Je refermai lentement la porte derrière moi. Des nombreuses fois où je l'avais fait, elle était de loin la plus glauque et effrayante. Dans l'entrebâillement de la porte, je pus apercevoir les visages graves et terrifiés des autres. J'espère qu'ils s'en sortiront, même si je ne devrais pas m'en préoccuper pour l'instant.
Je me retournai en direction du couloir, qui semblait devenir de plus en plus étroit et court, et je réalisai que j'étais maintenant livré à moi-même. Un éclat. Un déchainement de haine bruyant. Quelqu'u-... Quelque chose s'acharnait sur du verre, peut-être un miroir.
La Chose pouvait sortir à n'importe quel moment des deux chambres face à face. Celle de Tobio et du minus était celle de droite, mais des bruits fracassants, et presque assourdissants provenaient pourtant de celle d'Iwa et moi.
Je frissonnai. Je sentis mes cheveux se hérisser et mon corps entier frémir. Quand j'y repense, je me dis qu'il faisait farouchement froid dans cette partie de la maison. Même dans les chambres, on avait l'impression que tout était gelé.
Marchant en essayant de faire le moins de bruit possible, je me dirigeai vers la chambre à ma droite - celle des deux secondes - et tournai la poignet de la porte. Je ne savais pas ce que j'allais y trouver. Peut-être étais-je arrivé trop tard, peut-être la chose était toujours là. La sueur perlait sur mon front et même si je contrôlais la vitesse à laquelle j'ouvrais la porte, le temps me parut si long que mon coeur s'était arrêté en même temps.
Elle s'entrebâilla. Mon bras continuait de pousser la porte, mais je ne voyais rien. Il aurait très bien y avoir une bête derrière la porte ou dans la pièce que je n'aurais pas pu la voir. La lune frappa, le rideau ondula, et le vent souffla.
C'était étrange. Le faible rayon de lumière illuminait la chambre, vide. Le souffle de dehors faisait soulever le rideau gris par la fenêtre ouverte. Elle n'était d'ailleurs pas ouverte, elle était brisée. Il n'y avait pas de bouts de verre par terre, ce qui signifiait que la vitre avait été fracassée de l'intérieur.
Il y avait une ambiance malsaine, glauque et menaçante. Les branches de la forêt formaient une gigantesque ombre inquiétante qui peignait les murs entiers. Aucune trace de Tobio, il avait juste laisser un livre ouvert, dont les pages indécises s'ouvraient et se fermaient à volonté. Il avait certainement dû par la fenêtre à un moment ou à un autre.
Soudain, on tenta d'ouvrir la porte d'en face, de notre chambre. Ça semblait difficile, elle ne s'ouvrit pas immédiatement. Surpris, je rentrai dans la chambre de Tobio et refermai doucement la porte, en espérant que celle d'à coté ne m'ait pas aperçu.
Accroupi derrière l'entrée, je collai mon oreille contre le bout de bois, et essayai d'écouter ce qui se passait de l'autre coté.
Le cliquetis adverse résonna et la plancher grinça sous le poids de quelque chose qui sortit de la pièce. Puis... Plus rien. Après plusieurs secondes d'attente intense, j'entrouvris la porte et plaça mon oeil dans la fente, mais je ne vis rien. Le couloir était vide, mais néanmoins toujours aussi sinistre et inexplicablement hypnotisant.
Sortant accroupi de la chambre, je rampai, sur mes gardes, jusqu'en face du couloir. Posant tout d'abord la paume de ma main contre le bois, je le poussai le plus doucement possible, pour ne produire aucun bruit.
Je m'introduis furtivement dans la pièce, même si ma transpiration, elle, laissait de nombreuses traces. Après avoir regardé attentivement le décor, rien ne semblait avoir concrètement changé. Je me relevai donc et essuyai rapidement mes vêtements salis par la poussière.
De légers bruits, presque inaudibles arrivèrent à mes oreilles.
