𝒞𝒽𝒶𝓅𝒾𝓉𝓇𝑒 𝒟𝑒𝓊𝓍

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– Je peux savoir où tu étais passée ?

Aïe. Ma mère. Elle se tient dans l'encadrement de la porte et me fusille du regard à travers le miroir. Comme ce n'est pas la première fois que je sors en douce pour voir Mia, je sais que je vais avoir des problèmes. La dernière fois, j'avais rejoint une soirée à laquelle - évidement – je n'avais pas le droit d'aller et, plus grosse honte de l'année, ma mère avait débarqué sur la piste de danse pour me ramener à la maison. Bien sûr, après cet événement, j'avais eu droit à pleins de moqueries des autres étudiants.

Là, je suis figée sur place devant le lavabo. Ma mère attend une réponse.

– Je... J'ai juste..., je balbutie.

– Non, me coupe-t-elle d'une voix glaciale, en fait, peu importent tes excuses, je sais déjà où tu es allée. Encore une fois, tu penses toujours pouvoir t'échapper pendant plusieurs heures sans que je remarque ton absence ?

– J'avais fini ma valise, je voulais juste voir Mia une dernière fois !

Mais elle ne m'écoute pas.

– Ariana, je suis franchement déçue que tu fasses toujours les même erreurs. Ça devient presque lassant et ça finit toujours de la même façon. Et nettoie immédiatement ce que tu as sur la main !

C'est l'instant de la fracture. Je ne peux plus contenir ma colère. Je jette le pot de savon qui va s'éclater sur le carrelage, à nos pieds. Toutes ces règles idiotes vont me rendre folle.

– C'est justement ce que je faisais, avant que tu viennes trouver d'autres choses à me reprocher !

Je sens que je vais regretter ces paroles au moment où la gifle part. Je vacille, pas à cause la force mais de la surprise.

– Nettoie ça et va dans ta chambre, m'ordonne-t-elle en me laissant seule dans la salle de bain, avec des morceaux de plastique à mes pieds.

La porte d'entré claque. Je grogne, allongée sur mon lit. Mon père est rentré et ça va être à son tour de me faire un sermon sur l'importance de mon éducation. En effet, quelques minutes plus tard – pendant lesquelles ma mère doit lui annoncer les faits – il m'appelle. En arrivant dans le salon, je vois que la porte de son bureau est ouverte. Je m'y rend en traînant des pieds, sûrement pour retarder le moment, mais je sens ma pression monter. Mon père est en train de sortir ses affaires de sa sacoche quand je frappe timidement à la porte. Il me fait signe de rentrer et je vais m'asseoir sur un des fauteuils en cuir noir placés devant son bureau. Cette pièce m'a toujours impressionnée. Haute de plafond, comme tout le rez-de-chaussé, elle est pourtant plus intimidante que le salon ou la cuisine. Les bibliothèques et les étagères qui montent jusqu'en haut me donnent l'impression d'être toute petite. Ce sont d'ailleurs les seules touches de couleurs. Le reste des meuble est noir ou blanc, froid, très simple et propre. Ce bureau correspond à merveille à l'homme qui l'occupe. Mon père est grand, intimidant et froid.

– Alors, Ariana, je pensais que nous étions tombés d'accord sur le fait que tu ne dérogerai plus les règles de la maison...

Je reste silencieuse. Il pose sa veste sur son siège et s'y assoit.

– Tu penses que, sous prétexte que tu as 16 ans, tu peux te réveiller à 11h, sortir de la maison sans autorisation pour aller voir tes amies et revenir avec les mains pleines de feutre ?

''Les mains pleines de feutre'', c'est un peu exagéré sachant que j'ai seulement un petit dessin dans la main droite, qui en plus n'a pas l'air d'être du feutre. Je m'efforce de me concentrer sur le reste de sa phrase pour échapper au malaise qui s'empare de moi quand je pense à la marque.

𝙻𝚊 𝙼𝚊𝚛𝚚𝚞𝚎 𝚍𝚎 𝚕'𝙰𝚗𝚐𝚎Où les histoires vivent. Découvrez maintenant