Le reste n'est que le resteCela fait bientôt une demi-heure que les proches de la famille Moore se recueillent au cimetière, là où un cercueil sera bientôt mis en terre. Chacun d'entre nous avons déposé une rose dans la fosse, certains y ont même ajouté une larme au moment de s'exécuter.
Austin n'avait pas prévu de m'amener ici lorsqu'il m'a fait monter dans sa voiture mais peu importe, il a cédé à ma demande et je lui en suis reconnaissante.
Je ne sais pas trop pourquoi mais il a catégoriquement refusé de m'accompagner et se contente donc d'attendre la fin de la cérémonie, une centaine de mètres plus loin.
Taylor et moi restons bras dessus, bras dessous pendant tout ce temps. Je l'entends pleurer, renifler, me faire part de sa douleur au moment de me serrer dans ses bras, puis chercher un autre type de réconfort au moment de s'approcher de Noah. Ça a l'air de matcher entre eux.
La famille Layers est également présente. Matthew, Quentin et Jacob gardent la tête basse, les épaules rentrées et les respirations lentes pour ne pas céder au chagrin.
Nous finissons par nous éloigner progressivement de la scène avant que les adultes ne décident de faire de même.
— Je pense que je vais rentrer avec Noah, si ça ne te dérange pas, m'annonce timidement ma meilleure amie.
— Pas de souci, de toute façon, c'est Austin mon chauffeur.
— Austin Byson ?
— Oui, c'est compliqué.
C'est le moins qu'on puisse dire !
Suite à un faible hochement de tête, Taylor et Noah partent dans la direction opposée à la mienne, me laissant cogiter seule, sans plus personne pour m'aider à affronter le gouffre émotionnel dans lequel je m'enfonce peu à peu.
Madison est morte.
Mon amie d'enfance est morte.
Une figure emblématique d'un lycée que je n'ai pas connu s'est en allée.
À cette simple pensée, en imaginant les moments de joie qu'elle ne connaitra plus, je fonds en larme, quelques mètres avant d'atteindre l'emplacement d'Austin.
Mes pleurs se font totalement désordonnés, sans aucune fluidité. Ils m'empêchent de respirer, me broient l'abdomen, grillent chacune de mes terminaisons nerveuses. Je souffre comme je ne l'aurais jamais cru possible. Mon cœur se comprime à l'image de mes poumons ne brassant plus un brin d'air. J'étouffe.
— Putain Hailey, respire !
Austin court si vite que je ne sais même pas comment il réussit à se retrouver devant moi l'instant suivant. Il observe les alentours avant de m'emmener derrière un très large arbre contre lequel je me laisse lourdement glisser.
Mes jambes n'exercent plus leur fonction motrice. Elles coulent, exactement à mon image. Je tremble, je crie, je pleure avant de recommencer ce cycle. Ça n'a rien de glamour mais c'est bien à ça que ressemble la douleur de la tristesse. Elle n'est pas belle, elle est seulement bien trop réelle pour que notre corps l'endure.
— Je... Je n'arrive pas à... m'arrêter Austin !
En plus de ce trou béant dans la poitrine, je fais désormais face à une panique totalement inédite, comme si la peur de mourir m'accablait à mon tour. Je fais une crise. Une vraie de vraie. Celles qui m'électrisent et me détruisent de l'intérieur. Celles qui me donnent l'impression que mes organes internes lâchent les uns après les autres. Comme lorsque j'avais quatorze ans.
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FULLERTOWN - Tome 1 [RÉÉCRITURE]
Fiksi IlmiahAprès quatre années à Miami où elle n'a fait qu'être l'ombre d'elle-même, Hailey retrouve sa ville natale, Fullertown. Froide comme la glace, son adolescence est ponctuée par la douleur, l'amour et la déception. Son retour marque une délivrance face...