Chapitre n°9: ?

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 Cette même clairière. Toujours cette clairière. Cette fois-ci, Chloé se réveilla sur le dos. Sa plus grande stupeur fut de constater que ses membres n'étaient pas endoloris ni par le voyage instantané qu'elle venait de faire, ni par son travail. Elle se surprit elle-même, car elle n'était même pas affolée, elle sentait, quand elle était encore en 1915, que ce jour allait arriver, qu'elle allait devoir repartir et laisser Charles et Louise seuls. Elle se redressa et jeta un coup d'œil rapide vers le ciel. Elle fut contente de reconnaître quelques constellations que Charles lui avait indiqué quand ils avaient dormis à la belle étoile, en amoureux. Charles...Plus jamais elle ne le reverrai, plus jamais elle ne serait en mesure de le retoucher, d'effleurer ses lèvres, plus rien ne se passera jamais avec cet homme dont elle ne connaissait rien un an auparavant. La tristesse l'envahit, mais contrairement à la dernière fois où une telle douleur avait parcourue son corps, un an plus tôt, elle se laissa tomber sur les genoux, pencha la tête et laissa ses larmes couler sur ses joues, jusqu'à son menton, puis tomber pour se perdre dans l'herbe. Elle ne criait pas, n'était pas en colère, elle était juste la femme la plus triste du monde. Après quelques minutes à pleurer silencieusement sous la lune qui semblait veiller sur elle, elle entreprit de trouver quelqu'un. Comme elle l'avait fait lors de son arrivée en 1914, elle se dirigea vers la lisière de la forêt. Ne voyant aucun panache de fumée à l'horizon, la jeune femme ne déduisit, avec un certain pincement à la gorge, qu'elle n'était plus à cette époque qui, à l'insu de son plein gré, avait été son époque préférée. Elle remarqua aussi que certains arbres manquaient, que des espaces étaient bien plus importants qu'avant. Elle se posta à la limite des arbres et observa cette ville. C'était la troisième version de Limoges que Chloé voyait. Elle se demanda alors dans quelle époque se trouvait-elle. Elle remarqua que le style architectural avait quelque peu évolué depuis 1915. Certains bâtiments avaient beaucoup changés, notamment l'usine de munitions, qui avait laissé place à un simple bâtiment de un étage, et qui semblait bien plus petit que ce qu'elle avait connue. Un bruit attira son attention sur sa gauche. Elle ne tourna pas la tête assez vite pour voir quelque chose. Elle ne vit qu'une petite feuille à la lumière de la lune qui voleta quelques instants avant de tomber sur le sol sans un bruit. Avant qu'elle ne se retourne pour scruter cette ville qu'elle aimait tant, elle sentit comme un bruissement dans l'air derrière elle. Avant que sa tête ne puis exciser le moindre geste, une main se plaquait sur sa bouche et une voix, qui ressemblait beaucoup à celle de son père, lui dis :

- T'es qui toi ?

- Hmm, hmmmmmm

- Si je retire ma main, tu ne crieras pas ?

Elle excisa un « oui » de la tête. L'homme retira sa main, et Chloé put enfin inspirer suffisamment d'air pour que ses poumons soient assez remplit.

- Je répète ma question, tu es qui ?

- Je m'appelle Chloé, et vous, vous êtes qui ? Comment m'avez-vous trouvée ? Et quand sommes-nous ?

- Oulala, une chose avant tout. Une seule question à la fois.

Ces deux phrases rappelèrent à Chloé le moment où Charles les lui avaient dites, posté sur sa charrette, au moment où ils n'étaient pas encore devenus intimes tous les deux. Elle ravala un sanglot et demanda à l'homme, qui se trouvait encore dans son dos :

Qui êtes-vous ?

- Je m'appelle André Delon. Que veux-tu savoir d'autre ?

- Que faisiez-vous ici ?

- J'avais pour mission de surveiller les environs.

- Mission ? Vous êtes policier ?

André parti d'un rire franc, ce qui fit froncer les sourcils à Chloé.

- Pourquoi riez-vous ?

- Je suis tout le contraire d'un policier, ou d'un militaire. Vous ne me semblez pas venir d'ici... Vos vêtements ressemblent à ceux de ma grand-mère.

- Je...

Il fallait qu'elle improvise quelque chose de plausible.

- Ma grand-mère est morte il y a quelques semaines, je voulais honorer sa mémoire. Quand-sommes nous ?

Elle se retourna vers André, et vis que son visage était peint par une profonde perplexité.

- Quand ? Comment ça ?

- Et bien en quelle année ?

- Je n'ai jamais eu une question aussi étrange. Comment ne peux-tu pas être au courant de quelle année nous sommes avec tout ce qui ce passe ? Les juifs massacrés, la Gestapo, tu n'es au courant de rien ?

-Quelle année ?

- 1942, pourquoi une telle question ?

- C'est bien ce que je craignais... ;

Une vague de tristesse emplit la jeune femme, qui au fond de son cœur, nourrissait encore l'espoir d'être en 1915, voir d'être rentrée en 2018.

- Bon, ce n'est pas le tout, mais je dois rentrer faire mon rapport, et tu vas venir avec moi.

- Je vous interdit de m'emm...

Avant que Chloé n'ait pu finir sa phrase, le jeune homme l'assommait et l'emmenait loin de cette clairière, cette même clairière. Avant qu'elle ne sombre dans l'inconscience, la jeune femme se demanda quelles aventures elle allait devoir endurer dans cette nouvelle époque...

Les Choix de Chloé [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant