FULLERTOWN - Tome 1 [RÉÉCRITURE]

• Chapitre 31 •

Un véritable carnage

Crampes, courbatures, hématomes, perte de voix et céphalées. Voilà ce que j'ai gagné en un jour et demi d'entrainements avec Raphaël. Très honnêtement, je ne considère plus ce play boy de première comme le plus gros connard de cette planète.

  Vous saviez qu'Austin était réellement appelé Bad Boy, et que son meilleur ami arborait fièrement le sublime surnom de Play Boy ? C'est Samantha et Lindsay qui me l'ont appris samedi soir, après mon après-midi riche en coup de poings et en atterrissage sur les fesses. Trente-six heures plus tard, mon coccyx s'en souvient encore.

  Sinon, j'ai découvert que Raphaël adorait découcher pour se taper la terre entière. Ma première nuit à la Résidence, c'était le cas, il a remis le couvert hier et, à cet instant précis, je le vois enfiler un sweatshirt dans le salon dont il relève immédiatement les manches. Ce mec est un radiateur mouvant !

—Où vas-tu ? j'ose demander alors qu'Emily et Lola sont assises en face de moi, un ordinateur devant elle.

  Oui, les prodiges aussi travaillent et c'est même fou de constater la vivacité d'esprit dont ils font preuve. Je sais pertinemment que je suis comme eux mais cela m'impressionne de voir autant de personnes comme moi dans un périmètre si restreint.

—Chez Célia. Ou peut-être Céline. À moins que ce soit Cécilia.

  Emily lève les yeux au ciel derrière moi alors que Lola se met à bouillir et, croyez-moi, quand je dis qu'elle boue, ce n'est pas qu'une métaphore.

  Je sens déjà l'air se réchauffer autour de moi.

—J'adore l'odeur du cramé, chuchote Boucle d'Or alors que Lola se tourne vers Raphaël, prête à en découdre.

—Tu restes ici, ce soir. C'est non négociable.

  L'un comme l'autre, les deux prodiges à la spécialité Feu ne semblent pas vouloir rendre les armes. Ça promet !

—Tu te prends pour ma mère ou quoi ?

—Bien sûr que non ! Je te prends pour Raphaël Sério, mon meilleur ami, alors tu vas reposer ton cul sur un tabouret et attendre que ton frangin rentre.

—Sans façon, réplique le play boy.

—Raph...

  Sa menace silencieuse transperce l'air et me fait frissonner. Je n'ai jamais vu une amitié comme celle que partage Lola, Raphaël et Austin. Je ne suis même pas sûre que ce soit humainement possible.

—Tu devrais rester Raphaël, je n'aime pas quand tu t'en vas tard le soir, poursuit Emily, en pleine déprime face au beau-gosse.

—Malheureusement pour toi Blondie, ce n'est pas toi aux commandes de cette Résidence, enchaine le play boy.

  Après deux jours à leurs côtés, je commence réellement à saisir les liens installés à la Résidence. Chacun à son rôle avec des affinités bien affirmés et un caractère très spécifique.

  Stanislas est clairement le père de cette maison et Samantha est sa petite femme. Ces deux-là se sont bien trouvés et ils veillent à notre sécurité et à notre bonne santé. Vous trouverez difficilement plus matures et accueillants que deux personnes comme elles.

  Pour ce qui est d'Emily, c'est une adolescente rebelle, agaçante, pensant avoir toujours raison, en guerre contre sa mère, demandant l'attention permanente de l'ensemble de ses colocataires mais, quoi qu'on en dise, cette petite en reste terriblement attachante.