Je me dis que c'était simplement le vent, ou ma conscience qui me jouait des tours, mais la situation ne me rassurait pas vraiment. Les sons tempérés étaient ciblés, juste à coté de moi.
La salle de bain était censée être vide. Mais les brisements continuèrent, la Chose m'avait donc piégé. Médusé et mort de peur, je me jetai sur l'armoire derrière moi et la tirai de toute mes forces pour tenter de me faire place entre elle et le mur. Les bruits avaient cessé, ce qui n'était en rien rassurant. J'accélérai ma tâche et mon visage devenait rouge à cause de l'effort.
Quand le trou fut assez espacé pour que je puisse m'y glisser, je m'y introduisis sans hésiter. L'obscurité arrivait parfaitement à dissimuler la moitié de ma tête que je laissais dépasser afin d'observer la bête qui se trouvait près de moi.
Sentant un léger poids sur ma jambe, je détournai le regard sur mon genou, et je vis une gigantesque bête arachnide grimper dangereusement jusqu'au haut de ma cuisse à une vitesse inquiétante.
Je ne pouvais rien faire, mais je voulais très sincèrement bouger cette foutue armoire et écraser cette putain d'araignée de ma jam- La Chose était apparue sans que je la vois. J'eus envie de crier d'effroi, de peur, de surprise et de tant de choses en même temps, mais mon instinct de survie me l'interdit.
Je le vois ! Cet affreux monstre sorti des ombres ! Il se baladait de façon inquiétante, analysant la chambre dans ses moindres détails : il semblait se sentir comme chez lui, avoir déjà visité ses lieux précédemment.
Puis, son visage se tourna lentement vers moi. Le fait de ne pas pouvoir lire sur son visage était troublant et angoissant, je ne savais pas s'il m'avait vu ou si c'était simplement une coïncidence.
Mon rythme cardiaque se stoppa, il cessa tout mouvement comme ma respiration et mon corps tout entier. Mes pupilles s'aiguisèrent, le vent souffla, ma sueur coula. Une goutte s'écrasa au sol, mais je l'entendis résonner malgré tout dans ce silence torturant.
Sa tête ne bougeait pas.
Soudainement, l'horloge sonna intensément, ce qui l'obligea à casser sa position. Comme un réveil programmé à la seconde près, il se plaça droit face à la porte, resta une seconde comme ça, et entraina son pas millimétré. Il claqua presque l'entrée et la résonance de sa sortie me rendit étourdi.
Mon coeur redémarra, au quintuple. Il aurait pu lâcher tant la reprise était violente. La vue de cette hideur m'épouvanta et quelque chose se brisa en moi. Les choses ne seront plus jamais comme avant, après avoir vu ses pires cauchemars dans ce vide...
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En dehors de la maison, courant comme un damné, une ombre foula les racines denses et profondes de la gigantesque et effrayante étendue d'abris. Il se prit les pieds dans un rocher gelé par la glace, mais il ne tomba pas et continua de courir sans regarder derrière lui.
— Qu'est-ce qui se passe, bordel !?, s'écria Kageyama, continuant de s'essouffler avec de la buée s'échappant de sa bouche.
___ À suivre ___
Survivant(s) : 10
Mort(s) : 0
Les secours : Il ne viendront pas.
Bon, bon, bon, comment avez-vous trouvé ce chapitre ? Vous a-t-il fait un minimum stressé ;_ ; ?
J'espère que vous l'avez lu dans les conditions adéquates et que vous aurez quand même apprécié la lecture de ce chapitre ! Je vous souhaite bien sûr, une très bonne nuit ;)
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renaissance tome 1 : l'enfer est derrière la porte | haikyuu
Fanfiction- 𝐐𝐮𝐢 𝐞𝐬-𝐭𝐮, 𝐩𝐞𝐭𝐢𝐭𝐞 ?, demanda-t-il en se mettant à sa hauteur. Vous savez ce qui est à la fois le pire et le meilleur pour un groupe de jeunes ? Une vaste maison au beau milieu d'un domaine montagneux, et pourtant si peu accueillant. O...