Retrouvailles - Partie 5

65 21 15
                                    

Il tenta bien de la rattraper, mais il fut bloqué par l'adolescent qui, animé d'une rage incommensurable, fit face aux deux explorateurs avec une adresse et une hargne redoublées. Les lames se croisèrent dans un bruit cinglant qui faiblissait très vite, trop vite ; les attaques s'enchaînèrent, mais personne ne parvint à reprendre le dessus.

Je vais crever, s'époumona-t-elle intérieurement. Elle le sentait, le sol qui se rapprochait, et sa mort qui n'allait pas tarder à suivre. Bientôt retranchée dans l'aspect le plus radical de son instinct de survie, elle repéra en un coup d'œil l'arbre sur lequel elle allait s'écraser et se saisit immédiatement de la première chose qui lui vint sous la main.

Une douleur atroce lui traversa le bras. Elle l'ignora et, son cœur cognant puissamment dans sa poitrine, se balança sur la branche qu'elle venait d'attraper. Elle put enfin poser ses fesses dessus. Immédiatement, la peur revint en maître, et des tremblements violents l'assaillirent.

Ne regarde pas en bas, se répéta-t-elle en s'efforçant de lever les yeux. Elle scruta un long moment le ciel pour repérer les trois points en pleine lutte ; et, aussi mauvaise fut sa vue, elle ne put manquer le regard rouge qui se posa sur elle, et les cheveux blancs qui voletaient au gré des mouvements de son porteur.

Celui-ci abandonna subitement tout combat pour prendre de l'élan et se laisser tomber comme une pierre. Qu'est-ce qu'il fout ?! Elle vit l'un des deux autres suivre ; puis un éclair l'aveugla, suivi d'une déflagration qui lui perça les tympans.

Un titan trapu, au cheveu immaculé et à l'œil écarlate, se jeta sans attendre sur elle, la saisit entre ses doigts pâles et s'élança dans les plaines à toutes jambes. « Et merde ! » ragea le caporal-chef, à quelques mètres des herbes hautes. Il prit ses larme à revers. « Ackerman, envoie... »

Sa voix s'évanouit bientôt, recouverte par le sifflement du vent dans ses oreilles. Ce fut muette de terreur et de sidération que la jeune scientifique regarda le sol défiler sous elle à mesure que le géant galopait.

Putain... Elle serra les dents. Putain de merde... Sa poigne n'était pas très forte, mais assez pour ne pas lui permettre de bouger. Isaac... Va bien te faire foutre... Seulement, ses bras étaient libres, eux, et la frayeur qui l'avait envahie eut tôt fait d'être remplacée par une colère noire.

« Espèce de trou du cul ! » gueula-t-elle en le frappant vainement de son coude. « Lâche-moi ! Laisse-moi partir, bordel de merde ! » Il lui jeta un œil, et accéléra brutalement. Le souffle de l'adolescente se coupa.

Non ! Elle jeta un œil derrière elle ; les deux explorateurs les coursaient sur des montures, leur visage dissimulé par l'obscurité. La fureur qui s'infiltra dans tout son corps la raidit de la tête aux pieds. Je dois rester avec eux... Elle contracta les mâchoires. Je veux rester avec eux !

Elle leva de nouveau le bras, prête à cogner de plus belle alors que des larmes de rage roulaient sur sa figure. Mais le hurlement déformé que poussa le mastodonte l'arrêta net. Il augmenta encore la cadence de ses foulées jusqu'à atteindre sa vitesse maximale. Elle laissa échapper un cri, et se cramponna à son index géant.

Lorsque des masses énormes déboulèrent vers les soldats, ses paupières s'écarquillèrent. Ce connard ! Il a appelé les nouveaux titans qui traînaient ! Elle ne put qu'écouter, complètement impuissante, les ordres que jeta le plus petit et les bruits métalliques de l'équipement tridimensionnel. La distance entre eux augmentait rapidement, trop rapidement.

Au bout d'à peine cinq minutes d'une course affolée, le mastodonte ralentit, pour finir par s'arrêter sous un amont rocheux, à l'abri des regards. Sa tête dodelina, et se pendit en avant, inerte. Son corps, lui, resta accroupi. De la vapeur s'éleva de sa nuque, et l'albinos sortit.

ʟ'ᴀᴜ-ᴅᴇʟᴀ - ᴀᴛᴛᴀᴄᴋ_ᴏɴ_ᴛɪᴛᴀɴ&0.7 ⌜ᵗᵒᵐᵉ ²⌟Où les histoires vivent. Découvrez maintenant