cœurs sanglants | yoonmin

𝖈𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝖛𝖎𝖓𝖌𝖙-𝖈𝖎𝖓𝖖

— T'as couché avec mon meilleur ami, souffle  Yoongi, sous le choc, regardant le vide.

— Je n'ai pas juste couché avec lui, je lui ai fait l'amour, c'est différent, rectifie son père.

— Argh, c'est tellement gênant. 

Yoongi enfouit son visage dans ses mains pour cacher ses rougeurs alors que Minho lâche un ricanement. Il connaît très bien pour les sentiments de son père, celui-ci ne les lui a jamais cachés, mais de là à ce qu'ils passent à l'acte... ! Désormais, il imagine son ami sous son géniteur, et dieu que c'est traumatisant pour lui. Il secoue la tête pour arrêter de penser à ça, et darde sur son paternel un regard noir, faussement énervé.

— Désolé ? glousse Minho en haussant les sourcils, un sourire en coin.

— Pour te faire pardonner, t'as intérêt à me faire sortir de là, père indigne.

C'est bien ce qu'il compte faire. Tout est préparé. Il est certain de gagner le procès.

— Hé, tu savais bien un jour ou l'autre qu'on c...  ne put s'empêcher de continuer le PDG.

— Ferme-là ! l'interrompt Yoongi en gémissant. Je ne veux pas en savoir plus. Épargne-moi les détails, par pitié.

Les deux hommes échangent un sourire en coin, avant que Yoongi ne lâche un soupir, et apporte sa tasse à ses lèvres. Il trempe ses lèvres et boit une lente gorgée, savourant le thé de son enfance. Avec mélancolie, il s'appuie un peu plus contre le mur et imagine Jimin, à ses côtés, lui tenant l'une de ses mains, et sa tête se posant sur ses cuisses. Rien de sexuel là-dedans, juste de la pure tendresse. Le brun lui manque tellement que ça lui en fait mal.

Sans qu'il ne s'en rende compte, une perle salée s'échappe de son œil droit et roule doucement sur sa pommette, avant de tomber sur le béton. Son père passe son bras musclé autour de ses épaules et l'attire à lui, se mordant les lèvres quand il sent les nombreux spasmes et entend les sanglots désespérés du plus jeune, qui tente maladroitement de les réprimer. Peine perdue. Voir son fils dans cet état lui brise le cœur, les entrailles. Il a hâte que cette horrible histoire se termine une bonne fois pour toutes.

— Arrête de pleurer, mon ange, murmure Minho, posant son menton sur son crâne.

Yoongi se calme légèrement, gardant son visage enfouit dans le cou de son géniteur, et celui-ci n'arrête pas pour autant les caresses sur le crâne, et la légère berceuse qu'il chantonne, comme lorsqu'il était enfant.

— Il me manque, gémit le vert. Papa, je pourrais pas vivre sans lui, je pourrais pas le savoir loin de moi, c'est pas possible, j'ai besoin de sa présence, de lui, de ses mains, de ses yeux, de sa douceur, de...

— Calme-toi, s'il-te-plaît, répète le deuxième. Tu aimerais que Jimin te voit dans cet état ? Je sais qu'il te manque, mais il faut que tu sois fort, d'accord ? Que tu sois fort pour vous deux.

Yoongi hoche la tête et se décolle de son père, qui lui pose un baiser sur le front. Le jeune homme passe plusieurs fois ses mains sur ses joues pour effacer les sillons de ses larmes. Ses yeux sont rouges et gonflés. Il passe les doigts dans ses cheveux tandis que le quarantenaire lui chuchote :

— Vous allez vous en sortir, ne t'inquiète pas pour ça. Ta défense est en béton, tu peux me croire.

— Merci papa. 

Minho ne répond que par un sourire tendre pour son fils. Il est désormais certain que Yoongi est fou amoureux de Jimin. Cela joue en leur faveur, même si cela ne va pas avoir une grande importance devant le juge. Mais toute chose est bonne à prendre pour défendre le plus jeune.

Jimin est debout en face du miroir de la salle de bain, nu. Il passe ses doigts sur les nombreux hématomes de son torse, sur les coupures de ses cuisses, sur ses côtes saillantes, avant de se mordre violemment la lèvre, les larmes aux yeux. Il n'arrive pas à se reconnaître dans le miroir. Son visage est si triste, si désespéré, si à bout de force...

Plus. Ce n'est pas assez. Pas encore. Ils peuvent faire pire.

Le brun est à bout de force. Ces derniers jours ont été un véritable enfer, et il se demande s'il va survivre à ce qu'il compte faire pour aider son amant.

Il baisse le regard, ne pouvant plus supporter de voir son reflet qui le dégoûte tant. Tout le poids qu'il a pris chez Yoongi s'est envolé, et son corps a retrouvé ses habituelles traces de coups. Sans rien dire, Jimin espère que Yoongi aille bien, que le lit ne soit pas trop dur et la nourriture bonne. Même s'il sait pertinemment qu'il espère pour rien, se doutant bien qu'il sûrement pas été bien accueilli pour détournement de mineur.

En silence, Jimin se lave rapidement en faisant attention à ne pas trop appuyer sur ses hématomes, et enfile une tenue décontractée. Il passe ses mains sur son visage pour se donner du courage, et descend rapidement les escaliers, déterminé. Il doit passer par là pour appuyer son témoignage. Il a fait son choix depuis plusieurs heures en pensant à Yoongi. Pas question de le laisser croupir en prison sans faire, sans rien tenter pour lui sauver la mise.

Il souffle un bon coup et se place entre son père, avachi dans son canapé miteux, et la vieille télé, avant de d'interrompre l'homme dans sa somnolence :

— T'es un connard. Un gros connard qui ne mérite pas de vivre. Tu me dégoûtes, tu passes tes journées à picoler, et t'as aucune fierté. Tu t'es regardé dans le miroir ces dernières années ? Je suis sûr que même ta mère ne te reconnaîtrait pas, tellement tu fais pitié, enfoiré. 

Jimin croise le regard neutre de son géniteur, qui sent un léger sourire étirer ses lèvres sèches. Avec lenteur, il se lève avant d'attraper violemment son fils par le cou et le soulever du sol comme s'il ne pesait rien :

— Tu me provoques, en plus ? T'aime que je te passe dessus, sale pédale ? Je vais te crever.

Sa mère les regarde sans rien dire et, comme à son habitude, se réfugie dans la cuisine. Son père lui, avec un sourire mauvais, lui donne un premier coup dans la mâchoire, ce qui l'étourdit fortement. Il tombe au sol lorsque ce dernier lâche la prise qu'il a sur son cou. Et ce n'est que le début d'un long passage à tabac.