc en béton où est censé dormir son fils, avant de desserrer sa cravate dans un geste automatique. Ici, il a l'impression d'étouffer. Il n'a jamais aimé ce genre d'endroit, et voir son fils enfermé comme un criminel lui donne des nausées.

Tu te rends compte dans la merde que t'es ? reprend l'autre en essayant d'adopter un ton doux. Tu aurais pu attendre qu'il soit majeur, au moins ! Il a quoi, dix-sept ans ?

— Le problème sait qu'on n'en sait rien, papa, lâche Yoongi, une boule dans la gorge. Jimin a vécu toute sa vie dans une famille qui ne lui prêtait aucune attention... il ne sait pas calculer, lire et écrire, c'est moi qui lui ai appris ! Il n'a ni carte d'identité, ni passeport. Ses parents ne le considéraient pas comme un fils, juste comme un esclave. Son père le battait, sa mère fermait les yeux, et c'est moi qu'on accuse. Je l'ai recueilli deux fois, et les deux fois, il était dans un état pitoyable. J'ai juste voulu le rendre heureux.

Les deux hommes d'affaires gardent le silence, le regard dans le vide. Soudain, le père de famille resserre sa cravate et se relève, déterminé et les yeux fiers. Le torse bombé, il se tourne vers son fils :

Tu sais quoi, Yoongi ? Hors de question que mon fils pourrisse en prison à cause de deux salopards. Pour quand est ton passage devant le juge ? s'enquiert-il.

— Dans deux jours.

— Écoute-moi bien : je vais tout faire pour que tu sois innocenté. Parole de père. Je reviens demain, avec du thé à la framboise et à la fleur de sureau. Courage, mon fils. 

Il dépose un baiser délicat sur le front de Yoongi, et s'enfuit de la cellule, sans un regard pour les policiers qui, malheureusement, ne font que leur métier et sont très mal informés. Ces derniers referment la cellule, et quittent le couloir pour retourner dans leur bureau.

Son plan est simple : en quelques jours à peine, il est prêt à parier que son fils serait libre. Pour ça, il doit tout d'abord aller voir Jieun. Il se frotte les mains et s'installe dans sa voiture noire et brillante, avant de prendre la route vers l'appartement de Yoongi. Normalement, elle doit encore y être. Cependant, il ne voit pas vraiment l'intérêt qu'elle peut avoir dans cette histoire. Après tout, elle en a après la richesse de la famille Min, pas vrai ? Alors comment pourrait-elle y toucher si son ex-mari croupit en prison ?

Minho se gare devant l'immeuble, et se hâte de monter les escaliers ; pas le temps pour l'ascenseur. En priant sa bonne étoile, le quarantenaire abaisse la poignée de la porte et y entre avec un grand sourire. La jeune femme se relève du canapé avec un cri, et manque de s'évanouir en croisant le regard de son ex beau-père, qui se craque les articulations de ses mains, prêt à en découdre. Elle s'est toujours méfiée de ce dernier, qui ne l'a jamais portée dans son cœur. Au contraire, il l'a toujours silencieusement menacée. Il a presque explosé en apprenant que cette garce avait trompé son fils.

— Vous... murmure-t-elle, sous le choc.

Moi.

Elle recule dans un geste automatique. Elle sait que le père de Yoongi est prêt à tout, vraiment tout, lorsqu'il est question de son fils. Il peut ruiner une vie d'un simple claquement de doigt, et prendre plaisir à traîner la personne dans la boue jusqu'au bout, jusqu'à ce que cette dernière ne craque. Jieun n'est même pas certaine que Yoongi soit conscient de la dangerosité de son propre père. Certains racontent même qu'il a quelques contacts parmi les Yakuzas, au Japon...

Tu pensais vraiment que j'allais laisser une merde comme toi foutre le bordel dans la vie de mon fils sans rien faire ? ricane-t-il avec un sourire mauvais.

— Allez vous en ou j'appelle la police ! hurle la jeune femme, terrorisée.

La brune recule jusqu'à la fenêtre, presque paralysée, tandis que Minho ne cessas d'avancer, aussi provocateur que peut l'être son fils. Les Min tiennent leur sauvagerie dans leurs gênes. Ils peuvent rapidement devenir incontrôlables et indomptables, comme des tigres. Ce n'est pas pour rien que le patriarche s'est fait tatouer ce félin dans son dos.

— Appeler la police ? fait-il sur un toux doucereux. Tu es dans l'appartement de Yoongi, qui n'est plus à ton nom. Donc, tu vis ici illégalement, et je pourrais porter plainte contre toi pour violation de vie privée et de domicile. Alors tu vas poser ton cul sale sur cette chaise et m'écouter, sinon je vais me montrer vraiment méchant. 

Minho ferme la porte à clefs, et se dirige vers la femme, tremblante, qu'il a l'intention de détruire jusqu'à la moelle. Personne ne touche à son fils et à son bonheur sans en payer les conséquences.

cœurs sanglants | yoonminOù les histoires vivent. Découvrez maintenant