𝙻𝚊 𝙼𝚊𝚛𝚚𝚞𝚎 𝚍𝚎 𝚕'𝙰𝚗𝚐𝚎

𝒞𝒽𝒶𝓅𝒾𝓉𝓇𝑒 𝒱𝒾𝓃𝑔𝓉

— On va s'installer à un café ? propose Alicia.

Après une demi-heure de pic-nique dans un parc et une heure passée à la recherche d'un magasin vendant des robes de soirée, nous avons fait un tour dans une boutique de décoration puis nous sommes passées à la librairie. Il doit être autour de quatre heures de l'après-midi maintenant, et nous sommes épuisées comme si nous venions de terminer un 100 mètres.

— Tu bois du café ? s'étonne Rosa. C'est pas un truc de vieux, ça ?

— Non. Au contraire, les jeunes en consomment bien plus pour tenir les journées de cours fatiguantes.

Ella et Alicia débattent pour choisir le meilleur café de Jackson – car il y en a plusieurs, étonnement – et finissent par nous emmener au Sixties, le bar populaire où va la plupart des élèves de l'Institut.

— Alicia ! s'exclame Rosa avant de s'asseoir. On a oublié d'aller au supermarché chercher nos pop-corn.

— Ah oui, c'est vrai ! Les filles, on vous retrouve dans vingt minutes, restez ici.

Elles nous laissent en plan et Ella s'affale sur sa chaise, en face de moi.

— Ah bah d'accord...

Elle commande un smoothie et moi une limonade et nous sirotons en silence, trop fatiguées pour parler. Soudain, mon amie se racle la gorge et finit sa boisson en vitesse.

— Hum... j'ai oublié mon baume à lèvre au parc, il faut que j'aille le chercher, déclare-t-elle d'une voix forte.

Bizarrement, j'ai du mal à la croire.

— Vous avez l'intention de toutes vous tirer et de me laisser seule ? je plaisante.

— C'est à peu près ça, me glisse-t-elle. Je crois qu'il y a quelqu'un qui veut te parler, à deux tables derrière toi. Il n'arrête pas de te fixer.

Je tourne la tête tellement vite que mes cheveux me reviennent au visage. Quelqu'un qui me regarde et qui veut me parler... Spark, évidemment. Ella est déjà sortie et je me mets à paniquer. L'air très peu naturelle, je bois ma limonade mine de rien. C'est lorsque, à peine une minute plus tard, il se lève et vient à ma rencontre, que je manque d'avaler de travers. Nom d'une Déesse, elle avait raison. Hésitante, je lève la tête pour croiser le regard de mon professeur de Combat.

— Je savais que je pourrais te trouver ici.

— Ah ? je couine. Pourtant c'est la première fois que je viens dans ce café.

J'ai une boule au ventre et je jette un regard autour de moi à la recherche de soutiens. Par pitié, les filles, revenez ! Malheureusement, aucune de mes amies n'est rentrée.

— Je peux m'asseoir ?

Je hoche la tête mais il y a quelque chose dans le ton de sa voix qui fait ressurgir ma colère du cours de Combat de jeudi.

— C'est justement de ça dont je voulais te parler, fait-il en prenant place là où Ella était quelques minutes plus tôt.

Mince, je dois contrôler mes pensées quand il est à côté. Je fixe mes mains, mal à l'aise.

— Je suis vraiment désolé pour ce qu'il s'est passé jeudi. Crois-moi, si j'avais eu l'occasion de m'excuser plus tôt je l'aurais fait.

Je relève la tête. les excuses sincères e spontanées sont rares de nos jours. D'habitude, les gens défendent leurs certitudes sans se poser de questions.

— Mais d'un autre côté, ce que je voulais quand j'ai interdit à Rosa d'échanger de binôme avec toi fonctionné.

— Qu'est-ce que tu veux dire ?