Quel plaisir de respirer cet air. On aurait dit un mélange entre l'air de 1915 et celui de 2018 : un air qui semblait pur mais dans lequel on retrouvait quelques nuances de pollution, comme quand Chloé sortait de la gare de Toulouse et se retrouvait assaillie par la puanteur de l'air. Elle posa ses yeux sur l'horizon, et fut contente de voir qu'il restait encore des champs, et qu'elle pouvait voir, depuis le perron de la maison -un euphémisme car l'habitation tenait plus du manoir que de la simple maison- que l'hôtel de ville était encore debout, avec ses arcades romanes qui semblaient éternelles. Elle vit que les ponts au sud-est de la ville étaient encore présents, enjambant la Vienne qui courait au travers de la ville. Elle descendit les marches, passa le portail qui barrait l'entrée de la propriété et s'aventura dans cette ville qui lui semblait si familière et à la fois si étrangère. Elle fut surprise de découvrir que certaines rues n'avaient pas changées et que certains bâtiments gardaient le même charme que dans l'ancien temps. Elle s'amusa à déambuler dans la ville, allant de la place Jourdan à celle de la République, passant par le parc qui longeait la rivière , et retournant à l'intérieur du magnifique hôtel de ville, dont l'intérieur avait été quelques peu rénové. Elle trouva finalement l'usine où elle devait se rendre en périphérie de la ville, à l'est, non loin de l'endroit où se trouvait la gare des bénédictins. « un choix encore mieux que celle de 1915 » pensa la jeune femme en découvrant une nouvelle fois que c'était une ancienne caserne qui avait été réhabilitée en usine. Elle se rappelait avoir visité cette usine un jour avec Charles. Elle poussa la porte et tomba sur une grande chaîne de production, des sortes de machines à kebab servaient à façonner des obus de la taille du bras de la jeune femme. Les mêmes machines servaient à fabriquer des munitions de fusils au fond du hall et servait quant à elle à faire des munitions pour des plus gros calibres. Un homme sortit alors de la pièce à la droite de la jeune femme. Il était de la même taille que Chloé et semblait très jeune. Il avait très peu de cheveux, un peu comme les militaires, et malgré ça, sa mâchoire très carrée et sa carrure digne d'un bodybuildeur amateur lui donnaient un certain charisme. Il s'avança vers Chloé, la main tendue
- Bonjour, tu dois être Chloé. Martial m'a beaucoup parlé de toi, en bien, rassure-toi.
- Vous êtes ?
- Je m'appelle René, c'est un plaisir de...travailler avec toi.
Il avait tellement insisté sur le mot que Chloé ne savait pas quoi comprendre : était-il content qu'une nouvelle recrue rejoigne la résistance locale ou est-ce qu'il trouvait la jeune femme très à son goût ?
- Du moment que je peux me rendre utile, tout me va.
- Et bien, tu vas avoir de quoi. Martial m'a dit que tu avais déjà travaillé dans une usine de munitions part le passé ?
Chloé sentit ses joues virer au rouge et elle dû se contenir pour rester dans son personnage.
- Oui. Qu'est-ce que je devrai faire ici ?
René se mit sur le côté et lui indiqua d'un geste du bras la porte d'où il était venu et lui lança un regard très insistant, comme si elle n'avait pas le choix. Chloé n'était pas le genre de femme à se laisser marcher sur les pieds, mais elle se dirigea tout de même vers la porte, qui semblait être le bureau du jeune homme. Elle passa l'entrée et se retrouva dans un simple bureau, avec une étagère au mur et une simple table posée au milieu.
- Ce n'est pas très impressionnant, j'en conviens, mais je ne suis pas ici pour impressionner les nouvelles recrues.
Il s'assit derrière son bureau, laissant Chloé debout devant lui.
- Je réponds à ta question : ce que tu as à faire ici est simple. Tu mets une des blouses de travail que je te donnerai, tu transportes des caisses de munitions de la sortie de la chaîne jusqu'à la pile que vient chercher le camion toutes les heures avant de les emmener vers la gare où ils sont emmenés là où les gens en ont besoin. Ton travail consiste à, de temps en temps, prendre quelques cartouches dans les boites, voir un obus si tu es la dernière à rester dans l'usine : je m'arrangerai à ce que ça arrive quelques fois. Comme tu peux le voir, je suis celui qui dirige tout ici, donc si je ne suis pas satisfait de ton travail...
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Les Choix de Chloé [Terminée]
Science-FictionChloé était une étudiante tout à fait normale jusqu'à ce que la découverte d'une machine dans le garage de son père, scientifique et inventeur, ne la ramène près de cent ans en arrière, à une époque qu'elle ne connait pas, une époque dans laquelle e...