Partie n°11: 1942

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 Chloé mit du temps à s'endormir. En sortant de la pièce sombre et sans fenêtre, elle avait constaté qu'en réalité, elle était dans une cabane de jardin, et qu'une jolie maison trônait à quelques mètres de la sortie du cabanon en bois. C'était une propriété assez grande, un grand étage posé sur un rez-de-chaussée pouvant accueillir une cinquantaine de personnes. C'était impressionnant pour Chloé de voir un si grand espace entouré de quatre murs après avoir passé un an entier dans une petite maison. Martial lui donna une chambre, et lui expliqua qu'elle pouvait aller partout sauf dans le grenier et en dehors de la propriété.

- Pourquoi je ne peux pas m'en aller ? avait-elle alors demandé.

- Tu es trop précieuse, et tu ne t'en rends pas compte. Cette guerre est une des catastrophes de notre monde, elle a forcément été marquée dans l'histoire. Si tu te souviens de ce qu'on t'a dit sur cette guerre, il y a moyen que tu nous permettes de gagner cette putain de guerre.

- Ne t'énerves pas, Martial. Calme-toi.

- Je vais te laisser finir ta nuit. Dors autant que tu veux demain matin, j'irai voir mon ami qui travail à l'usine d'armement, tu auras un travail et tu pourras nous faire passer quelques munitions de temps en temps. Demain, on réglera aussi ce problème d'habits, parce qu'être habillé comme il y a 30 ans, ça va attirer les soupçons.

- Bonne nuit, et merci pour tout.

- Ne me remercie pas encore, ce sera sans doute à moi de le faire dans quelques semaines.

Le sommeil fut dur à trouver pour la jeune femme. Son copain, Charles, était mort... Elle avait l'espoir de le retrouver, mais il avait fallu qu'il joue les héros. Martial lui ressemblait beaucoup, mais il semblait plus observateur, et semblait aussi cacher un passé lourd de secrets. Quel était ce groupe auquel il avait dit appartenir ? Le lendemain, Chloé se promit de se renseigner sur ce « chef de l'Armée Secrète ». Peut-être y avait-il quelque chose à trouver sur lui d'intéressant. Elle se dit que Louise devait être devenue une belle jeune femme, et qu'elle devait être en sécurité à la capitale. C'est sûr cette idée qu'elle ferma les yeux et se laissa glisser dans les draps, puis dans le mondes des songes.

Cela faisait longtemps que Chloé n'avait pas fait de rêves. Pourtant, cette nuit-là, elle en fit un particulièrement choquant. Elle se trouvait au milieu de cette clairière, encore et toujours cette clairière. Il faisait nuit. Elle était habillée dans une robe simple, blanche, avec de longue manches. Elle était coiffée comme elle en avait l'habitude lorsqu'elle était au collège : une longue tresse passant entre ses deux omoplates. Elle assistait à la scène comme si elle regardait un film, et elle se voyait sans pouvoir s'aider. Sa version en robe ne bougeait pas, elle ne faisait rien. Jusqu'à ce que trois silhouettes se détachent de la lisière de la forêt. Ils formaient un triangle autour d'elle. La clairière était sombre, déjà car il faisait nuit, mais aussi car la hauteur des arbres cachait le lieu de la lumière de la lune. Cependant, elle réussit à distinguer le visage des silhouettes : l'une d'elle était Charles, son amant de 1915, et l'autre, Martial Brigouleix. La troisième était un homme, grand, avec une petite moustache. Il était aussi séduisant que les deux autres hommes présents. Là-dessus, une forme grande se dessina dans le ciel. Elle n'avait ni visage, ni cheveux, juste une forme quelque peu humanoïde, sinon qu'elle avait de très longs bras. Elle se tenait au-dessus de la cimes des arbres et semblait prendre ces derniers comme appuis. Elle s'exprima d'une voix roque et aussi grave qu'un éboulement le long d'une montagne :

- Tu aimeras chacune de ces trois personnes mais aucune ne pourra passer sa vie avec toi, sauf une qui mourra dans tes bras.

Là-dessus, la créature partit d'un fou rire extrêmement effrayant. Elle agita une de ses énormes mains et les trois silhouettes foncèrent sur la Chloé en robe immaculée et avant que la Chloé spectatrice ne puisse exciser le moindre mouvement ou dire la moindre chose, elle tomba puis se réveilla en sueur dans son lit, essoufflée. Elle ne parvint pas à retrouver le sommeil après ce rêve très effrayant. En passant la tête dans l'encolure de la porte, elle vit que la maison était en effervescence et qu'une bonne dizaine de gens sortaient des portes qu'elle avait vues en montant les escaliers la veille. Elle referma la porte et se rendit compte qu'elle avait dormi dans sa robe de 1915. Elle fit rapidement un tour sur elle-même pour voir si on lui avait laissé des vêtements. Elle trouva ce qu'elle cherchait sur une chaise au à côté de son lit. « drôlement attentionné le Martial » se dit-elle.

Les Choix de Chloé [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant