𝒞𝒽𝒶𝓅𝒾𝓉𝓇𝑒 𝒮𝑒𝓅𝓉

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Nous marchons depuis presque vingt minutes et Austin n'a toujours pas ouvert la bouche. À mesure que nous nous enfonçons dans la forêt, mon agacement croit. Il n'a pas défroncé les sourcils et il marche tellement vite que j'ai du mal à le suivre ; c'est flagrant, ce n'est pas par timidité qu'il garde le silence. Au bout d'un moment, je craque :

— Tu n'as pas l'intention de me parler, c'est ça ?

— Non, répond-t-il abruptement.

Ah, très bien. Je ne relève pas.

— Où est-ce qu'on va ?

— Plus loin, là où il y a de la vraie nourriture.

Je réprime un haut-le-cœur ; je ne suis vraiment pas prête à avaler une seule goutte de sang. Malheureusement je vais devoir me faire violence si je ne veux pas avoir encore plus de problèmes dans cette école.

— Ça y est, tu daignes me parler ?

— Non, grogne-t-il.

Je soupir et lève les yeux au ciel.

— Alors pourquoi m'avoir demandé de venir avec toi ?

— Je voulais tester mon charme...

Il esquisse un sourire et je suis horrifiée. Mais quel arrogant ! Soudai, il s'arrête et je manque de le percuter.

— Qu'est-ce que...

— Tais-toi, m'intime-t-il, tu vas faire fuir toutes les proies !

Je décide d'obéir, cette fois-ci.

— Fais fonctionner tes sens. Tu sens l'odeur du sang ?

Mais comment veut-il que je sente du sang, nous somme au milieu d'une forêt ?

— Heu... non.

Il me regarde avec un sourire narquois.

— C'est parce que tu viens de commencer ta Transformation. Dans quelques mois, dès que tu seras en présence de sang, tes canines s'allongeront et tes sens s'aiguiseront. Tu n'en es pas encore là, c'est pour ça que tu n'arriveras pas à chasser aujourd'hui. Donc je ne prends pas la peine de t'apprendre.

Ce garçon est fous. Complètement lunatique. Il passe son temps à changer d'humeur ; tout à l'heure il ne voulait pas me parler et maintenant... Mais ce qu'il me raconte ne m'enchante pas vraiment.

— Quand nous nous approchons de sang, nous devenons des prédateurs, tous nos attributs d'humains se transforment pour être capable de tuer.

Je déglutis, tout cela me dégoûte. Et pourquoi est-il aussi communicatif, tout à coup ? Je ne suis pas sûre de vouloir connaître les détails, maintenant. Austin plisse les yeux comme s'il se concentrait puis, alors que je m'y attends le moins, il disparaît. Littéralement. Je tourne sur moi même en le cherchant en vain ; tout cela commence à me faire peur. Je suis au fin-fond d'une forêt et mon seule guide vient de disparaître. Je ne sais quasiment rien sur les vampires et j'ai l'impression que je ne cesserai jamais d'être surprise. Pourquoi ai-je accepté de suivre ce garçon que je ne connais pas ? Alors que mes pensées commencent à tourner en rond et la panique à m'envahir, Austin réapparaît aussi soudainement qu'il a disparu, à quelques centimètres de là où il se trouvait il y a un instant. Je sursaute. Il tient fermement un écureuil dans ses mains et il me regarde droit dans les yeux. Son regard a en effet tout d'un prédateur en pleine chasse et je sens un frisson d'effroi me parcourir le corps. Je m'apprête à faire un pas en arrière lorsque – sans me quitter des yeux – il plonge ses dents dans le cou du rongeur. Je vois les canines deux fois plus longues et plus pointus que la normal à l'instant où elles transpercent la peau de l'animal, qui pousse un couinement étranglé. Un cris m'échappe mais Austin ne lâche pas pour autant sa proie. Je suis clouée sur place, mon instinct me dit de prendre mes jambes à mon cou mais celles-ci refusent de bouger. Ses yeux accrochent les miens et les empêche de se détourner dans un regard si effrayant que je suis au bord de l'évanouissement lorsqu'il relâche enfin la pauvre bête ; elle titube un instant puis s'effondre à nos pieds. Je relève la tête, consternée, vers l'agresseur et je suis un peu soulagée que ses yeux aient retrouvé leur état normal. Bien sûr, Austin perçoit mon choc.

𝙻𝚊 𝙼𝚊𝚛𝚚𝚞𝚎 𝚍𝚎 𝚕'𝙰𝚗𝚐𝚎Où les histoires vivent. Découvrez maintenant