𝙘𝙝𝙖𝙥𝙞𝙩𝙧𝙚 11

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Kageyama.

Je continuais de fendre ce sentier de forêt, essayant de garder mon sang froid. Ce n'était pas si dur, mon corps était glacé. Ma sueur me collait terriblement à la peau, ce qui plaquait mes cheveux contre mon crâne.

Je courais. Je courais. Dans une quelconque direction qui aurait pu me permettre de partir loin de cette maison maudite.

Les arbres apparaissaient à n'en plus pouvoir. Ils surgissaient par vague, devant moi. Encore et encore, me bouchant la vue vers l'horizon. La couleur verte chatoyante des sapins pendant la journée avait disparu. Avaient pris place les nuances sombres et monocordes. Brunes, kaki, noires. Ce genre de couleurs qu'on a l'habitude de voir chaque hiver, quand on se promène dans ce genre d'endroit.

Je faillis chuter de nombreuses fois, à force de regarder au dessus de moi. La Lune avait du mal à passer à travers les hautes branches. Elle essayait de me faire suivre un chemin. Mais, impossible de savoir si cette piste allait me mener vers mon cauchemar ou vers ma délivrance. J'avançais presque à l'aveugle, en espérant que je tienne assez longtemps pour voir le bout de cette foutue forêt.

Mais...

Ça y est, je sentais que mon souffle me lâchait. Je savais que mon endurance n'était pas à toute épreuve, mais je voulais durer encore un peu. Mon pas ralentissait peu à peu, et mes yeux ne voyaient plus rien. Non pas que je sois tombé dans les pommes, c'est simplement que plus aucune lumière ne parvenait jusqu'à moi. Mes pupilles ne transcendaient même plus ce noir profond. C'était comme si j'étais aveugle. Je ne voyais plus rien. Et c'était effrayant.

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Le pauvre jeune homme respirait difficilement l'air, humant à plein nez l'hiver. Il sentait jusqu'à ses poumons se glacer, et l'herbe frémir de la même sous ses pieds, comme son corps transpirant. Il voyait noir. Non, en fait, il ne voyait rien. Et puis, quelle est la différence ? Il était pétrifié de peur.

Les lèvres tremblantes devant ce qu'il ne voyait pas, il reculait fébrilement, à petit pas. Son pied sentit une racine se briser sous son talon. Kageyama fut surpris. Mais, il continua de reculer. Il était persuadé qu'il y avait une chose juste devant son visage. Il le voyait presque. Il sentait presque son souffle froid, qui était difficile à percevoir, la température actuelle oblige.

Il était sur le point de crier. Surtout que le souffle se rapprochait et devenait de plus en plus chaud. Kageyama avait même senti un objet pointu effleurer son front. Il sentait là, un gouffre profond, prêt à l'avaler à tout moment. Un léger fond d'écho lui parvint. Ce n'était pas une illusion. Le passeur avait parfaitement raison. La Chose était devant lui, la gueule grande ouverte.

Loin d'être cloué sur place, le seconde prit ses jambes à son cou. Il avait bien raison. S'il était resté une seconde de plus ici, Kageyama n'aurait plus eu de tête. Courir dans cette forêt était trop dangereux. Il fallait trouver des gens pour réussir à arpenter ces lieux, sans dang-... Non, plutôt dans une ambiance plus rassurante.

Sans savoir vraiment si c'était en suivant ce chemin de travers qu'il allait pouvoir trouver la maison, il courait les yeux fermés. Ah, oui. C'est vrai. Ça n'avait pas changé, c'est qu'il ne voyait toujours rien. Il fuyait, c'est tout.

La sensation de savoir que quelqu'un le suivait, l'observait de loin, aurait pu le saisir d'un coup... Le stressaient, au point où ses sens s'en trouvaient chamboulés. Kageyama avait du mal à entendre autour de lui. L'ouïe était pourtant un des seuls atout sur lequel il pouvait compter.

renaissance tome 1 : l'enfer est derrière la porte | haikyuuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant