Azelle avait jeté un froid dans la pièce. Ni Martial ni Chloé n'échangèrent autre chose qu'un regard jusqu'à ce que George finisse par émerger de son sommeil. Quand il vit son chef et sa petite amie posée là, il se dressa sur ses pieds et cria :
- Monsieur, une femme s'est introduite ici, il faut...
- Ne t'en fais pas George, le coupa Martial. Tout est sous contrôle, elle est partie.
Les épaules de George se décontractèrent.
- Pardonnez-moi Monsieur, je n'ai pas pus l'empêcher d'entrer, dit ce dernier d'un air penaud, il semblait vraiment affligé.
- Ne t'en fais pas George, répéta Martial. On a quelque peu parler avec cette femme et elle nous a dit que tu lui avais donné du fil à retordre. Je suis content d'avoir un bras droit comme toi.
George gonfla le torse de fierté et entreprit de réveiller ses deux camarades encore allongés sur le sol. Pendant ce temps, Chloé se pencha sur Martial.
- Je devrai aller travailler. C'est Azelle qui détermine nos emplois du temps, je pensais qu'elle pourrait me donner des heures de travail propices à ce que je prenne quelques munitions voir un obus.
Martial fit la moue.
- Tu penses que tu es capable de traverser tout Limoges, un obus dans les mains, sans que personne ne te vois ?
Chloé s'accorda quelque minutes de réflexion.
- Hm tu n'as pas tort. Il n'y aura pas moyen de passer par le fleuve ?
- Non, je ne possède aucun bateau sur la Vienne.
- Je me demande pourquoi tu possèdes tant de chose : une porte avec une serrure minuscule, du bois massif, un manoir !
Martial eut un petit rire amusé.
- Je connais des gens, dit-il avec un léger sourire. Aller, va travailler.
- A ce soir, dit-elle avant de poser un baiser sur les lèvres de son amant et de se glisser hors de la maison, comme l'avait fait Azelle quelques minutes plus tôt.
- Heinrich a raison sur un point : tu travailles bien.
Chloé avait pris son service depuis trois heures, quand elle entendit Azelle derrière elle. Elle se retourna vers la pseudo secrétaire.
- Il faut savoir mentir en temps de guerre.
- Très bonne réflexion, dit Azelle avec le même sourire carnassier que la première fois que Chloé l'avait rencontrée. Je suis venue te voir car j'ai reçu un message de Martial, il voulait que je te donne des horaires qui te permettraient de...d'emprunter des munitions dans les caisses que tu poses là-bas.
- Je vois mal Martial t'envoyer un message.
Heureusement que le bruit des machines cachaient le rire d'Azelle, sinon même Hitler à Berlin l'aurait entendue. « Cette fille est folle » ne put s'empêcher de penser Chloé.
- En effet, je l'ai déduit. Enfin... Peut-être faudrait-il que tu préviennes ton copain que depuis le toit du perron, on entend très bien les conversations.
« Mais qui est cette femme bordel, se demanda Chloé. Elle a couché trois hommes armés, et a escaladé le perron. Dans quel camp est-elle... »
- Je lui dirai, ne t'en fais pas.
- En tout cas, sache que je vais m'arranger pour que tu travailles surtout de nuit, que tu ai le temps de voler quelques munitions. Mais pas d'obus parce que Martial n'a pas de bateau.
Elle accompagna cette phrase d'un sourire diabolique avant de retourner dans son rôle de secrétaire peureuse. Chloé était maintenant persuadée, elle les avait espionné elle et Martial. Elle retourna à son travail, tout en faisant attention de glisser quelques cartouches dans les poches de sa blouse. Pendant qu'elle volait, elle ne savait pas si Azelle était vraiment dans son camp, mais elle n'avait pas vraiment le choix. Elle laissa ensuite ses pensées se tourner vers le rêve qu'elle avait fait quelques jours plus tôt : ces trois silhouettes qu'elle avait distinguées. L'une était Charles, l'autre Martial, mais qui pouvait être la dernière ? Et surtout comment Chloé en était venue à faire ce rêve ? Et cette forme énorme...Chloé avait fait nombre de cauchemars, mais elle n'avait jamais vu cette forme sombre, aux longs bras...Quand sonna l'heure de la relève, et donc de la fin de sa journée de travail, Chloé était encore plus en sueur que si elle avait passé sa journée à soulever les plus gros obus de l'usine.
Chloé ne pouvait s'empêcher de se demander où partaient les hommes de Martial la journée, et même tout le temps. Elle savait que certains dormaient dans les chambres à l'étage la nuit, mais elle savait que son copain avait au moins une vingtaine d'homme sous ses ordres, hommes qui étaient prèt à mourir pour lui sans aucun doute. Pourtant, elle n'en avait vu jusque-là que quatre plus de quelques secondes : George, André et les deux autres qu'Azelle avait assommés. En entrant dans la maison, elle tomba sur son amant, le menton posé dans sa main et les yeux perdus dans le vague.
- Salut Martial, ça allait ta journée ?
Chloé ne savait jamais comment aborder le chef de l'Armée Secrète lorsqu'elle rentrait du travail. Il semblait toujours réfléchir. Mais rien qu'en entendant sa voix, Martial sembla reconnecter avec son corps. Ses yeux vinrent se poser sur sa dulcinée et il se leva pour l'accueillir.
- Moi, on s'en fout. Que t'as dit Azelle ?
- Heu rien, enfin si, qu'elle nous avait espionné, et qu'elle organiserait mon emploi du temps pour que je travaille le soir.
Martial sembla se contracter encore plus.
- J'ai été dans l'armée tu sais. Je sais que la meilleure façon de suivre quelqu'un, c'est quand il n'y a plus personne dans les rues. Azelle n'existe pas, si elle nous trahissait, personne ne saurait que c'est de sa faute.
- Je n'y avais pas pensé, avoua Chloé.
- Normalement, on peut faire confiance à cette femme mais reste sur tes gardes dans les prochaines semaines.
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Les Choix de Chloé [Terminée]
Ficção CientíficaChloé était une étudiante tout à fait normale jusqu'à ce que la découverte d'une machine dans le garage de son père, scientifique et inventeur, ne la ramène près de cent ans en arrière, à une époque qu'elle ne connait pas, une époque dans laquelle e...