ʟ'ᴀᴜ-ᴅᴇʟᴀ - ᴀᴛᴛᴀᴄᴋ_ᴏɴ_ᴛɪᴛᴀɴ&0.7 ⌜ᵗᵒᵐᵉ ²⌟

A la nuit tombée - Partie 7

Une brise glaciale ébouriffa les cheveux de Mike. Il ferma les yeux un moment, avant de les poser sur le palais où étaient rentrés Erwin et Pixis. De là où il se trouvait, en rappel sur un bâtiment une rue plus loin, il pouvait surveiller les moindres recoins environnants.

Lorsque de la fumée verte s'éleva d'une vitre brisée de l'amphithéâtre, il soupira de soulagement et tira à son tour un signal. Ils ont réussi. Il regarda ses lames couvertes de sang humain, et son nez se fronça de lui-même. Il n'avait jamais douté de leur victoire, jusqu'à ce que des élites des Brigades Centrales leur fondent dessus de manière complètement inattendue.

Son escouade et lui les avaient combattus du mieux qu'ils le pouvaient, et étaient parvenus à les repousser au prix d'efforts colossaux. Il lui semblait avoir aperçu celle de Livaï se faire également assaillir dans une allée ; mais après avoir tous pu les voir, le petit homme, Hannes et Nifa mis à part, remonter vers leur cible initiale, il avait pu se rassurer.

Seulement, à aucun moment les trois individus n'étaient revenus de cette ruelle, et cette histoire commençait à l'inquiéter. Le caporal-chef aurait dû accompagner le blond, cela faisait partie du plan. Qu'est-ce qui avait bien pu se passer pour qu'il doive lui faire faux bond ?

Après s'être précautionneusement assuré qu'aucun autre ennemi ne les menaçait, il se saisit de ses manettes de commandement. « Gelgar », apostropha-t-il. « Dirige le reste de l'escouade pendant mon absence. Je vais voir ce qu'il se trame là-bas. » Sur ce, il s'élança, zigzaguant habilement entre les murs des bâtisses de luxe.

Il se posta prudemment au-dessus de l'impasse sombre, dissimulé derrière un toit. De nombreuses striures ensanglantées entrecoupées de traces de combat brisaient la pureté de la neige qui tapissait les dalles de pierre. Il discerna alors trois corps étalés, et le choc lui coupa le souffle.

Il tenta immédiatement de se calmer. Il ne devait pas s'affoler. Même s'ils venaient de perdre le meilleur soldat que l'humanité n'ait jamais connu, doublé d'un collègue, si ce n'est d'un camarade de confiance... Non, ils avaient encore tant de choses à accomplir qu'il ne pouvait pas se permettre de flancher, pas maintenant.

Il serra les dents, le cœur serré ; au bout de quelques instants, il se retourna. Il faut que je prévienne Erwin. Livaï ne voudrait pas que sa mort soit vaine... Chacun de ses pas lui parut d'une difficulté infinie. Nous avons le devoir de lui en donner du sens, après qu'il se soit battu corps et âme pour l'humanité.

Il releva le nez vers le ciel couvert de nuages gris. Des oiseaux passèrent ; il les vit survoler le Mur sans vraiment les regarder. Les Ailes de la Liberté... Ses poings se crispèrent d'eux-mêmes. Je crois que c'était le combattant qui les portait le mieux. Non... C'est même certain.

Au bout de quelques secondes, il souffla et posa un pied dans le vide, prêt à repartir. Désormais, à nous de jouer, pensa-t-il, déterminé, en se lançant vers la vaste place blanche qui s'étalait devant le bâtiment. Une ombre passa alors sous lui ; il l'esquiva sans attendre, et dégaina ses lames en un éclair.

Un bruit cinglant retentit, mais avant qu'il n'ait pu riposter, l'assaillant se retira. « Mike », l'appela une voix qu'il reconnut immédiatement. Ses yeux s'écarquillèrent ; ce fut avec une stupeur sans égale qu'il vit le petit homme se placer en rappel sur le mur, à sa gauche, et scruter de ses yeux acérés le moindre millimètre carré des lieux où ils se trouvaient.

Sa cape, sa veste, sa chemise étaient barbouillées de sang encore frais, et son visage même en portait de nombreuses traces. Après avoir fini son inspection minutieuse des alentours, il le darda d'un regard dans lequel passa une once de stupeur.