Mensonges

Chapitre 20 - "Fuite"

Je me relève. Elle ne pourra pas sortir, les chiens seront dehors.

J'ouvre ma penderie et repousse plusieurs vêtements pour attraper la petite boîte noire cachée en dessous. Je l'ouvre. Prends le revolver. Souffle pour calmer mon pouls battant et quitte la chambre. Je glisse l'arme dans ma ceinture, sous mon pull. Si Lucy est encore ici, je n'ai aucun intérêt à la menacer ou a l'effrayer.

Lorsque j'arrive dans le hall, la porte d'entrée est grande ouverte.

- Merde.

Je cours à l'extérieur. Lucy est un peu plus loin. Elle hurle, le téléphone à la main. Son regard s'affole quand elle m'aperçoit. Les chiens l'encerclent, grondant sourdement.

- Ai piedi !

Les chiens se retournent et m'observent sans bouger. Je répète mon ordre plus fort. Ils cavalent vers moi. Lucy se met à courir dans l'autre sens. Les chiens se retournent. Ils font demi-tour.

Elle va se faire déchiqueter.

Je me remets à courir, tout en hurlant aux chiens de s'arrêter. Ils gagnent du terrain, Lucy n'est plus très loin de leurs gueules.

Putain.

Elle pousse un cri perçant quand l'un d'eux attrape le bas de sa veste. Elle ne ralentit pas, au contraire, et accélère en retirant sa veste. Elle la laisse tomber. Elle est proche du portail, maintenant. Elle ne pourra jamais sortir sans se faire attraper par les animaux.

Je hurle aux chiens de s'arrêter. Rien à faire, ils sont omnibulés par la proie qui fuit devant eux.

- Lucy !

Haletant, je vois un chien lui bondir dessus. D'un bras, elle se protège, et balance son pied pour le forcer à s'écarter. Elle l'atteint aux côtes et le chien couine. Elle est stoppée devant le portail, les chiens l'encerclent.

Je ne suis plus très loin.

Elle a le dos collé au fer forgé, incapable de se défendre contre tous ces chiens.

Je n'ai plus le choix.

Je sors mon revolver et vise l'un d'eux. Je le charge, enlève la sécurité, et presse la détente. Le chien s'effondre dans un bruit de pétard. Tous se mettent à aboyer, se désintéressant de Lucy pour se tourner vers moi. C'est tout juste si j'entends les cris de Lucy.

Essoufflé, je recharge l'arme, impassible.

- J'ai dit : ai piedi !

Les chiens semblent plus terrifiés qu'agressifs, à présent, et s'approchent de moi, la queue entre les jambes. Je range mon revolver, mais le bruit du portail qui se referme me fait relever la tête. Lucy s'est barrée. Elle court dans la rue, comme si sa vie en dépendait.

Ce qui est sûrement le cas. Je cours à sa suite.

Elle appelle quelqu'un et hurle dans le cellulaire.

- Aide moi !! Fais quelque chose, prends une bagnole, vite !

Elle arrive sur les routes plus empruntés. Plusieurs piétons se baladent paisiblement.

Pourquoi il y a tant d'activité ce soir, putain ?!

Elle bouscule plusieurs passants, suffisamment pour que je la perde de vue. De même, je cours entre les passants qui se mettent à râler.

Je ne prends pas la peine de m'excuser et cherche frénétiquement la blonde des yeux. Elle ne doit pas rentrer chez elle.

Putain, putain, putain, putain, putain.

Je refuse de réfléchir à ce que tout ça signifie. Je dois d'abord rentrer chez moi, en sécurité. Là, j'analyserai la situation. Je dois échapper à ce malade de Natsu qui me poursuit avec un putain de flingue. Merde, comment j'en suis arrivée là ?

STOP !

Je ne dois pas y penser maintenant. Putain. Je dois juste penser à m'enfuir.

Grey doit me retrouver à la maison.

Je tremble, putain.

Un bus. Prendre un bus. À pieds contre Natsu, je n'ai aucune chance. Putain.

Là. Un arrêt.

Putain, faites que Dieu soit avec moi ce soir. Pourvu qu'un bus passe vite. Avant qu'il ne me retrouve.

Putain. En voilà un. Je cours. Je grimpe dans le bus, et me baisse pour ne pas être vue à la vitre.

Oups. Trop tard. Le voilà qui court vers moi. Accélère, putain.

Ça y est. On commence à le semer. Pourvu qu'il ne puisse pas arriver à la maison avant moi.

Putain, pourvu que Papa puisse m'aider.

Je suis dans la merde, putain.

Mes doigts tremblent sur mes genoux.

Calme toi. Respire. Les yeux me piquent. Ne pleure pas.

Putain, putain, putain, putain, putain.