𝖈𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝖛𝖎𝖓𝖌𝖙-𝖘𝖊𝖕𝖙

3.3K 346 23
                                    




Jimin est immédiatement pris à l'écart, dans une pièce où plusieurs personnes, notamment une psychologue d'urgence et un médecin légiste, se sont réunis. Le brun a parfaitement compris que c'est le moment où jamais, peut-être l'unique moment, d'innocenter Yoongi pour de bon. Son corps entier lui est douloureux, en dépit de la grosse dose d'antidouleurs qu'il a pris avant de venir.

— Monsieur Park, dit la psychologue d'une voix douce, avez-vous des preuves que vos parents vous maltraitent ?

La seule preuve que j'ai, c'est mon corps, murmure celui-ci, intimidé et la tête baissée. S'il-vous-plaît, appelez Yoongi.

Son aveu déclenche un blanc dans la salle. Les médecins échangent un regard, perplexes. Ce n'est pas logique que l'accusant demande l'accusé avec lui. D'ailleurs, ce n'est pas non plus habituel que la situation se renverse de cette façon. S'ils sont présents aujourd'hui, c'est pour discuter du sort de Yoongi, qui a été accusé de plusieurs choses par les parents de Jimin. Et voilà que ce dernier se met du côté de Yoongi pour porter plainte contre ses parents ?

Min Yoongi ? répète l'un d'eux, sceptique. L'accusé ?

— Oui. Hors de question que je témoigne s'il n'est pas avec moi.

Le médecin fait un signe de main, et le policier fait entrer Yoongi. Il hésite un instant avant de lui retirer les menottes, et une fois de plus, Jimin se jette dans les bras de son amant, se libérant enfin de la pression que ses géniteurs exercent sur lui depuis plusieurs jours. Le plus vieux tombe à genoux devant le deuxième, et le serre comme si sa vie en dépendait. Yoongi sanglote doucement, le visage enfoncé dans la poitrine de son amant, qui a glissé ses doigts dans ses cheveux colorés.

Yoon'... hoquète le plus jeune, tremblant.

Jiminie, murmure l'autre, dans le même état que lui.

Yoongi se relève avant de le prendre une nouvelle fois dans ses bras. Il n'arrive pas à croire qu'il peut enfin le tenir dans ses bras. Il s'écarte légèrement de lui, lui essuie les joues avec ses pouces, et dépose un long baiser sur ses lèvres pulpeuses. Ils se séparent en sursaut lorsque l'un des médecins toussote de gêne. Même si les esprits sont un peu plus ouverts qu'avant, la Corée reste tout de même un pays assez peu enclin à l'homosexualité, et les habitants demeurent tout de même gênés et perplexes face à ce comportement.

— Monsieur Park, vous devez témoigner, reprend la psychologue doucement.

Les deux jeunes hommes gardent leurs doigts liés. C'est le moment où jamais, le moment qui déterminerait le reste de sa vie.

— Tu n'as pas à avoir peur, Minie, murmure Yoongi, je suis là, maintenant.

Ils échangent un regard tendre, la main du vert posée avec douceur sur sa joue creuse. Jimin commence à se déshabiller, mal à l'aise, et le regard fuyant. Il a terriblement honte de l'état dans lequel il était. Retirer son t-shirt lui fait horriblement mal, si bien que son amant est obligé de l'aider, même s'il est profondément choqué par ce qu'il découvre. Les adultes présents dans la pièce poussent des cris d'indignation et de pitié lorsqu'ils voient l'état du torse du plus jeune, qui triture le vêtement entre ses doigts.

— Voilà ce qu'ils me font subir depuis que je suis tout petit, souffle-t-il, la tête baissée.

— Mon ange... chuchote Yoongi, les yeux larmoyants.

Il n'ose même pas imaginer tout ce qu'il a enduré durant les jours qu'il a passé chez ses géniteurs.

Yoongi enroule son bras autour de lui, faisant bien attention à tous les hématomes et les coupures qu'il possède sur son corps. Pas question que quelque le touche de nouveau. Il est prêt à se battre bec et ongle pour protéger son compagnon.

— Je suis désolé, sanglote ce dernier. Je suis dégoûtant maintenant, tu ne...

Ne dis pas de bêtises, le coupe l'autre avec douceur, prenant sa joue en coupe. Tu es tellement courageux Minie, et je suis tellement fier de toi. Tu resteras toujours le plus beau à mes yeux, et je t'aimerais toujours, alors arrêtes de t'inquiéter. 

Jimin hoche la tête, et enfouit sa tête dans le cou de son amant, ayant besoin de réconfort. Puis, le médecin légiste passe la demi-heure suivante à relever les blessures du plus jeune, se mordant les lèvres pour ne pas aller incendier ses géniteurs. Elles s'étendent sur tout son corps, et le brun fait son maximum pour ne pas paraître gêné. Après tout, ils ne sont pas là pour le juger, mais pour l'aider.

Lorsqu'ils ont finis, Yoongi exige une pause pour que le plus jeune puisse se remettre de ses fortes émotions, et tous les adultes quittent la pièce, excepté le policier, qui gêné, leur rappelle tout de même que le vert était accusé de détournement de mineur. Il s'approche et s'assoit à côté d'eux avant de se confier, à voix basse :

— Vous savez, même si je ne fais pas parti du jury ou de ceux qui ont le pouvoir de renverser la situation, je vous soutiens. De toute évidence, tes parents ont détesté le fait de que tu ne leur appartiennes plus, et ils ont décidé de se venger sur ton amant. Le seul problème, désormais, c'est que Yoongi risque d'être condamné aussi, comme tu es mineur... Jimin, sans indiscrétion, tu as quel âge ?

Jimin garde le silence et tente un sourire gêné, ne sachant pas quoi répondre. À la place, le fait qu'il triture nerveusement ses mains est une réponse assez évidente pour le policier, qui déglutit difficilement :

Tu... tu ne sais pas ?

Il attend la réponse de ce dernier, même s'il a rapidement compris qu'elle est positive. Ses mains se crispent sur ses genoux, et il refrène sa colère quant au culot de ses géniteurs.

 Je ne sais pas mon âge, comme je ne sais pas calculer, lire, écrire, l'heure ou ne serait-ce qu'une phrase... j'ai passé toute ma vie comme une sorte d'esclave, je ne faisais que le ménage, et quand lorsque mon... enfin, ce type en avait l'envie, il me rouait de coups, et ma... cette femme ne levait pas le doigt pour l'arrêter. 

— Ce que vous venez de dire peut faire pencher le Juge en votre faveur, constate le policier. Vous permettez que je dépose ce que vous venez de dire en tant que preuve contre les Park ?

Le couple échange un long regard, leurs doigts toujours liés. Jimin a remis ses vêtements et a pris de nouveaux antidouleurs, beaucoup plus efficaces que ceux qu'il a pris à sa maison, et il a rapidement senti les effets des médicaments. C'est agréable de ne plus avoir mal.

— Oui, répondent les amants d'une même voix.

De toute évidence, les nouveaux aveux du brun feront pencher la balance de leur côté. Le policier reste silencieux lorsque le plus jeune lui apprendre ce que ses géniteurs lui ont fait subir depuis sa naissance. C'est cruel, inhumain. Comment des parents peuvent-ils traiter leur enfant de cette manière ?

Son cœur se réchauffe lorsqu'il voit la proximité des deux jeunes hommes. Ils sont amoureux, de toute évidence, et il se promet qu'il fera son possible pour qu'ils ne soient pas séparés à cause du procès.

cœurs sanglants | yoonminOù les histoires vivent. Découvrez maintenant