Chapitre n°28: ?

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 Quand l'air afflua de nouveau dans ses poumons, Chloé fut prise d'une forte quinte de toux. Elle ouvrit ses yeux, embués de larmes, sur une clairière qui disposait de seulement quelques arbres, mais qui demeuraient pour le moins forts, étant donné qu'ils étaient tous vieux, presque aussi vieux que la clairière elle-même.

Où pouvait-elle bien être ? Dans une époque coincée entre 1980 et son époque à elle ? Ou bien la machine était défaillante et l'avait emmenée plus tard que 2018 ? Peut-être était-elle enfin rentrée à son année.

Cela lui semblait tellement fou, d'enfin être là où elle pouvait se repérer, là où elle connaissait les moindres recoins de sa ville. Mais quand elle pensa à ce qu'était l'époque où elle savait se repérer et connaissait les moindres recoins de sa ville, elle hésitait entre toutes les périodes qu'elle avait visitées ces quatre dernières années. Était-ce en 1915 qu'elle se sentait chez elle, dans les bras de Charles ? Ou bien était-ce en 1943, avec Martial ? A moins qu'elle ne se sente chez elle dans les années 80.

Quelle que soit la réponse, elle savait que ce n'était pas 2018. Cette année, et toutes celles qui l'avaient précédées n'était que des mois et des mois de mauvaises rencontres, de mauvaises nouvelles et de mauvaises pensées. Chloé gardait encore sur ses bras les traces de ces pensées plus qu'obscures.

Enfin, elle se décida à observer face à quoi elle se trouvait : une herbe jaunit par la force du soleil (ou bien était-ce celle de la pollution?), des fleurs belles, mais étrangement bien moins que celles offertes par Martial deux ans auparavant, le soir de Noël, et...un chemin, bordé de clôtures en bois, avec des petites flèches et des bonhommes de couleurs qui indiquaient le chemin à prendre pour telle ou telle randonnée à travers la ville.

Chloé sourit, mais c'était autant un sourire de soulagement que de déception. « Je suis chez moi » pensa-t-elle.

La jeune femme n'eut aucun mal à retrouver le chemin de la maison familiale, elle était à quelques mètres seulement de la clairière. C'est là que cela fit « tilt » dans l'esprit de Chloé : cette clairière était sur le terrain de la maison, qui comportait aussi une partie de la maison. C'était donc bien à cause de son père qu'elle en était arrivé là. En même quand, qui d'autre aurait pu installer une telle machine dans la cave de leur maison ?

Elle toqua à la porte, comme si de rien n'était, cherchant à obtenir la plus belle des réactions de son père. Malheureusement, le comportement du chercheur allait contraster avec celui qu'avait la jeune femme en tête.

- Ah bah enfin, dit-il tout en ouvrant la porte, ça fait facilement une demi-heure que je te cherche, vient à table, le repas est servi. Et au fait, j'attends toujours mes boulons !

Puis il repartit en direction de la cuisine, laissant sa fille éberluée sur le pas de la porte.

- Papa ? demanda-t-elle tout en s'avançant dans l'entrée. Tu sais que cela fait trois ans que je suis partie ?

Son père partit d'un rire franc tout en se dirigeant du four jusqu'à la table à manger avec un plat de lasagnes dans les mains ce qui n'était pas, au goût de Chloé, une très bonne idée.

- Je savais que tu étais une rigolote, mais là, tu bats des records. Comment tu pourrais être partie trois ans sans que je m'en aperçoive ?

La jeune femme décida de jouer cartes sur table.

- Peut-être grâce à la machine que tu tentes de dissimuler au fond du garage, sans doute.

Son père, à deux doigts de poser les lasagnes sur le dessous de plat s'immobilisa, comme pour réfléchir.

Les Choix de Chloé [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant