- Il faudra bien un jour que tu arrêtes de me détester.
Je hausse un sourcil et me tourne vers l'homme qui marche à mes côtés.
- Il faudra bien un jour que tu arrêtes de me traiter comme une moins que rien.
Il hausse les épaules et je crois voir un petit sourire se former sur ses lèvres mais mon taux d'alcoolémie cumulé à la pénombre de la rue m'empêche de pouvoir l'affirmer.
- Il y a quelque chose chez toi que j'arrive pas à discerner et ça m'énerve. Y a quelques chose qui cloche.
Je ris.
- C'est gentil ça.
Il n'ajoute rien et nous marchons dans les rues sombres. Heureusement qu'il n'avait pas trop bu et que j'avais encore un peu de notions d'orientations.
- Et c'est quoi ton nom de rappeur?
- Nekfeu.
- Pourquoi?
- On m'appelait Nek le Fennec plus jeune.
J'acquiesce.
- Et t'as quel âge?
Je suis bien trop curieuse et bavarde parfois quand j'ai bu un verre de trop.
- J'ai 25 ans.
- T'es vieux.
- C'est toi qui es jeune!
Je souris. Nous arrivons dans ma rue au bout de 20 minutes de marche et il me rattrape une énième fois lorsque je trébuche devant la porte de mon immeuble.
- Merci.
J'ouvre la porte de l'immeuble avec le code et nous montons les escaliers.
- Pour t'avoir sauvé ou pour t'avoir raccompagné?
- Les deux j'imagine.
Il sourit et je grimace en amenant une main à la tête.
- Va te coucher.
J'acquiesce et ne me demandez pas pourquoi, même si vous pouvez facilement comprendre que c'est dû à l'alcool, je lui fais un rapide câlin avant de tourner les talons et de me battre pour faire entrer la clé dans la serrure de ma porte.
- Laisse-moi le faire.
Il attrape les clés et les fait entrer dans la serrure sans aucunes difficultés. Je fronce les sourcils. Je ne croyais pas avoir bu à ce point.
- Merci, encore.
Il acquiesce et part sans un mot de plus.
J'entre dans l'appartement désert et ferme derrière moi. Je me déshabille et me jette sur mon lit.
...
Je serre sa main comme si cela pouvait l'aider et pose mes lèvres sur son front.
- Je t'aime. Plus que tout.
J'ai beau essayer de sécher mes larmes, son visage est baigné de celles-ci et le sang s'y mélange pour former une scène des plus dramatiques. Mon cœur se serre plus que jamais lorsque ses yeux perdent leur vivacité que j'ai pris l'habitude d'observer depuis ma plus tendre enfance.
- Maman. Me laisse pas seule s'il te plaît. Maman, je t'en prie.
Sa poigne se desserre et je sanglote.
- Mam.
Des points noirs et blancs couvrent peu à peu ma vue et je m'écroule sur le sol à ses côtés.
...
Je me réveille en sursaut et prends un long temps avant de récupérer une respiration normale. Je bascules mes jambes sur le côté de mon lit et attrape un plaid avant d'aller me poser sur mon balcon. J'allume mon portable ; il est à peine 5 heures du mat'.
Je souffle, j'aimerais pour une fois dormir un peu plus. J'attrape mon ordinateur et travail un devoir à rendre pendant une bonne heure avant d'aller me préparer un thé et manger un peu. Je prends ensuite ma douche, mes larmes d'épuisement se joignent à l'eau de la douche. Je suis épuisée d'être sans cesse confronté à ce jour. Épuisée de ne plus pouvoir dormir. Et épuisée de ne plus voir le bout et de ne pas être réellement heureuse depuis ce jour.
Je prends un cachet pour le mal de tête qui se trame. Je l'avais bien dit que ce n'était pas la meilleure des idées.
Lorsque je finis tout ça il est déjà 8 heures et je décide d'aller faire un tour dans Paris pour finir des croquis. Je me balade dans le Paris que j'aime le plus, celui qui est en train de se réveiller. Après un moment de marche je m'arrête sur un banc de l'avenue Foch. Je sors mes croquis et continue à sculpter les tenues qui seront mon projet final de fin d'année.
Je passe deux bonnes heures à griffonner sur mon carnet de dessin un je ne sais quoi qui pourrait enfin me satisfaire puis je me lève enfin et vais dans un café pour prendre un déca à emporter avant de rentrer chez moi.
- Eli?
Je fais volte face et fronce les sourcils quand je vois la personne devant moi.
Ken.
La personne que je m'attendais le moins à voir.
Il porte son habituelle casquette et un sweat 1995. Il est particulièrement beau aujourd'hui, je dois dire que je ne l'avais pas réellement observer auparavant et encore moins avec la lumière du jour. Je ne sais pas pourquoi mais on finit toujours par s'engueuler, il y a des moments où je voudrais vraiment l'étrangler.
Je lui souris, finalement contente de le voir.
- Tu parais surprise de me voir, j'habite aussi à Paris tu sais.
Pour la première fois il m'adresse un sourire honnête. Je continue alors la conversation :
- Tu fais quoi?
- Je suis parti du studio, j'allais rentrer chez moi. Et toi?
- Moi aussi. Enfin non j'étais pas au studio mais je rentre chez moi.
Il hoche la tête en laissant un rictus déformer ses lèvres.
- C'est parti alors.
Il me fait signe d'avancer et nous arrivons à une station de métro.
- C'est ici qu'on se sépare je présume ?
- Je te raccompagne.
Je m'étonne et ça doit probablement se voir sur mon visage puisqu'il reprend :
- Je m'assure de pouvoir te faire péter un câble la prochaine fois que tu me verras. SI tu meurs je ne pourrai pas.
- Je ne suis pas si maladroite que ça tu sais?
Il fait une mine sceptique et je souris. Nous rentrons dans la rame de métro et il s'appuie sur les portes lorsqu'elles se referment. Je sirote mon café et squatte mon portable pendant le trajet jusqu'à ce qu'on descende enfin. Il me laisse passer devant lui et nous retrouvons l'air libre.
5 minutes de plus de marche et nous arrivons devant mon immeuble.
Ken me regarde, les mains dans les poches et les pensées bien loin de l'endroit où nous sommes.
- Tu veux monter?
Son esprit semble retrouver sa place parmi nous.
- Je dois retrouver les gars chez moi.
Je hoche la tête et lui fais la bise avant de taper le code de mon immeuble et d'y entrer en faisant un dernier signe de la main.
Son comportement est bizarre parfois.
J'ai l'impression de ne rien comprendre dans son comportement alors que d'habitude j'ai de la facilité pour cerner les personnes autour de moi. Tout le monde, sauf lui.
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- A
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Comète
FanfictionPerdue, Elisabeth est une jeune fille de 21 ans qui recherche un moyen de retrouver sa joie de vivre d'autrefois disparue après un accident responsable du décès de ses parents. Une rencontre très inhabituelle va bousculer ses habitudes, ses principe...