Vers l'inconnu et au-delà - Partie 5

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Un calme pesant régnait sur la forêt entourant la base. Armin, après quelques minutes de galop continu, ralentit à l'approche des murs gris et mornes. « On va bientôt laisser les chevaux », dit-il à Ymir en scrutant les alentours.

Les ordres avaient été clairs : être discrets, vifs, et efficaces dans l'élimination des gardes qui se promenaient. Aucun coup de feu ne devait être tiré, de leur camp ou de l'adversaire, ou les supérieurs de celui-ci seraient immédiatement alertés, et l'attaque échouerait lamentablement. Pour cela, il était chargé d'ordonner ses camarades issus de la 104ème Brigade d'Entraînement.

Si le nord était gardé par quatre groupes et les côtés, trois, le sud, lui, n'en comptait que deux. Le Bataillon étant posté plus bas, une offensive par le bord le plus faible aurait pu paraître judicieuse. Mais le génie d'Erwin en avait décidé autrement, et avait fractionné les effectifs pour globaliser leur coup.

C'était ainsi qu'ils se retrouvaient en équipe de deux ou trois, à la manière d'une Expédition classique. Cinq d'entre elles – dont la sienne, celle de Jean, et l'escouade rapprochée du major – allaient éliminer un maximum de surveillance.

« On les voit », informa la soldate. Le blond plissa rapidement des yeux, et repéra les trois hommes qui discutaient en contrebas, face à un bâtiment parfaitement droit et morne. Sous leurs pieds, le sol était étrangement noir et lisse : le tout était si dénué de verdure qu'il en était presque pathétique.

« On descend de cheval. » Elle obtempéra, et ils se rapprochèrent silencieusement de la bordure de la forêt.

Ils s'arrêtèrent derrière des arbres encore épais. Armin fronça les sourcils, les prunelles plantées sur les adversaires. Ils étaient trois hommes, armés, comme l'avait prédit Marion, du même engin avec lequel leur camp les avait agressés à Shiganshina. Comment allaient-ils s'en sortir, à eux deux ?

Il s'imagina se battre : immédiatement, il pinça les lèvres. Je ferais rater le plan, c'est évident. Et Ymir ne peut pas s'en charger seule... Il soupira longuement. Comment faire ? Il faudrait plus de personnes, et...

Il releva brusquement la tête. Mais bien sûr ! A leur gauche évoluaient Jean et Historia, qui, eux aussi, se retrouvaient en sous-nombre. « Ymir », murmura-t-il, « on se retire. » Elle acquiesça, le regard toutefois désapprobateur.

Une fois à l'abri des oreilles indiscrètes, elle le prit par l'épaule.

« Eh, qu'est-ce qu'il te prend à te dégonfler comme ça ? T'avais pas un plan de malade, toi, le génie ?

— On est en sous-nombre, rétorqua-t-il. Il faut qu'on rejoigne l'équipe de Jean.

— L'équipe de Jean... »

Son visage s'illumina. « On y va, alors », dit-il. Le jeune homme prit les devants : il connaissait le trajet de tous les groupes par cœur, et savait que leurs camarades devaient attaquer une escouade ennemie postée plus haut.

Les claquements du trot de leurs chevaux se firent bientôt entendre. Ils purent voir les feuillages verdoyants bouger sur leur passage ; au moment où ils arrivèrent en face, le soldat s'avança. « Jean », interpella-t-il à voix basse. Le silence se fit. Puis, quelqu'un mit pied à terre.

« Armin ? » Au travers des fougères, une tête châtain apparut. La chevelure blonde de Historia ne tarda pas à suivre.

« Qu'est-ce qu'il se passe ?

— On n'est pas assez pour planifier une attaque, chuchota-t-il. Il faut que vous nous rejoigniez pour les combattre... Ils sont trois. »

Ils réfléchirent un instant, puis hochèrent la tête. Tous se dirigèrent donc, muets comme des carpes, vers le lieu d'où venait le duo. Celui-ci aperçut une nouvelle fois les gardes, et firent signe aux autres de regarder.

Ils les étudièrent l'espace un moment. Le plus petit, paupières plissées, repéra de nouveau les troncs épais derrière lesquels ils s'étaient cachés. Ils ont une arme à distance. Nous aussi, mais on ne peut pas risquer de les rater... Il faut les prendre par surprise avec nos lames.

Un tourbillon de scénarios envahit alors son crâne. Lequel était le bon ? Lequel était le plus rigoureux, le plus sûr ? Il les étudia, un par un, à une vitesse fulgurante. Celui-là ne va pas. Ici, on ferait trop de bruit. Et là...

Son cœur rata un battement. Je l'ai ! Il se tourna vers ses amis, et leur expliqua sa stratégie. Ils écoutèrent attentivement. Puis, ils échangèrent un coup d'œil furtif.

« Je prends le gros musclé, lâcha Ymir.

— Et moi, le roux.

— Pourquoi est-ce que vous me laissez toujours le moins fort ? se plaignit Historia sans grande conviction. »

La brune la dévisagea un instant. « Sûrement à cause de ta taille », finit-elle par dire sur un ton faussement condescendant, qui lui valut un coup de poing dans l'épaule.

« A mon signal. Et... Bonne chance », déclara le chef de l'équipe. Les autres se dissimulèrent derrière les larges chênes, lames dressées et expression profondément déterminée. Armin, perché sur une branche solide, sortit de son sac une cartouche noire. Il chargea son pistolet, et tira.

La fumée se répandit au beau milieu des ennemis, qui poussèrent des cris de surprise. Les trois explorateurs s'élancèrent en un éclair. Des bruits de lutte parvinrent à ses oreilles. Le cœur battant à tout rompre, il tenta d'imaginer ce qu'il ne pouvait pas voir. Qui était en train de prendre le dessus dans ce brouillard opaque ?

Le silence tomba subitement. Il retint son souffle, plus angoissé que jamais. Ça a marché ? Dites-moi qu'ils ne sont pas morts... Les secondes passèrent comme des heures. Enfin, trois pointes se plantèrent dans le bois, et ses compagnons revinrent à leur poste, leurs manches tâchées de sang humain.

« Ils sont morts », déclara la blonde. Leur supérieur éphémère acquiesça, et s'apprêta à se retourner vers leur deuxième cible, lorsqu'un petit objet noir attira son attention.

Le choc le cloua brusquement sur place. C'était une caméra qui était placée sur le mur gris. Nom d'un chien... Ils nous voient !

Lien vers l'image : https://www.zerochan.net/1566234

ʟ'ᴀᴜ-ᴅᴇʟᴀ - ᴀᴛᴛᴀᴄᴋ_ᴏɴ_ᴛɪᴛᴀɴ&0.7 ⌜ᵗᵒᵐᵉ ²⌟Où les histoires vivent. Découvrez maintenant