Les Choix de Chloé [Terminée]

Chapitre n°21: ?

 Toujours la même sensation : une brûlure pour le moins froide, comme une morsure. Chloé n'avait même pas été choquée que le halo change de couleur, elle ne voyait rien à cause des larmes qui occupaient ses yeux. Elle s'était éveillée depuis une bonne vingtaine de minutes maintenant, mais elle ne voulait pas découvrir où elle était. En moins de deux ans, elle était tombée amoureuse de deux hommes et elle avait perdu les deux. Elle était persuadée qu'à cette époque aussi elle allait tomber amoureuse d'un homme qu'elle perdrait par la suite. Comment cela pouvait se faire ? Ce rêve.... Cette longue forme humanoïde qui lui avait prédit qu'elle aimerait trois hommes et qu'elle perdrait chacun d'eux. Elle sentait qu'elle allait tomber sur un « Charles V3 » dans cette ville, mais elle ne voulait pas le rencontrer, elle voulait rester là, mourir à force de pleurer et rien d'autre, vider tout son corps de toute l'eau qu'il contenait. Elle ne voulait aimer personne d'autre que Martial, qu'elle avait vu mourir. Georges et André étaient morts aussi. Tout était la faute d'Heinrich, cet enfoiré avait tué ses amis, et son amant. Pourquoi la vie pouvait était-elle aussi sadique et égoïste ? Elle ne laissait personne avoir une part de bonheur et quand cette part durait trop longtemps, la vie la récupérait. Seuls quelques privilégiés avaient le droit au bonheur, et souvent, ils ne le méritaient pas. La vie pouvait s'avérer tellement sadique et injuste, encore pire que les hommes parfois. Si tout ce qui arrivait à Chloé n'était que le fruit d'un destin quelconque, elle était dévastée que ce destin soit pour elle et pas pour quelqu'un d'autre. Chaque fois que quelqu'un à un problème, il se dit « pourquoi moi ? Pourquoi pas mon voisin, ou lui, ou elle ? Bref, pourquoi pas quelqu'un d'autre ? » Mais tout ceci arrivait bel et bien. Chloé avait déjà ressenti une tristesse en rêve, et elle le sentait : toute cette aventure n'en était pas un.

Après une demi-heure à se morfondre, à pleurer son amant et à pleurer, elle finit par se lever, déterminée à trouver cette troisième silhouette que lui resservait le destin. Elle ressentit même une légère excitation à l'idée de voir le visage de celui pour qui elle était là mais elle pleurait encore Martial, et une part d'elle pleurait encore Charles. Tout était confus dans la tête de la jeune femme, mais elle décida quand même de sortir de nouveau de cette clairière, qui semblait contenir encore moins d'arbre.

Chloé regarda autour d'elle, découvrant un paysage bien moins fournie que par la passé. La cime des arbres semblait plus haute, les racines plus grosses, mais certains arbres manquaient à l'appel, comme s'ils avaient disparus depuis que Chloé avait disparue de cette clairière des années plus tôt. Elle sortit de la clairière, encore triste de la perte de son amant, et elle découvrit une ville changée.

En effet, Limoges s'était pour le moins étendue et ressemblait plus à la ville que Chloé avait pu connaître dans son enfance. Des maisons s'étendaient maintenant jusqu'au pied de la colline où se situait la clairière, et allaient jusqu'à perte de vue vers le nord. La Vienne était toujours là, étendant son long manteau d'eau au travers de la ville, folâtrant sans se soucier de ce qu'il se passait entre les piliers des trois ponts au-dessus de la rivière. De sa position quelque peu en hauteur, Chloé pouvait apercevoir des bâtiments qu'elle connaissait : l'hôtel de ville se dessinait au milieu des maisons, tandis que le manoir de Martial s'imposait en limite de la ville sur la droite, non loin des berges de la Vienne. La ville était beaucoup plus imposante qu'auparavant, et semblait avoir prit du crédit, comme si elle méritait mieux le nom de « ville » que durant la première guerre mondiale, ou la seconde. C'est là que cela fit « tilt » dans la tête de Chloé : elle avait vécu durant la première et seconde guerre mondiale, elle avait armé les Alliés durant la première et aidé la résistance durant la seconde, elle était sortie avec deux hommes en deux ans, chacun étant aujourd'hui mort, elle était partie de ces deux époques par une aura de deux couleurs différentes qui apparaissaient dans une clairière en bordure de la ville. Tout ceci sentait vraiment la science-fiction.