ʟ'ᴀᴜ-ᴅᴇʟᴀ - ᴀᴛᴛᴀᴄᴋ_ᴏɴ_ᴛɪᴛᴀɴ&0.7 ⌜ᵗᵒᵐᵉ ²⌟

Vers l'inconnu et au-delà - Partie 4

« Des doigts... ? » Elle redressa ses verres sur son nez, ahurie. De la vapeur sortant de la plaie béante du colosse surgit une silhouette enragée. Livaï... ? Non... Sous le choc, elle entrouvrit les lèvres : c'était la scientifique qu'elle reconnaissait.

Des gestes sauvages avaient remplacé les usuelles attaques maladroites de cette dernière, qui tournoyait avec fulgurance et tailladait tout ce qui se dressait autour d'elle. La face tordue, le regard fou, elle chargeait sans aucune stratégie, mais avec une force redoublée.

Hansi fut incapable de réagir. Elle ne pouvait que fixer, complètement ébranlée, ce qui avait remplacé son amie et tenait en respect une créature que la pauvre lycéenne qu'elle connaissait n'aurait jamais été capable d'égratigner. Le massacre dura un long moment, et à aucune seconde ne sembla-t-elle songer à achever son adversaire.

Où est passée sa raison ? Ou plutôt... Où est passée Marion ? Le temps s'écoula sans en finir. Ce ne fut que lorsqu'une silhouette bien familière s'immisça dans ce combat époustouflant que la femme sortit de sa torpeur.

Livaï retomba agilement à terre ; il n'eut pas le temps de prononcer une syllabe que la chercheuse se rua sur lui dans une tempête de hargne. La stupeur parut le frapper de plein fouet. Mais dès que les sabres de l'autre le menacèrent, il l'arrêta net, la désarma d'un geste et l'immobilisa fermement.

« Marion. » Celle-ci se débattit furieusement, hermétique à toute raison. « Marion, regarde-moi ! » jeta-t-il. Il dut la secouer plus fort ; enfin, ses yeux écarquillés se posèrent sur lui. Lorsqu'ils rencontrèrent les siens, elle s'immobilisa, haletante, et il attendit quelques instants pour la libérer. Ses traits se décomposèrent à la seconde où elle sembla réaliser ce qu'il venait de se passer.

« Hansi », lâcha-t-il, regardant la plus petite avec sidération. « Qu'est-ce qu'il s'est passé ? C'est Henning qui a défoncé l'autre perche comme ça, hein ? » Elle secoua la tête et les rejoignit, titubante et grimaçante. « Non. C'est Marion. »

La bouche de l'homme s'entrouvrit, et il se tourna vers la châtaine. Celle-ci, à genoux, tremblant de tous ses membres, observait ses mains avec effroi. « Tu peux nous expliquer ? » articula-t-il. Ses prunelles se levèrent lentement vers lui, embrumées de quelques larmes ; son visage se secoua frénétiquement de droite à gauche.

« J'en sais rien... » murmura-t-elle, la voix rauque. « Bordel, qu'est-ce que j'ai fait... » Il se pinça l'arête du nez, pris de court. Ses mouvements étaient anormalement puissants, pensa la chef d'escouade en la scrutant. Elle a bien du avoir une montée d'adrénaline, mais est-ce que ça peut prendre de telles proportions ?

Elle secoua la tête après quelques instants de réflexion. La panique et la manœuvre tridimensionnelle ne font jamais bon ménage. Aussi fort qu'on peut être, l'adresse et l'équilibre que ça demande sont irremplaçables. Je ne me trompe donc pas, quelque chose cloche...

« Ton bras ? » Face à la question soudaine de son collègue, elle tenta de bouger son membre, pour ne récolter qu'un autre éclair de douleur. « Je crois que j'ai l'épaule déboîtée. Tu peux me la remettre ? » Il ne se fit pas prier, et remonta rapidement sur son cheval.

« Il faut se dépêcher. » Le galop de leur monture franchit la distance qui restait en moins de dix minutes. Ils s'engagèrent ensuite entre les fougères épaisses et les troncs noirs. Si l'ombre soudaine parut perturber la chercheuse, le silence qui pesait sur eux le dépassait de loin. Chaque buisson semblait le crier : l'ennemi était juste en face, prêt à en découdre.

Le moindre pas qu'ils franchirent ensuite fut affreusement lourd. Le feuillage qui les surplombait était d'une épaisseur abominable ; tout autour d'eux semblait prêt à les étouffer. Après quelques minutes de marche, le petit homme dégaina ses lames, plus alerte que jamais.