Les Choix de Chloé [Terminée]

Chapitre n°24: 1980

 Finalement, cette journée ne commençait pas si mal, du moins du point de vue de Chloé. Pierre avait eu le don de la faire rigoler ou au moins sourire tout du long de la route vers le bureau du jeune homme. En effet, il savait exactement comment lui faire plaisir, si bien que pendant quelques minutes, elle en oublia qu'elle venait de perdre l'homme qu'elle aimait, quelques heures auparavant. Du moins, c'était ce qu'elle pensait, mais son esprit était perpétuellement tourné vers Martial, et même d'une manière un peu plus lointaine, vers Charles. Tout dans l'être de Pierre lui rappelait ces deux hommes, mais elle se disait que ce n'était pas plus mal, elle aurait pu tomber sur un homme odieux, qui l'aurait laissé dormir dehors, tout en venant lui rebattre les oreilles le lendemain matin pour son retard.

Elle était plongée dans les yeux de Pierre et n'avait pas vu le temps passer, si bien qu'elle ne s'était pas rendu compte qu'ils étaient tous deux arrivés devant le bureau. Avec la lumière montante du soleil de cette belle matinée d'automne, le bâtiment semblait beaucoup plus beau et encore plus neuf.

Ils entrèrent tous deux dans le bâtiment, Pierre faisant quelques marques de galanterie à Chloé, notamment en lui tenant la porte ou en proposant de porter son gilet. Toutes ces petites attentions étaient exagérées mais elles plaisaient beaucoup à la jeune femme. Ils se retrouvèrent donc vite ensemble dans le bureau de Pierre.

- Aujourd'hui, on a pas mal de travail, merci encore pour le coup de main d'hier, vous n'étiez pas obligée.

- Si, j'aurai fait mauvaise impression sinon.

Pierre eut un petit sourire.

- En effet, mais je vous aurais quand même pris.

- Ravie de l'apprendre. Que doit-on faire ?

- Alors, on a un meurtre, un viol, un homicide involontaire et une fraude fiscale, tu veux commencer par quoi ?

Jamais Chloé n'aurait pu penser que le métier de secrétaire puisse être aussi intéressant. Elle avait toujours été attirée par les romans policiers et d'horreur, comme peuvent l'être « que ta volonté soit faite » ou encore « Ça ». Mais là, elle était actrice de sa propre histoire, elle était là pour défendre les responsables de ces crimes, ou alors essayer de prouver que c'est une autre personne. Dans le cas du meurtre, c'était dur d'avoir un avis objectif, Chloé se sentant concernée, vis-à-vis de la victime, même chose dans le cas d'un viol, mais être aussi près de la situation excitait Chloé, et cela allait être ainsi pendant plusieurs semaines.